Le moment sera historique. Mercredi 12 octobre, 35 voitures ne produisant absolument aucune pollution s'élanceront de Fontainebleau pour rallier la Principauté en trois jours.
À 14 h, le départ d'une toute nouvelle épreuve organisée par l'Automobile club de Monaco sera donné. Son nom : le e-Rallye Monte-Carlo. Le petit frère, mais sur route, du e-Prix, ce championnat du monde de Formules électriques lancé en 2015. Peut-être l'avenir du Rallye de Monte-Carlo.
En tout cas, les 35 équipages engagés dans cette course de régularité font figure de pionniers. D'aventuriers des temps modernes. Un peu comme ceux qui s'étaient alignés au départ du premier Rallye Monte-Carlo, en 1911. « Ce sont des passionnés, commente Michel Boeri, le président de l'ACM. Ils participent à ce challenge par pur plaisir. Ils ne sont motivés que par une chose : réussir l'épreuve, arriver au bout. »
Ce qui ne sera pas aussi simple qu'il n'y paraît. Car au volant d'une voiture électrique ou à hydrogène, la gestion de sa consommation et le casse-tête de la recharge ou du ravitaillement seront au cœur de l'épreuve. Trente-cinq véhicules 100 % propres sont en lice. Vingt-neuf électriques et six à hydrogène. Les premières voitures ont une autonomie de 200 km - à l'exception d'une Zoé « gonflée » permettant de parcourir 400 km sans recharge -, les secondes de 400 km.
Vingt ans d'expérience
« Les pilotes de voitures électriques passeront plus de temps à recharger qu'à conduire », sourit Christian Tornatore, le nouveau commissaire général de l'ACM, immergé dans les véhicules à énergies alternatives depuis plus de vingt ans.
Mine de rien, l'aventure des voitures propres ne date pas d'hier pour l'ACM. Il faut remonter à 1995 pour trouver les origines de ce premier e-Rallye. L'époque du troisième choc pétrolier. « Les constructeurs français se lancent alors dans la fabrication de voitures électriques, se souvient Christian Tornatore. Nous avons aussitôt décidé de tenter l'expérience du rallye électrique. »
Cinq épreuves seront organisées autour de Monaco. Mais le peu d'autonomie de ces véhicules, de l'ordre de 80 km, se soldera par un échec commercial et l'arrêt de la production. « On participait à notre manière à la recherche dans le domaine des véhicules électriques », estime Michel Boeri.
En 2005, une sixième épreuve est organisée, avec des voitures à hydrogène. L'année suivante, tous les véhicules hybrides ou carburant aux énergies nouvelles sont intégrés à l'épreuve. Le Rallye Monte-Carlo des énergies nouvelles et le Rallye Monte-Carlo ZENN (Zero Emission - No Noise) auront perduré jusqu'à l'an dernier. Le 1er e-Rallye est la nouvelle version de ces épreuves automobiles.
Le moteur de l'ACM
En l'organisant, l'Automobile Club de Monaco fait, à nouveau, office de précurseur et scelle son engagement dans le secteur des énergies nouvelles et du développement durable. « Cette épreuve est un laboratoire de recherche, image Michel Boeri. Elle constitue un test pour les constructeurs. Jouer ce rôle est dans notre ADN. Quand on possède deux produits de luxe, le Grand Prix et le Rallye Monte-Carlo, on ne peut pas ignorer l'avenir. Quand on a organisé 74 Grands Prix et 84 Rallyes, on a besoin d'autre chose. »
Autrement dit, ce 1er e-Rallye Monte-Carlo est un peu le moteur de l'ACM, son carburant.
Cette course, ou plutôt cette épreuve de régularité, n'aura pas les allures d'un rallye au sens courant du terme. Même si les voitures emprunteront les routes du rallye WRC, lors de la troisième étape. « Un jour peut-être, nous organiserons un vrai rallye avec des voitures 100 % propres, éclaire Christian Tornatore. En 2 025 ou 2 030. »
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