Tout est parti du constat formulé par Armelle Janody, agricultrice dans la plante à parfum et présidente de l’association "Fleurs d’exception du Pays de Grasse": "Nos exploitations ont besoin d’une main-d’œuvre saisonnière qualifiée, aujourd’hui disparue. Le statut de saisonnier est précaire, peu attrayant. Et si nous trouvons du personnel, on sait qu’il ne reviendra pas l’année suivante. Or, la main-d’œuvre agricole est un maillon indispensable à la filière."
De ces difficultés de recrutement, est née l’idée d’une formation "Ouvrier agricole polyvalent". Avec trois volets: l’apprentissage des pratiques culturales des plantes à parfum, de l’oléiculture et la réfection des murs en pierre sèche.
De l’emploi toute l’année
L’objectif est double: répondre aux besoins des agriculteurs et garantir aux saisonniers de l’emploi tout au long de l’année. L’idée n’est pourtant pas neuve. "Un premier pass a été lancé en 2018, chahuté par le Covid, Pôle Emploi et quelques défauts" a rappelé Armelle Janody. Mais c’est fait: la nouvelle mouture a été lancée et présentée mardi en présence du préfet Hugues Moutouh, et du maire de Grasse, Jérôme Viaud.
Financée par France Travail, la formation qui se déroule sur quatre mois, à Grasse, a débuté lundi. Soit six semaines sur le site des Apprentis d’Auteuil, et six semaines au sein de quatre exploitations locales: Mas des Sources, Terre de Jasmin, Domaine de Manon et Aromatic FabLab.
"L’envie d’être dehors"
Une opportunité pour treize personnes en recherche d’emploi, de 18 à 61 ans, désireuses de prendre un nouveau départ dans le secteur agricole. Des vocations. À l’instar de Johannes, Grassois de 21 ans, bac en poche, qui, après des années en restauration, a envie de travailler la terre.
Et des reconversions. Comme Angélique, 42 ans: "J’ai travaillé dans la banque et la tutelle. Aujourd’hui, j’ai besoin d’être dehors. J’ai à terme le projet de m’installer pour cultiver des plantes à parfum et médicinales". Jusqu’alors dans le secteur équestre et la naturopathie, Catherine, 61 ans, se projette dans sa nouvelle aventure de saisonnière: "J’ai fait la cueillette l’an dernier, j’aime travailler en extérieur". Natif de Grasse, Pablo, 30 ans, travaillait jusqu’à présent dans les vignes du Beaujolais et en Corse. "Je souhaite me réorienter vers ma ville et l’oléiculture, avec l’intention d’avoir ma propre exploitation à long terme. Cette formation est l’opportunité de créer un nouveau réseau".
"Sans saisonniers, pas de récolte; sans récolte, pas de parfum"
L’ambition de la formation? "Constituer un vivier de saisonniers. Je crois en ce projet" a déclaré le préfet. L’enjeu est de taille, comme l’a rappelé le maire Jérôme Viaud: " Car sans saisonniers, pas de récolte, sans récolte pas de parfum. Ce pass va contribuer à sécuriser l’ensemble de la filière". Bilan? Fin juin à l’issue de l’expérimentation...
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