Tous les Monégasques n’ont pas renoué physiquement avec l’école en cette rentrée si particulière. Vous souvenez-vous de Ludmila Diato, étudiante en classe préparatoire à la prestigieuse Université Mgimo de Moscou, dont nous avions suivi le confinement sur les bords de la Moskova? Nous l’avons retrouvée à Monaco, d’où elle vient d’effectuer sa rentrée à distance, faute de pouvoir regagner la capitale moscovite.
La jeune Monégasque était parvenue à revenir au pays le 20 juin, sur un vol Aérofret. Seule contrainte avant l’embarquement, certifier sur l’honneur ne pas avoir contracté la Covid. A l’atterrissage à Nice, aucun contrôle…
Après un été entre retrouvailles familiales, sorties entre amis et un bref job à l’Office de tourisme de Monte-Carlo, elle est finalement convoquée fin août pour passer son concours d’entrée. Impossible d’aller à Moscou, les épreuves orales et écrites se feront par écrans interposés. « La légère appréhension » des résultats est gommée en trois jours. Ludmila est admise en filière Relations internationales - spécialisation énergétique. Sauf qu’aujourd’hui, Ludmila n’a toujours pas rencontré ses nouveaux camarades de classe.
Une classe scindée
« Depuis l’Union soviétique, la rentrée se fait traditionnellement le 1er septembre. Mais cette année, ils l’ont décalée au 7 septembre pour les premières années à cause du Covid. » Si les élèves russes sont en classe depuis lundi dernier, c’est depuis la maison que la minorité d’étrangers planche au quotidien. « On n’est pas mélangés avec les Russes, on a les mêmes cours et profs mais des disponibilités différentes. » Imparable avec des élèves éparpillés sur plusieurs fuseaux horaires, de Monaco au Japon, en passant par la Corée du Nord.
Rien de problématique toutefois pour Ludmila. « On prépare les cours à l’avance en Russie, il y a énormément de travail personnel à la maison. »
La difficulté prend plutôt la forme du manque de relations humaines. « C’est très bizarre parce que maintenant, tout se fait par des groupes Whatsapp notamment. J’ai toujours aimé aller à l’école, j’ai besoin de voir les gens et les rencontrer. » Sans compter la « fatigue » et la lassitude figée derrière l’écran. Bref, Ludmila a hâte de retrouver sa vie universitaire et son indépendance.
"J’étais à bout"
« J’étais déçue à la fin du confinement. Je n’avais plus cours, je restais enfermée chez moi, je ne lisais plus, ne faisais plus de sport… J’étais complètement à bout et me demandais si j’allais réussir à rentrer et voir ma famille. C’est un peu le sentiment que j’ai ces derniers jours, à savoir si je vais pouvoir retourner à Moscou. » Frustration qui pourrait s’évanouir plus rapidement que prévu. Si la Russie a passé le million de cas positifs à la Covid-19, le port du masque n’est obligatoire « que dans le métro ou la place Rouge », précise Ludmila. « L’État ne donne pas beaucoup d’informations pour ne pas faire paniquer la foule. »
Le Mgimo, en revanche, est aux petits soins et a déjà facilité les démarches avec les ambassades de ses élèves pour les rapatrier. « J’espère repartir samedi prochain. Air France a rétabli des vols Moscou-Nice et l’école nous a envoyé des documents en urgence à remplir. »
"Représenter Monaco à l’ONU, un rêve"
Une fois sur le tarmac de l’aéroport, Ludmila aura devant elle quatre années d’études réputées pour grimper en difficulté. « Sur Instagram, des montages tournent avec un “prisonnier” du Mgimo auquel on enlève crescendo les vies sociale et privée [rires]. Mais je m’attends à ça, je n’ai pas fait 3 000 km pour rien. J’ai toujours été assez déterminée et ça m’énerve quand je n’ai pas ce que je veux. Il faut que je me fixe des objectifs. »
Comme sa maman l’avait fait un temps derrière sa garde-robe, Ludmila a même adopté une Todo list sur dix ans. « Je sais que je suis devenue Monégasque (par adoption, ndlr) et que je ne suis pas née Monégasque et je dois au moins à mon pays un travail pour le représenter sur la scène internationale. Représenter Monaco à l’ONU, c’est un de mes rêves. Je vise haut et j’espère que ça suivra. »
Sur sa liste également, passer les permis voiture, moto et même planeur ! Apprendre à tirer et voyager, beaucoup voyager. En Amérique du Sud un jour, en Russie maintenant. « Mon but est de visiter toutes les régions jusqu’à la Sibérie, mais aussi le Kazakhstan ou l’Ouzbékistan. Ne pas rester dans un esprit étriqué et voir le monde. »
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