Edito

Par Lionel Paoli

Édito. L'Évangile selon Zemmour

Avant la venue à Marseille du souverain pontife, le président de "Reconquête!", qui n’a peur de rien et surtout pas du ridicule, a donné au pape une vibrionnante leçon de catholicisme.

Publié le 22/09/2023 à 07:25, mis à jour le 21/09/2023 à 17:41
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Éric Zemmour, dimanche dernier, a voulu donner au pape une leçon de catholicisme. Raté... Photo Philippe Arnassan

Entre l’extrême droite et le pape François, il y a du schisme dans l’air. Le discours pro-migrants du souverain pontife passe de plus en plus mal dans les rangs zemmouriens. Marion Maréchal, la première, a déploré le "prisme sud-américain" de l’homme en blanc qui "ne mesure pas ce à quoi nous sommes confrontés".

Plus frontal, Stéphane Ravier a fustigé "ce pape on ne peut plus politique" qui "propose d’accentuer le suicide européen par l’immigration." Et le sénateur marseillais de pontifier, avec la croix et la manière : "L’Évangile nous invite à aimer notre prochain, mais il n’est nullement précisé qu’on doit l’aimer chez nous, en France."

Éric Zemmour s’est également risqué sur le terrain théologique. Le président de "Reconquête!", qui n’a peur de rien et surtout pas du ridicule, a donné au pape une vibrionnante leçon de catholicisme. Dimanche sur BFMTV, il a cité saint Augustin – "On ne peut pas faire le bien jusqu’au mal".

Problème : aucun exégète ne connaît cette citation du philosophe et théologien romain. Jean-Marie Salamito, spécialiste de l’histoire du christianisme antique, membre associé de l’Institut d’études augustiniennes, explique dans La Croix qu’il n’a pas réussi à retrouver cette prétendue formule, "ni en français, ni en latin", ni même un concept approchant : "L’idée que l’on puisse faire du bien et aboutir à du mal ne me semble ni augustinienne ni chrétienne".

Autant de vagues qu'une tempête dans un bénitier

Le "Z" ne devrait pas être perturbé pour si peu. Face à l’armée d’historiens (1) qui a démontré l’ineptie de ses déclarations sur Pétain, "sauveur de juifs" pendant la Seconde Guerre mondiale, il a balayé tous les arguments d’une sentence imparable : "J’ai raison." L’art politique a ceci de merveilleux qu’il permet d’asséner n’importe quelle sornette avec la sérénité de l’ignorance.

Au-delà de l’écume, c’est-à-dire d’une polémique qui devrait faire autant de vagues qu’une tempête dans un bénitier, l’agacement des caciques pro-Zemmour est révélateur. Dressé devant l’autel de la démagogie, un homme de paix, rappelant au soir de sa vie que Dieu est amour, reste plus révolutionnaire et subversif que toutes les rock stars qui ont enflammé le Stade Vélodrome.

1. Notamment Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS, auteur d’une dizaine d’ouvrages sur Vichy, l’extrême droite et l’antisémitisme en France.

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