« C’est pas Gérard Majax ici ! » La phrase d’Emmanuel Macron, dégainée en plein débat de l’entre-deux tours, avait fait le buzz. Voici au moins une vérité présidentielle qui n’a pas été démentie par les faits. Non, vraiment, le chef de l’État n’a rien à voir avec le prestidigitateur niçois. D’abord parce que ce dernier parvenait toujours à créer l’illusion. Ensuite, parce qu’il dénonçait sans relâche les charlatans qui se targuaient de véritables pouvoirs magiques.
Aujourd’hui, l’hôte de l’Élysée fait plutôt songer à Garcimore. Dans les années soixante-dix, cet humoriste cathodique faisait rire les enfants en ratant la plupart de ses tours. Annonçait-il qu’un lapin allait sortir de son gibus ? Deux adorables souris bondissaient sur l’épaule de Denise Fabre ! Garcimore, toujours « décontrasté », écartait les bras et articulait avec l’accent de Dali : « Des fois cha marche, des fois cha marche pas. »
Le Président tente également de distraire les Français. De son chapeau, il n’extrait pas des mammifères, mais de magnifiques coquilles vides qu’il remplit de paroles. Pour calmer les Gilets jaunes, il a tiré de sa manche le « Grand débat ». Près de 10.000 cahiers de doléances ont été noircis. Ils dorment aujourd’hui, bien au frais, dans les archives départementales.
Maître désillusionniste
La Convention citoyenne pour le climat n’a pas été moins médiatisée. Des électeurs, tirés au sort, allaient se concerter pour préparer la transition verte. Leurs propositions devaient être traduites « sans filtre » dans la loi. Au final, 90 % d’entre elles ont dégringolé directement aux oubliettes.
Il en est allé de même pour le Conseil national de la refondation – sitôt annoncé, sitôt oublié. Et plus récemment pour les Rencontres de Saint-Denis, censées ouvrir une nouvelle ère politique, qui ont accouché… d’une souris.
Alors on peut légitimement s’interroger sur l’avenir du Conseil de planification écologique. Sept chantiers phares, goupillés par le chef de l’État, dégoupillés hier par la Première ministre, pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Un projet pharaonique avec des objectifs ambitieux qui butte – minuscule détail – sur un problème de financement : il manque 53 petits milliards d’euros pour le mettre en œuvre.
Et chacun de se demander ce que le mage de l’Élysée, maître désillusionniste, va bien pouvoir encore imaginer pour occuper ses 67 millions de spectateurs.
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