Considéré par les uns comme peu esthétique ou inapproprié à l'image d'exception que doit véhiculer la Principauté, et par d'autres comme une manne financière indispensable, le tourisme de croisière semble faire aujourd'hui l'objet d'un compromis.
Monaco se cherchait en effet une stratégie dans ce secteur qui ne fait pas l'unanimité chez les professionnels du tourisme de la place.
Les autorités, en collaboration avec la Direction du tourisme et de la Société des ports, ont décidé de baisser le nombre d'escales et de privilégier la qualité des navires qui accostent en pratiquant une politique tarifaire dissuasive visant à écarter les croisières de masse.
95% de catégories Luxe et Premium!
Le coût s'élève à 13 euros par passager en tête de ligne et à 11,50 euros en transit (contre 4,70 et 3,30 euros pour les ports des Alpes-Maritimes). Lorsque le quai est pris, le paquebot jette l'ancre devant le port de Monaco et le tarif tombe alors à 9,50 euros par passager.
Mais certains, les plus bas de gamme, n'auront droit qu'à un ralentissement du navire, et d'admirer la cité des Princes depuis le large.
En 2009, le ratio des compagnies dites de "Luxe" ou "Premium", les deux catégories les plus prestigieuses, représentaient 35% des arrivées.
Six ans plus tard, les paquebots comme SilverSea ou Seabourn, représentant le must en matière de vacances sur la mer, représentent désormais plus de 95% des escales, répartis à 54,6% pour le Luxe et 44% pour le Premium pour 216 escales, soit 235.000 passagers.
L'année 2016 voit cette stratégie s'accentuer avec une légère baisse des escales (212, soit 210.000 passagers) mais avec un taux de catégories Luxe jamais atteint de près de 57%!
Un choix assumé par tous, qui cumule les avantages économiques.
"D'une part, ces croisiéristes font vivre plus fortement l'économie monégasque en profitant du shopping, de la restauration et des casinos. De l'autre, ces compagnies de luxe ont les capacités de faire partir les passagers depuis Monaco (les têtes de ligne, NDLR) et proposent donc des nuits d'hôtels avant le départ, ce qui est doublement plus intéressant. Les autres préférant des structures comme le port de Gênes ou de Cannes, engendrant moins de frais", explique Maurizio Spinetta, p.-d.g. de l'agence de voyage monégasque Jet Travel et la filiale Web.croisières.
Passage au large pour le moyen de gamme
Mais ce professionnel du secteur, qui organise dimanche au Méridien un salon sur ce thème nuance tout de même cette stratégie: "Je pense que c'est un fantasme d'imaginer que le passager d'une croisière moyenne gamme ne dépensera pas d'argent à Monaco. Il y a toujours l'envie d'acheter un souvenir ou le besoin de prendre un taxi. Du coup, ces croisiéristes aperçoivent la Principauté seulement de loin, c'est dommage."
Quoi qu'il en soit, tous s'accordent sur la nécessité du maintien de ce tourisme en Principauté, qui apporte une manne financière non négligeable et ce, tout au long de l'année. Le chiffre exact ne sera pas divulgué mais les ports de Méditerranée occidentale ont un gâteau de 16 milliards d'euros à se partager. Et Monaco ne laissera pas sa part.
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