Il n’y aura ni vainqueur ni vaincu » avec la réforme, a affirmé Edouard Philippe dans un discours d’une heure devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese), assurant qu’il ne s’agissait pas là d’une « bataille ».
La CFDT rejoint le mouvement
Mais sitôt le plan dévoilé, la fronde syndicale a gagné une recrue de poids : la « ligne rouge est franchie », a tonné, visiblement courroucé, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, pourtant seul syndicat soutenant un système universel à points. Ses instances se sont réunies, hier après-midi, pour décider d’actions « dans les jours à venir ».
« Nous allons discuter, ma porte est ouverte, ma main est tendue », lui a répondu Edouard Philippe lors des questions des sénateurs au gouvernement.
L’âge légal restera à 62 ans, avec « un âge d’équilibre » progressivement amené à 64 ans et « un système de bonus-malus », a précisé le Premier ministre, pour qui « la seule solution est de travailler un peu plus longtemps », même si cela doit se faire « progressivement ». C’est cette mesure qui a fait bondir la CFDT, opposée à ce que soient mélangées « la nécessité d’une réforme systémique (...) et la réforme paramétrique qui demanderait aux travailleurs de travailler plus longtemps ». Laurent Escure, le dirigeant de l’Unsa, autre syndicat réformiste, a lui aussi dénoncé une « ligne rouge » avec cette « mesure d’âge », une « désagréable surprise », selon lui. La disparition des régimes spéciaux, notamment ceux de la SNCF et de la RATP, cause de la grève qui paralyse depuis le 5 décembre les transports publics, est confirmée, mais les modalités sont renvoyées à la négociation interne : « je souhaite que les présidents d’entreprises publiques engagent le dialogue avec les organisations syndicales », a dit le Premier ministre, pour qui « les garanties données » justifient que la grève « s’arrête ».
« Renforcer la grève »
C’est au contraire à « renforcer la grève » qu’a appelé Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, tandis que Bruno Poncet (SUD-Rail) « pense qu’on va dans le mur, que ça va durcir le mouvement ». A la RATP, l’Unsa (1er syndicat) a appelé à « installer la mobilisation dans la durée ». Au niveau confédéral, même rejet de la part des syndicats qui ont lancé le mouvement social. Le gouvernement « s’est moqué du monde », juge le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. FO appelle à « renforcer la mobilisation » et la FSU (premier syndicat chez les enseignants) assure que « le mécontentement et la détermination restent entiers ». « Je reste dans le camp des opposants », a déclaré de son côté François Hommeril (CFE-CGC), dénonçant une réforme « de plus en plus dangereuse ».
La CFTC appelle à la mobilisation
Hier soir la CFTC a appellé aussi à la mobilisation le 17 décembre. Les principaux syndicats policiers ont assuré ne voir « aucune avancée » dans le discours d’Edouard Philippe sur la réforme des retraites et menacent de « durcir » la mobilisation afin de conserver les conditions de leur régime spécifique.
Le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a au contraire salué « un bon équilibre entre une réforme qui est redistributive » et le fait qu’« il faut, quand c’est possible, qu’on travaille plus longtemps ».
Le projet de loi gouvernemental sera prêt « à la fin de l’année », soumis au Conseil des ministres le 22 janvier et discuté au Parlement fin février.
L’opposition de gauche comme de droite a rejeté la réforme, « injuste » pour Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Yannick Jadot (EELV). « Régressive » pour Olivier Faure (PS). Ce projet « confirme le pire » pour le PCF.
A droite, Bruneau Retailleau, chef de file des sénateurs LR « Faire croire comme le fait le gouvernement que la valeur du point ne pourra pas baisser parce qu’il sera inscrit dans la loi c’est prendre les Français pour des imbéciles ».
Marine Le Pen (RN) a déclaré que : « Jamais probablement un gouvernement n’aura présenté avec des mots aussi enjolivés une réforme aussi terrible. »
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a jugé que la réforme présentée était « une usine à gaz. »
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