Quelles perspectives économiques pour Monaco en 2017
Difficile d’accroître encore son rayonnement quand on a réalisé une année 2016 record. La Principauté de Monaco relève le défi avec ses acteurs économiques
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Propos recueillis par Christelle Lefebvre et Karine WengerPublié le 06/02/2017 à 13:27, mis à jour le 06/02/2017 à 13:28
Jean Castellini, Conseiller de Gouvernement, Ministre des Finances et de l’Économie: «Notre force est notre excédent budgétaire, qui permet d’investir.» Photo Jean-François Ottonello
Les chiffres confirment l’impression. 2016 a été un très bon cru économique à Monaco. S’il sera difficile de faire mieux, la Principauté va tenter de rester à ce niveau de performance.Vendredi, le Club de l’Eco a réuni ses forces économiques autour de Jean Castellini, conseiller de Gouvernement, ministre des Finances et de l’Économie, à la résidence du Ministre d’État, pour évoquer les perspectives de 2017.
Quel bilan tirer de 2016? Jean Castellini: A Monaco, on peut mesurer le succès d’une année à plusieurs facteurs: la dimension fiscale, le tourisme qui est l’un des marqueurs forts de notre attractivité, les créations d’entreprise. Quelle que soit la dimension, 2016 a été une très bonne année. Pour la cinquième année consécutive, nous devrions clore l’exercice budgétaire en excédent. Nous avons terminé 2016 à un niveau record de recettes et les principaux contributeurs sont les recettes fiscales comme la TVA, l’impôt sur les sociétés et les droits de mutation qui, chacun témoignent de notre vitalité.
Un chiffre significatif? Aujourd’hui, les recettes fiscales représentent à elles seules ce que les recettes totales de l’État monégasque pesaient il y a trois ans. La progression a été très forte. À tout niveau. 1.300 dossiers de création d’entreprises ont été déposés. C’est 5 % de plus que l’an dernier. Au niveau du tourisme, malgré les événements tragiques de l’été, la Principauté a très bien tiré son épingle du jeu. Le revenu moyen par chambre atteint un niveau record. L’activité congrès aussi.
Quelles perspectives pour 2017? Au budget primitif 2017, le niveau des recettes est de 5 à 6 % supérieur à celui du primitif 2016. On se situe à un niveau élevé, mais raisonnable et réaliste. La conjoncture internationale est toujours incertaine et notre capacité à diversifier notre économie est essentielle.
Un exemple? Un des projets qui me tient à cœur est la création d’un incubateur d’entreprises que l’État conçoit actuellement en partenariat avec Monaco Telecom. Il permettra d’identifier les entreprises qui innovent et de les encourager davantage. C’est le Monaco de demain que l’on prépare en diversifiant les sources de recettes, au-delà de l’industrie, du tourisme et de l’immobilier.
Un accord d’association avec l’Union européenne est en négociation. Quels en sont les enjeux? Il s’agirait de donner aux entreprises monégasques accès au marché intérieur européen. Cela réparerait une forme d’incohérence. Aujourd’hui, tous les produits et services issus de l’Union européenne sont bienvenus en Principauté, mais la réciproque n’est pas vraie. Le but est que nos entreprises, quel que soit le domaine où elles travaillent – et je pense aux hautes technologies, au médical ou au pharmaceutique – puissent exporter librement leurs produits au sein de l’Union européenne. Le secteur des produits et services financiers est aussi concerné. Il faudrait permettre à nos banques et gestionnaires de fonds de rayonner plus largement. Si un accord devait intervenir, les barrières seraient significativement réduites.
L’accessibilité à la Principauté est un levier de développement. L’aéroport de Nice et le port de Vintimille y participent? Ce sont deux investissements stratégiques et structurants. Une des chances à Monaco est d’avoir un aéroport international à vingt minutes, moins en hélicoptère, qui mise sur l’aviation d’affaires. Monaco représente 10 % du trafic et plus de 20 % du trafic affaires. Ce positionnement haut de gamme est positif pour Monaco. Comme les nouvelles liaisons directes intercontinentales. Quand on prend une participation dans un actif stratégique, c’est qu’on anticipe qu’il va se développer, qu’il y aura plus de passagers, plus de zones de commerce qui nous profite-ront en retour. Cet investissement tourne sous le sens.
Et du côté italien? Le port Hercule n’est pas extensible à l’infini. Il nous faut davantage de mouillage pour les gros bateaux et Vintimille nous offrira cette opportunité.Dans un premier temps, il faudra terminer les aménagements puis faciliter les liaisons entre Vintimille et la Principauté. Et proposer des services de niveau comparable.
Monaco est aussi dans une problématique de dernier kilomètre… C’est un frein à notre attractivité. Il faut développer les solutions alternatives. En matière ferroviaire, le challenge est d’augmenter la fréquence sur la ligne Cannes-Vintimille. Le rallongement des quais à Riquier à Nice y participera. Se posera ensuite la question de l’acquisition de rames supplémentaires par la Principauté en coopération avec la région. Salariés et entreprises en bénéficieront.
Quid du téléphérique? Celui qui se dessine est un téléphérique urbain, qui partirait du parking de dissuasion de 1800places à l’entrée ouest au niveau du jardin exotique, vers Fontvieille et sans doute dans un second temps vers le Rocher. Le tunnel descendant a capté la moitié des flux de l’ouest. Le téléphérique, c’est la même idée avec un mode de transport écologique. C’est un partenariat gagnant gagnant entre Monaco et ses entreprises qui ont recours aux salariés de l’extérieur. Nous ne pourrions développer nos entreprises sans ces personnes. Et sans le dynamisme économi-que du pays, ces personnes ne se verraient peut-être pas proposer d’emploi de même intérêt.
"Travailler la qualité"
Axel Hoppenot, SBM.Photo JFO.
"À la SBM, nous continuons de jouer notre rôle d’animation économique, artistique et touristique, en étant un aimant pour la clientèle individuelle et les groupes. Nous renforçons ce rôle par une multitude d’initiatives, en lien étroit avec les acteurs culturels et économiques. Nous sommes très impliqués dans le cluster yachting. Ces initiatives ont pour but de ramener encore plus de clientèle ici. 2017 sera une année très active, tournée vers l’innovation de produit et de service. Nous travaillons sur cette logique de faire de Monaco l’expérience de luxe la plus attractive en Europe, sur l’offre hôtelière comme le casino. Nous travaillons sur la qualité, avec des plans d’action très forts sur l’accueil et réalisons un travail de fond sur les produits. La réouverture complète de l’Hôtel de Paris et la livraison de One Monte-Carlo étant pour fin 2018. Les travaux avancent dans les temps."
"Une année très riche"
Michel Dotta, président du Monaco Economic Board.Photo JFO.
"Le MEB a enregistré en 2016 une croissance plus de 10 % de membership, aux alentours de 500. Le ministre d’État nous a chargés de coordonner et d’augmenter l’efficacité des actions des entités publiques et parapubliques à l’étranger.
Ensuite, nous nous sommes axés sur deux thèmes principaux. Fin juin, nous irons pitcher à Tel Aviv pour les inciter à découvrir les installations de l’incubateur d’entreprises.
Le MEB ira aussi au Kazakhstan, pour l’Expo 2017 Astana, il accompagnera le Prince dans une mission en Slovaquie en mai, puis à Moscou.
Pour ce qui est prospection d’investisseurs, nous développons des actions en direction de Londres. Nous avons prévu d’y rencontrer des family offices et des prescripteurs pour les enjoindre de s’installer en Principauté. Des actions sur Genève et Zürich sont également prévues.
Le MEB se rendra en avril avec le Yacht Club et la BPC auSingapore Yacht Show, le 1er en Asie. À la demande de l’ambassadeur en Chine, Catherine Fautrier, nous nous déplacerons en Chine d’autant que cette année-là, le Grimaldi Forum organisera de septembre à décembre l’exposition Monaco à la Cité interdite : princes et princesses de Monaco.
Ce devrait être un très bel outil de promotion de la Principauté. Enfin, le MEB accueillera cette année de nombreuses délégations étrangères comme le Montenegro, le Brésil, la Bosnie-Herzégovine, la Suède..."
"Faire aussi bien qu’en 2016"
Sylvie Biancheri, Grimaldi Forum.Photo JFO.
"2016 est une année record pour le Grimaldi Forum avec 17 ME de chiffre d’affaires, en hausse de près de 10 %.C’est 20 % de plus de manifestations par rapport à l’année précédente et 572, Me de retombées économiques pour la Principauté.
Pour 2017, il s’agit de faire au moins aussi bien. Je ne suis pas certaine que l’on puisse arriver à faire mieux car l’année 2016 représente seulement 10 jours d’inoccupation totale de notre bâtiment.
Cela donne une idée de l’intensité de l’activité qui a eu lieu en 2016 au Grimaldi Forum avec une bonne optimisation entre les événements culturels et les manifestations professionnelles.
L’année démarre très bien avec, dès le mois de janvier, trois grosses opérations – des congrès d’1.700 personnes. Pour les hôtels, c’est fantastique. Nous avons un taux de fidélisation très élevé de nos clients : tout va bien pour le Grimaldi Forum."
"Produire de l’énergie verte"
Thomas Battiglione, SMEG.Photo JFO.
"Pour la Smeg, 2016 a été une année très intense car le monde de la régulation d’énergie en France a profondément changé et il a fallu en transposer les nouvelles règles sur le territoire monégasque.
Un benchmark réalisé auprès de 40 distributeurs européens a montré la qualité de notre réseau de distribution.Avec 6 minutes par an, nous avons le meilleur indicateur de temps de coupure moyen.
Ce qui, au vu des chantiers et la densité des programmes urbanistiques, est une prouesse. 2016 a été la 1re année de baisse de la consommation en dépit du développement économique et de l’urbanisation grandissante.
On peut s’en féliciter même si cela paraît paradoxal pour un fournisseur d’énergie.C’est le fruit du travail mené avec les équipes du département de sensibilisation et de maîtrise de l’énergie.
2017 sera l’année de la concrétisation sur des initiatives mûries en 2016 avec les équipes gouvernementales.Nous allons nous lancer dans la production d’électricité verte, notamment photovoltaïque, sur le territoire monégasque et en France.
Côté services, nous développerons le développement des usages, de la connaissance de la consommation."
"Développer notre présence sur l’entreprise"
Michel Prost Dumont, Banque Populaire Méditerranée.Photo JFO.
"Pour la Banque populaire Méditerranée, l’année débute avec une fusion qui nous apportera plus de fonds propres et de solvabilité. Pour nos clients, c’est plus de possibilité de financement et cela rejaillira sur Monaco.
2016 a été excellente, la meilleure depuis qu’on est installé en Principauté. Il y a un an, nous y avons créé notre espace dédié aux entreprises qui compte désormais six collaborateurs et que nous souhaitons fortement développer.
Cela se traduit par davantage de financement et par une aide à l’international aux entreprises locales. Côté privés pour lesquels nous faisons du sur mesure, il faudra faire avec l’Échange automatique d’information (EAI). Depuis le 1er janvier, il contraint les banques à collecter des informations fiscales sur leurs clients.
Le leur expliquer sera mon challenge."
"Créer un incubateur d’entreprises"
Martin Peronnet, Monaco Telecom.Photo JFO.
"Nous avons fait une année 2016 record avec des résultats qui ont progressé de près de 10 %, notamment sur les activités entreprises. Parmi nos grandes priorités pour 2017, figurent la qualité du réseau mobile et le lancement, il y a deux mois, d’une nouvelle box TV-Internet-Téléphonie...
Ce qui est important pour Monaco Telecom, c’est la vitesse à laquelle nous allons équiper le parc.
Notre politique innovation se poursuit aussi avec notre activité entreprises qui représente plus des deux tiers de l’activité de Monaco Telecom : notre data center s’est considérablement rempli et les perspectives pour 2017 laissent présager une forte progression.
Nous venons aussi de démarrer un nouveau chantier qui est celui de l’incubateur à Fontvieille. Il réunit les qualités de nos deux actionnaires: l’État de Monaco parce qu’il a une vraie politique industrielle et une vision de l’avenir pour la Principauté et Xavier Niel qui est le leader des startups et de cette nouvelle économie en France.
Nous allons essayer de combiner l’ambition à moyen et long terme de la Principauté avec le talent de Xavier Niel pour dynamiser l’économie, aller chercher de nouvelles sociétés. Notre objectif pour 2017 sera d’avoir créé de nouveaux succès ici à Monaco. On vise une dizaine de sociétés la première année."
"L’ouverture d’un centre dédié à l’immobilier d’exception"
"La Caisse d’Epargne Côte d’Azur a fait une très belle année 2016 globalement et à Monaco en particulier. Pour les perspectives, nous avons un projet que nous souhaitons développer : l’ouverture d’un centre de profils dédié au financement de l’immobilier d’exception.
Pour ce faire, nous avons noué différents partenariats avec des agences de prestige, des fiscalistes et experts comptables et mis en place une chaîne de décision pour fournir un service de qualité, sur mesure afin de financer ces biens d’exception.
La Caisse d’Epargne appartenant au groupe BPCE – qui regroupe les Banques populaires, les Caisses d’Epargne et Natexis –, nous avons également noué un partenariat avec Natexis Luxembourg visant à gérer des actifs pour le BtoC.
Grâce à cela, la Caisse d’Epargne CA sera de plus en plus présente sur le BtoB et le BtoC de l’immobilier d’exception."
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