Alors que le projet de loi de la réforme des retraites poursuit son long et ardu cheminement, le Côte d’Azur Eco qui se réunit demain, mardi 21 mars à Nice, se penchera sur la place des seniors dans l’entreprise. Avec le passage progressif de 62 à 64 ans, le nombre des 55 à 64 ans en emploi augmenterait de plus de 100.000 en 2025, trois fois plus en 2030.
Dans cette optique, de nombreuses pistes sont envisagées pour les garder en activité. On parle ainsi d’un contrat fin de carrière visant à favoriser leur recrutement, de la mise en place d’un index pour les entreprises de plus de 300 salariés, de l’encouragement du passage à temps partiel dans le cadre du compte professionnel de prévention pour les salariés âgés de 60 ans et plus…
Financer le système
Pourquoi les seniors font-ils l’objet de toutes les attentions? Parce qu’ils constituent l’une des clés de voûte de la réforme. "En augmentant l’âge de départ à la retraite, on augmente mécaniquement leur taux d’emploi, explique Eric Heyer, économiste qui interviendra durant ce Côte d’Azur Eco (lire par ailleurs). Plus il y a d’emplois, plus il y aura de richesses. Cela facilitera donc le financement des retraites mais aussi celui des autres dépenses: les cotisations retraite, chômage, santé… seront stimulées. La consommation sera plus forte, ce qui induira plus de TVA, plus d’impôts sur le revenu et donc plus de recettes… Le gouvernement espère ainsi pouvoir financer le système de retraite."
Là où le bât blesse, c’est que la France est l’un des pays où la part des personnes de 60 à 64 ans qui travaille est la plus faible: 56%. A comparer aux 76,9% en Suède. Au moment de liquider ses droits à la retraite, près d’un assuré sur deux n’est déjà plus dans l’emploi.
Se pose alors la question de maintenir en poste les seniors qui travaillent et de remettre dans l’emploi ceux qui sont au chômage. Pour ce faire, "Il est nécessaire de revoir la mentalité des salariés et des entreprise." De comprendre pourquoi les dirigeants veulent s’en séparer et pourquoi les salariés d’un certain âge ne s’épanouissent plus dans leur poste. Et sur ces points précis, Eric Heyer apportera plusieurs éclairages qui permettront aux dirigeants et chefs d’entreprise de revoir leur position.
Bio express
Eric Heyer, notre expert, est docteur en sciences économiques et dirige le département analyse et prévision à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Il est également membre du Haut Conseil des Finances publiques (HCFP), organisme indépendant du Gouvernement et du Parlement placé auprès de la cour des comptes. Auteur de nombreuses publications, l’économiste travaille avec le Sénat, l’Assemblée nationale et le ministère du Travail dans l’élaboration des perspectives à moyen terme de l’économie française.
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