Reconduit fin avril à la tête de la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment), Jean-Christophe Repon, électricien toulonnais à la tête de l’entreprise créée par son père, ancien joueur professionnel de rugby, adhérent à la Capeb depuis 1995, négociateur de la réforme des retraites pour le compte de l’U2P (Union des entreprises de proximité) dont il est vice-président, a à cœur de défendre "le modèle artisanal".
Les artisans que vous représentez souffrent-ils de la crise du logement?
C’est surtout la promotion immobilière qui est impactée. 70% de nos métiers – huit au total – font de la rénovation et 30% du neuf où nous rencontrons effectivement quelques difficultés. Mais 80% du logement des années futures est existant. Donc la question est comment on permet au particulier d’accéder à la rénovation?
Ce n’est pas évident?
Aujourd’hui, ce qui porte notre activité au national, ce sont les travaux de rénovation énergétique, et le mieux-vivre à la maison, l’adaptation du logement. Mais le coût de rénovation globale d’une maison, c’est 50.000 à 60.000 €. Nous demandons l’instauration d’un prêt garanti vert à bas coût pour les particuliers ciblé sur la rénovation énergétique. Quand on achète une voiture électrique, on accède en deux clics à des financements et pour la rénovation énergétique, c’est très compliqué. Nous demandons aussi un dispositif de défiscalisation en parallèle de MaPrimeRénov’ pour les foyers plus aisés.
La flambée des prix a-t-elle fragilisé certaines entreprises?
Nous sommes la seule organisation patronale en France à avoir réagi dès 2020 en demandant un observatoire des prix et une mission parlementaire sur le sujet. Nous avons connu une hausse de 26% sur les matériaux l’an dernier et de 13% depuis le début 2023. Nos factures ont augmenté en conséquence. Ajoutez à cela la morosité ambiante...
Votre activité décroît?
Nous enregistrons en moyenne des carnets de commandes à 87jours mais nous manquons de visibilité. La Capeb porte une proposition de loi visant à permettre aux artisans de se regrouper ponctuellement pour répondre à un chantier. Nous voulons envoyer un signal fort à nos clients. Si nous ne voulons pas que le secteur tombe entre les mains de quelques grands acteurs – surtout dans le contexte où le marché du neuf se rétracte –, il faut pousser cette proposition de loi.
Le modèle artisanal est-il fragile?
40% de nos adhérents travaillent seuls, et dans la grande majorité à trois. Certains dispositifs sont trop contraignants pour les petites entreprises. Pour accéder à un marché de transition énergétique il faut monter un dossier de qualification RGE [Reconnu Garant de l'Environnement, ndlr] qui coûte 1.500€. Nous demandons à ce qu’elle soit exigée à chaque seuil de dix salariés pour que les gros ne soient pas avantagés. Nous, les artisans, ne faisons pas de superprofits, nous ne sommes pas délocalisables et nous suivons nos clients tout au long de leur vie.
Quinze propositions pour la filière
Selon la dernière note de conjoncture de la Capeb, le niveau des carnets de commandes, début avril, à 87jours de travail à venir, affiche 16jours de moins qu’en 2022.
L’actvité en entretien-amélioration permet de maintenir une progression positive ce trimestre (+0,5%) grâce aux travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements (+2%). La Capeb qui représente 545.000 entreprises, soit 96% des entreprises du bâtiment, dont 375.000 travaillant sans salarié, et 170.000 employant entre 1 et 10salariés, porte 15propositions face au gouvernement parmi lesquelles: limiter la sous-traitance à un rang pour les travaux de performance énergétique; choisir de manière aléatoire les chantiers contrôlés, à partir d’un fichier unique recensant l’ensemble des chantiers de rénovations énergétiques ou réactiver l’instance interministérielle de lutte contre la fraude...
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