Il préside l’Institut EuropIA, une association qui a pour vocation de faire connaître au plus grand nombre l’importance de l’intelligence artificielle. Dans une autre vie, l’Italien Marco Landi a aussi été l’ancien directeur monde d’Apple après être passé chez Texas Instruments.
S’il est toujours passionné par le monde du management et du business, c’est désormais l’intelligence artificielle qui le fascine, à condition qu’elle soit "éthique, responsable et soutenable", insiste-t-il. Marco Landi, qui sera ce soir l’un des experts de la soirée business du Club Business Grasse et du Club BTP Immo, œuvre pour faire de la Côte d’Azur une terre d’IA mais aussi pour mettre de l’intelligence artificielle dans votre entreprise.
À quoi sert l’intelligence artificielle dans une entreprise?
Tout d’abord, il ne faut pas faire d’amalgame entre l’IA et la transformation numérique des entreprises qui rentre dans tout le process de l’organisation: de la formation des collaborateurs à la fabrication des produits en passant par la relation avec les clients. L’intelligence artificielle, elle, apporte une valeur plus importante à la transformation digitale car elle valorise les données qui constituent un trésor inestimable et souvent ignoré des dirigeants. Savoir combien d’articles sont commandés par un client, à quelle fréquence…
Si elles sont bien exploitées par un data scientist ou data analyst qui développera un algorithme, ces data vont permettre de déterminer des tendances sur lesquelles le chef d’entreprise pourra s’appuyer pour inventer de nouveaux services. Pour son business mais aussi pour ses clients. L’intelligence artificielle enrichit l’offre de services.
Il ne faut pas
perdre la bataille
des plateformes industrielles.
C’est une façon de se démarquer de la concurrence…
Tout à fait, et c’est primordial. Face à la Chine et aux États-Unis, l’Europe a perdu la bataille des plateformes commerciales comme Amazon, Ali Baba, Tencent… En revanche, elle ne doit pas perdre celle des plateformes industrielles. Une entreprise qui vend des machines à ses clients peut également lui proposer des services comme la maintenance prédictive ; c’est ce qui, par exemple, lui permettra de se démarquer des Chinois dont les prix sont plus compétitifs.
Comment l’IA peut-elle être mise en place?
À l’institut EuropIA, on part du principe que c’est un changement culturel et que l’impulsion doit venir du sommet. On propose donc aux dirigeants des formations – appelées PedagogIA – durant lesquelles on les acculture. On ne leur parle pas de deep learning ni de machine learning mais on leur fait comprendre l’importance des data.
Vous œuvrez aussi pour positionner la Côte d’Azur sur la carte mondiale de l’intelligence artificielle…
Oui, nous travaillons à faire des Alpes-Maritimes une terre d’IA. Nous devons monter en puissance et montrer nos atouts au reste du monde. L’écosystème de la French Riviera est riche de talents: que ce soit les universités, les grandes écoles, laboratoires de recherche, l’Institut interdisciplinaire de l’intelligence artificielle (3IA), les entreprises et les startups… Pour ce faire, nous nous appuyons sur une stratégie basée sur quatre piliers: la formation-information ; la recherche; les transferts technologiques et un fonds d’investissement.
Concernant la formation, j’ai demandé à la Maison de l’Intelligence artificielle – implantée à Sophia Antipolis – de cartographier l’IA dans le département: combien de chercheurs, étudiants, dans quels secteurs… Autant de données importantes pour nous mais aussi pour convaincre des entreprises étrangères à venir s’installer dans la région. La Covid nous a malheureusement retardés et on devrait avoir cette analyse en février lors du prochain World Artificial Intelligence Cannes Festival (WAICF).
Nous attachons une grande importance à la formation, notamment à la Maison de l’IA où sont déjà passés quelque 5.000 élèves. Notre objectif est que davantage de jeunes filles s’intéressent à l’IA pour briser ce fameux plafond de verre. Nous devons mettre en place des synergies avec tous les acteurs (rectorat, université, 3IA…) et informer le grand public sur les usages de l’IA.
Et les autres piliers de la stratégie?
Il y a bien sûr la recherche avec 3.500 scientifiques et le 3IA qui travaille notamment sur le territoire intelligent et la santé. En sortant des laboratoires, l’intelligence artificielle devient créatrice de valeur. Que ce soit avec le transfert de technologies du CNRS ou bien d’Inria qui donne naissance à des spin-offs ou bien la vente de licences à des entreprises.
Il faut pouvoir la financer…
C’est la raison pour laquelle nous sommes en train de créer le fonds d’investissement EuropIA Capital. Bien sûr, il y a des business angels qui investissent mais c’est davantage de la seed money et des montants inférieurs à 1M€. Doté de 50M€, EuropIA Capital est destiné en priorité aux scale-ups. Mais il faut respecter certains critère : que l’intelligence artificielle des entreprises dans lesquelles nous investirons soit éthique, c’est-à-dire inclusive, soutenable et responsable. Nous avons d’ailleurs développé un algorithme pour nous en assurer! Plus sérieusement, outre le financement, nous leur mettons aussi à disposition notre réseau d’experts et notre carnet d’adresses.
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