On fait le point sur l'offre hôtelière qui monte en gamme à Menton

L’hôtellerie mentonnaise se modernise, s’adapte à une clientèle exigeante et de plus en plus écolo. Mais le projet de 5 étoiles, qui vit des péripéties, sera-t-il vraiment bénéfique ?

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Yann DElanoë Publié le 20/03/2023 à 22:03, mis à jour le 21/03/2023 à 16:31
À Menton, l'offre hôtelière monte en gamme. Photo Patrice Lapoirie

Nouveau 4 étoiles, construction d’un cinq-étoiles, travaux d’envergure dans plusieurs établissements, rachat d’hôtels… Ça bouge dans le paysage hôtelier mentonnais.

Avec, globalement, une volonté de montée en gamme de l’hôtellerie locale, qui a pour particularité de fonctionner en toute saison.

"On voit que la destination intéresse, nous avons eu pas mal de reprises ces derniers temps: A l’Hôtel de Londres, au Pavillon Impérial, à l’Hôtel le Parisien près du Borrigo… De nouveaux propriétaires qui font souvent de gros travaux pour mettre à niveau l’établissement qu’ils reprennent", indique Thomas Laurenti, président du Syndicat hôtelier de Menton et de la Riviera française. "On sent globalement une volonté de monter en gamme, mais c’est surtout pour s’adapter à une demande du marché… On a une clientèle qui voyage, qui a des points de comparaison et donc qui est de plus en plus exigeante. Les hôteliers doivent donc régulièrement investir pour maintenir leur hôtel à niveau…"

L’arrivée (chaotique pour l’instant) d’un hôtel 5 étoiles dans le paysage mentonnais sera-t-elle bonne pour la destination? "Si c’est vraiment un hôtel 5 étoiles, et que ça attire une autre clientèle, oui, ce sera intéressant. Mais cette clientèle sera-t-elle au rendez-vous? Car il faut autour tout ce qui va avec: magasins de luxe, etc..."

Les hôteliers mentonnais sont globalement sceptiques sur ce projet à rebondissements.

Certains, comme l’Hôtel Riva, pensent qu’il y a une autre carte à jouer: celle d’une hôtellerie verte, labellisée "clef verte", un label exigeant qui garantit des mesures prises par l’établissement pour le respect de l’environnement. Réservez!

Le futur hôtel 5 étoiles. Photo Cyril Dodergny.

Hôtel 5* : beaucoup de questions

Un hôtel 5 étoiles à Garavan. Une centaine de chambres, dont 20 suites, deux restaurants, un spa, une dizaine de boutiques au rez-de-chaussée, des salles modulables pour organiser des séminaires, une piscine, un spa de haut niveau, un parking, ainsi qu’un dernier étage pour faire des opérations événementielles, 1.500 m2 de jardin aromatique et de terrasses végétalisées… Le tout dessiné par l’architecte Jean-Michel Wilmotte.

C’est le projet porté par l’ancienne municipalité et désormais par la nouvelle pour attirer une clientèle de luxe à Menton. Un projet à plus de 40 M d’euros qui présente un fort potentiel en termes d’emplois, et qui permettrait à la Ville d’engranger quelques sous: le loyer perçu par la municipalité sur ce terrain communal est de 300.000 euros par an, et cela jusqu’en 2092, le bail ayant été prolongé de deux ans et demi en juillet dernier par le conseil municipal pour prendre en compte le retard du promoteur, Progereal-Finareal. Mais si six niveaux de béton se dressent désormais sur ce qui était un terrain vague de 115.000 m2 en face du port de Garavan, l’aboutissement de l’hôtel 5* est plein d’interrogations.

Un "Intercontinental"?

Après divers épisodes rocambolesques, 17 recours déposés contre le permis de construire au total, des intempéries, la crise du Covid-19, des difficultés financières, le démontage en catimini des grues en avril 2021 par la société Bouygues Bâtiment Sud-Est, en charge du gros œuvre, remettant en cause la poursuite du chantier déjà à l’arrêt depuis un an, avant leur remontage 8 mois plus tard et une reprise du chantier pour une livraison prévue en 2023, il semble que de nouveaux nuages planent au-dessus du chantier.

Alors qu’une visite de chambre témoin était prévue de manière imminente, pourquoi les grues ont-elles à nouveau été démontées? Si elles n’étaient plus nécessaires, pourquoi, depuis quelques semaines, le chantier semble-t-il de nouveau complètement à l’arrêt?

"Que ce ne soit pas un 4 étoiles déguisé en 5"

Autre ombre au tableau: alors qu’il avait été annoncé que cet hôtel ouvrirait sous enseigne Intercontinental, le groupe, sollicité par nos soins il y a quelques jours, a déclaré: "Pour votre information, le Groupe IHG [Intercontinental Hotel Group, ndlr] n’a pas d’hôtel Intercontinental dans ses tuyaux à Menton." De nouveau interrogés pour connaître les raisons de ce revirement, IHG a répondu: "Nous n’avons jamais annoncé la signature d’un Intercontinental à Menton. Il s’agit sûrement d’une mauvaise information…" Qui gérera donc ce 5 étoile?

Pour les hôteliers mentonnais, ce projet est à double tranchant: "Si c’est vraiment un 5 étoiles, avec ce qui peut attirer une clientèle de luxe, restaurants avec chef étoilé, boutiques de luxe, une offre de spa différente de ce qui existe déjà, ça peut créer une dynamique, estime Thomas Laurenti, Mais il ne faut pas que ce soit un 4 étoiles déguisé en 5. Un 5 étoiles qui, ne rencontrant pas sa clientèle, braderait ses chambres à 90 euros la nuit, et absorberait la clientèle des 4 étoiles mentonnais. Ce serait catastrophique. Car le parc hôtelier actuel est adapté à la demande, il n’est pas surdimensionné, il n’y a pas de départ notable vers d’autres destinations par manque d’hébergement…"

D’autant qu’entre-temps, le Maybourne Riviera à Roquebrune-Cap-martin a ouvert. Qu’un projet est prévu à la marina de Vintimille. Que Monaco est déjà une destination luxe avec hôtels adaptés. Thomas Laurenti veut rester positif: "Entre Monaco, et la Marina de Vintimille, il faut voir, il y a peut-être encore une place…"

Laurent Ravail, dans l’une des chambres du Riva. Photo Patrice Lapoirie.

Le Riva, désormais 4 étoiles, candidat au label "Clef verte"

Le Riva, au 600 de la Promenade du Soleil, vient de passer à 4 étoiles. Après des mois de travaux. Ce qui fait de lui le premier hôtel-spa 4 étoiles de Menton.

"Quand les critères de classification ont changé il y a 7 ou 8 ans, j’aurais pu, comme d’autres, passer en 4 étoiles pratiquement sans rien changer" expose Laurent Ravail, directeur de l’hôtel Riva depuis 23 ans. "Mais je n’ai pas voulu, pas avant de faire une grande rénovation…" Et c’est chose faite. Après des mois de travaux, l’établissement a rouvert le 15 février, comme neuf. Les 41 chambres ont été rénovées, les couloirs, le Spa… tout. Dans les couloirs, galets au sol sur la moquette, tapisserie effet mer sur les murs. Dans les chambres lumineuses, du blanc, du bleu atoll, un mobilier moderne, sur le thème du balnéaire, qui prolongent le panorama sur la Grande Bleue, comme voulu par le directeur et par le cabinet d’architectes de Claire Fatosme et Christian Levevre à Marseille.

Tout en haut, sur le toit, le Spa, déjà réputé (il avait reçu le titre de meilleur spa hôtelier de France en 2014 devant celui du Trianon), a lui aussi été revu, tout comme les cabines de massage où le personnel propose des prestations de bien-être personnalisées, en fonction de l’humeur du moment de chaque client.

"C’est contraignant mais gratifiant"

Mais derrière l’esthétique et le confort, cet investissement de près de 2 millions d’euros a aussi un autre objectif: viser le label "clef verte", qui récompense les établissements qui ont placé le développement durable au centre de leur fonctionnement. Contacteurs qui permettent de couper chauffage et clim dès qu’on ouvre une fenêtre, lumières led, équipements économes en énergie, mousseurs dans les robinets pour économiser l’eau… Le Riva a investi pour préserver l’environnement. "Par ailleurs, pendant les travaux, tout notre personnel a été formé à la gestion des déchets, et à tout ce qui touche à l’environnement, en plus de formations de secouristes", expose Laurent Ravail.

Car tout doit suivre: "Le marc de café doit être recyclé, les piles, les bouchons en plastique, il n’y aura plus de bouteilles en plastique dans les bars, nous mettons en place des poubelles de recyclage dans les couloirs…" détaille Laurent Ravail. "C’est un label contraignant, mais gratifiant, car il veut vraiment dire qu’on s’investit pour la planète. C’est pour ça que nous souhaitons l’obtenir. C’est, de plus en plus, un critère de choix pour les clients".

Au passage à 4 étoiles, les prix ont augmenté, de jusqu'à 50 euros selon les périodes. "Une mise à niveau, que les clients retrouvent dans notre service, dans le confort de l’établissement. D’ailleurs, la clientèle est là…"

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