Hôtel 5* : beaucoup de questions
Un hôtel 5 étoiles à Garavan. Une centaine de chambres, dont 20 suites, deux restaurants, un spa, une dizaine de boutiques au rez-de-chaussée, des salles modulables pour organiser des séminaires, une piscine, un spa de haut niveau, un parking, ainsi qu’un dernier étage pour faire des opérations événementielles, 1.500 m2 de jardin aromatique et de terrasses végétalisées… Le tout dessiné par l’architecte Jean-Michel Wilmotte.
C’est le projet porté par l’ancienne municipalité et désormais par la nouvelle pour attirer une clientèle de luxe à Menton. Un projet à plus de 40 M d’euros qui présente un fort potentiel en termes d’emplois, et qui permettrait à la Ville d’engranger quelques sous: le loyer perçu par la municipalité sur ce terrain communal est de 300.000 euros par an, et cela jusqu’en 2092, le bail ayant été prolongé de deux ans et demi en juillet dernier par le conseil municipal pour prendre en compte le retard du promoteur, Progereal-Finareal. Mais si six niveaux de béton se dressent désormais sur ce qui était un terrain vague de 115.000 m2 en face du port de Garavan, l’aboutissement de l’hôtel 5* est plein d’interrogations.
Un "Intercontinental"?
Après divers épisodes rocambolesques, 17 recours déposés contre le permis de construire au total, des intempéries, la crise du Covid-19, des difficultés financières, le démontage en catimini des grues en avril 2021 par la société Bouygues Bâtiment Sud-Est, en charge du gros œuvre, remettant en cause la poursuite du chantier déjà à l’arrêt depuis un an, avant leur remontage 8 mois plus tard et une reprise du chantier pour une livraison prévue en 2023, il semble que de nouveaux nuages planent au-dessus du chantier.
Alors qu’une visite de chambre témoin était prévue de manière imminente, pourquoi les grues ont-elles à nouveau été démontées? Si elles n’étaient plus nécessaires, pourquoi, depuis quelques semaines, le chantier semble-t-il de nouveau complètement à l’arrêt?
"Que ce ne soit pas un 4 étoiles déguisé en 5"
Autre ombre au tableau: alors qu’il avait été annoncé que cet hôtel ouvrirait sous enseigne Intercontinental, le groupe, sollicité par nos soins il y a quelques jours, a déclaré: "Pour votre information, le Groupe IHG [Intercontinental Hotel Group, ndlr] n’a pas d’hôtel Intercontinental dans ses tuyaux à Menton." De nouveau interrogés pour connaître les raisons de ce revirement, IHG a répondu: "Nous n’avons jamais annoncé la signature d’un Intercontinental à Menton. Il s’agit sûrement d’une mauvaise information…" Qui gérera donc ce 5 étoile?
Pour les hôteliers mentonnais, ce projet est à double tranchant: "Si c’est vraiment un 5 étoiles, avec ce qui peut attirer une clientèle de luxe, restaurants avec chef étoilé, boutiques de luxe, une offre de spa différente de ce qui existe déjà, ça peut créer une dynamique, estime Thomas Laurenti, Mais il ne faut pas que ce soit un 4 étoiles déguisé en 5. Un 5 étoiles qui, ne rencontrant pas sa clientèle, braderait ses chambres à 90 euros la nuit, et absorberait la clientèle des 4 étoiles mentonnais. Ce serait catastrophique. Car le parc hôtelier actuel est adapté à la demande, il n’est pas surdimensionné, il n’y a pas de départ notable vers d’autres destinations par manque d’hébergement…"
D’autant qu’entre-temps, le Maybourne Riviera à Roquebrune-Cap-martin a ouvert. Qu’un projet est prévu à la marina de Vintimille. Que Monaco est déjà une destination luxe avec hôtels adaptés. Thomas Laurenti veut rester positif: "Entre Monaco, et la Marina de Vintimille, il faut voir, il y a peut-être encore une place…"
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