Nombre d'emplois, chiffre d'affaires, tourisme, immobilier... Ces chiffres qui témoignent de la nette croissance de Monaco en 2022

Le gouvernement et l’Institut monégasque de la statistique et des études économiques (IMSEE) ont présenté le bulletin de l’économie pour l’année 2022, lequel démontre la bonne santé de l’économie de la Principauté dans bon nombre de secteurs.

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Thibaut Parat Publié le 21/03/2023 à 09:53, mis à jour le 21/03/2023 à 07:24
En 2022, le chiffre d’affaires de la Principauté a atteint 19 milliards d’euros. Photo Jean-François Ottonello

La crise sanitaire est derrière nous ». De nature prudente, Jean Castellini ne l’est désormais plus quand il s’agit d’évoquer l’après Covid en Principauté. Le conseiller de gouvernement-ministre des Finances et de l’Économie a récemment présenté une vision synthétique de l’activité économique du pays pour l’année écoulée. 2020, année de réaction face à une pandémie mondiale, avait provoqué un déficit budgétaire de 103 millions d’euros. 2021, année de la relance, avait permis de combler ce déficit et de dégager un excédent de plus de 8 millions d’euros. "Nous avons pour l’année 2022 un excédent budgétaire de 32 millions d’euros et qui renoue avec des niveaux que nous n’avions plus connus depuis 2018, se réjouit Jean Castellini. Cela témoigne que la Principauté a traversé ce trou d’air, sans doute mieux que les autres. L’économie monégasque est en bonne santé, a été très résiliente et a su s’adapter malgré les crises et turbulences traversées."

En rentrant dans l’intimité des chiffres, on remarque que quasiment tous les agrégats ont progressé par rapport à l’année précédente et beaucoup ont surpassé leur niveau d’avant-crise.

Un chiffre d’affaires à 19 milliards d’euros

Notamment porté par le commerce de gros, son plus important contributeur, le chiffre d’affaires de la Principauté atteint près de 19 milliards d’euros en 2022, en progression de 2,5 milliards d’euros. "Un effet prix est indéniablement impliqué", reconnaît Alexandre Bubbio, directeur de l’Institut monégasque de la statistique et des études économiques (IMSEE). Autre indicateur de la vitalité économique de la Principauté : l’évolution, à la hausse, de 18 % du volume global des échanges pour le commerce extérieur.

Du côté de l’emploi dans le secteur privé, la Principauté dépasse le cap symbolique (et historique) des 60.000 salariés, après en avoir gagné 3083 en une année. Un chiffre qui a vocation à inexorablement croître ces prochaines décennies, appelant moult défis pour les autorités du pays comme l’équilibre des caisses de retraite, la mobilité ou encore la question du foncier.

Bien que les créations d’établissements diminuent par rapport à 2021 (837 contre 877, soit -4,6%), le solde créations-radiations définitives reste stable à +408. "La pépinière d’entreprises Monaco Boost affiche complet trois années après son lancement, salue Jean Castellini. À elles seules, les nationalités monégasques, britanniques, françaises, allemandes et italiennes contribuent à plus de 75% des demandeurs en création d’entreprises."

Grâce au marché du neuf, l’immobilier se reprend fortement. Pareil pour le tourisme, dont les chiffres sont en nette augmentation. Les croisières et les vols d’hélicoptère, en revanche, peinent à retrouver leur niveau d’avant-crise. Le détail ci-dessous.

Immobilier: 520 transactions pour 3,54 milliards d’euros

Après deux années de creux consécutives à la crise sanitaire, le marché de l’immobilier repart en nette progression avec 520 transactions (+18,2% par rapport à 2021, mais en deçà de l’époque 2014-2016) évaluées à 3,54 milliards d’euros.

Le marché du neuf a quadruplé en volume et quintuplé en valeur

Une valeur, pour le coup, jamais atteinte par le passé. Une évolution principalement due au marché du neuf, lequel a quadruplé en volume et quintuplé en valeur avec 88 appartements vendus pour un montant d’1,19 milliard, "en raison de nombreuses livraisons d’appartements et des chantiers en cours", indique l’Institut monégasque de la statistique et des études économiques (IMSEE). Il s’agit des immeubles suivants: "Le 45", situé rue Grimaldi, l’Exotique en entrée de ville Ouest (notre photo), ceux de l’extension en mer ou encore la villa Portofino, nichée au cœur du quartier de la Condamine.

"Beaucoup de ventes ont été réalisées sur plan", complète son directeur, Alexandre Bubbio.

Le marché de l’ancien, lui aussi, s’accroît mais plus modérément avec 432 transactions (+3,6%) pour 2,32 milliards (+12,1%).

Le chiffre d’affaires 2022 pour l'hôtellerie-restauration s’établit à 867,7 millions d’euros, soit un rebond de 288,4 millions d’euros par rapport à 2021 (+49,8%). Photo archives Monaco-Matin.

L'hôtellerie-restauration retrouve des couleurs

Sans surprise, après des années délicates liées aux mesures sanitaires, le secteur de l’hébergement et de la restauration retrouve des couleurs.

Le chiffre d’affaires 2022 s’établit à 867,7 millions d’euros, soit un rebond de 288,4 millions d’euros par rapport à 2021 (+49,8%). Ce sont les hôtels qui sont principalement responsables de cette progression (+210,7 millions d’euros, soit +51,5%), mais le chiffre d’affaires de la restauration traditionnelle a aussi augmenté de plus de moitié (+58,3%).

Taux d’occupation de 59,4%

Dans le détail, on observe que tous les indicateurs de l’hôtellerie, fin 2022, s’avèrent en nette hausse par rapport à l’exercice précédent. Les arrivées personnes augmentent, passant de 220.053 à 290.180 (+31,9%), tout comme la durée moyenne de séjour (2,9 jours, soit +11,7%). Le taux d’occupation des hôtels progresse, lui aussi, flirtant avec la barre des 60% (41,6% en 2021). Un chiffre néanmoins moindre qu’en 2019. "Le revenu moyen par chambre disponible en 2022 est, en revanche, supérieur de 16% par rapport à 2019", tient à préciser Jean Castellini. Avec la levée des restrictions liées aux déplacements, la clientèle s’est, de fait, internationalisée avec un ratio de 41,4% d’arrivées en provenance d’un pays hors de l’Union Européenne, contre 24,7% l’année précédente. "Il y a eu le retour des visiteurs américains qui ont profité du relâchement des contraintes et de l’embellie du dollar", poursuit-il.

Les croisières ne retrouvent pas leur niveau de 2019

Avec 109 jours d’escales et 54.522 jours-croisiéristes à fin novembre, les croisières ne retrouvent pas leur niveau prépandémique de 2019 (173 jours et 190.707). Plus des deux tiers de ces touristes étaient des Canadiens et Américains. Les croisières reprendront en avril.

Le secteur de la construction représente un chiffre d’affaires de 2,47 milliards d’euros en 2022. C’est le troisième secteur d’activité le plus contributeur du pays. Photo archives Monaco-Matin.

Qui sont les plus gros contributeurs au chiffre d’affaires?

On l’a dit, le chiffre d’affaires de la Principauté a considérablement augmenté en 2022 (+2,5 milliards d’euros). Plus d’un quart de cette hausse est à attribuer au commerce de gros qui enregistre 12,8% de hausse (+670,6 millions d’euros).

"Ce secteur est particulièrement soutenu par les intermédiaires du commerce en machines, équipements industriels et avions", analyse l’IMSEE. Même constat pour les activités scientifiques et techniques, services administratifs et de soutien qui affichent une nette progression de 16% (+442,3 millions d’euros).

"Il est à noter la forte reprise des activités des agences de voyages qui, notamment au travers d’un agent économique, voient leur chiffre d’affaires plus que tripler par rapport à 2021 (+166,5 millions d’euros) et dépasser leur niveau d’avant-crise", poursuit l’institut monégasque.

Enfin, porté par les travaux de maçonnerie générale et gros œuvre de bâtiment, le secteur de la construction ferme le podium des plus grands contributeurs à la croissance du CA monégasque: 2,47 milliards d’euros (+313,4 millions d’euros soit +14,5%).

Et le commerce extérieur?

En 2022, le volume global des échanges de la Principauté, hors France, affichait une forte augmentation de 18% par rapport à 2021, pour atteindre 3,5 milliards d’euros. C’est moins qu’en 2019 (3,7 milliards d’euros). Les transactions avec l’Union Européenne croissent et leur poids augmente (54,8% contre 54,2% en 2021).

En effet, près des deux tiers des exportations sont réalisés vers des pays de l’UE (64,7%) tandis que les achats en provenance de l’UE sont légèrement minoritaires (48,5%).

"Les principaux partenaires commerciaux de Monaco, hors France, sont l’Italie avec 22,6% des échanges, l’Allemagne (12,3%) et le Royaume-Uni (10%)", détaille Alexandre Bubbio, directeur de l’IMSEE.

Un quart des échanges en Principauté concerne les articles de joaillerie, bijouterie et instruments de musique, les produits de la construction automobile et les produits en plastique.

"La guerre en Ukraine n’a pas eu d’impact notable sur nos échanges économiques car les importations et exportations avec ces deux pays sont très faibles, de l’ordre de quelques centaines de milliers d’euros", précise Jean Castellini, conseiller de gouvernement-ministre des Finances et de l’Économie.

Le secteur aérien peine à retrouve son niveau d'activité d'avant pandémie. Photo archives Monaco-Matin.

Les transports à la peine

Si entre les années 2021 et 2022, le trafic hélicoptère a augmenté de 42,4% pour les mouvements et de 50,7% pour les passagers, le secteur peine à retrouver son niveau qui était le sien avant la pandémie de Covid-19. En 2019, la Direction de l’aviation civile de Monaco enregistrait 32.000 mouvements et 80.000 passagers, contre 22.249 rotations et 44.263 passagers en 2022.

"Il est possible que les habitudes des passagers se modifient. Les questions liées au coût de l’énergie, à la pollution sonore qu’occasionne ce moyen de transport font qu’il doit se réinventer, si l’on veut retrouver les niveaux d’il y a quatre ans", estime Jean Castellini, conseiller de gouvernement-ministre des Finances et de l’Économie.

Selon nos informations, un projet de transport aérien vertueux sur courte distance - entre l’héliport de Monaco et l’aéroport Nice Côte d’Azur? - serait à l’étude par l’exécutif.

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