Moins de Monégasques dans les stations de ski des Alpes-Maritimes à cause de l'effet des 30 km?

Le décret empêchant les Monégasques de s’éloigner de plus de 30 km de la Principauté a-t-il incité les habitants à ne plus aller dans les stations? Certains signes en attestent mais les données chiffrées font défaut.

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Eric Farel Publié le 09/02/2021 à 07:40, mis à jour le 09/02/2021 à 07:43
Pour les Monégasques, aller passer un week-end au ski est devenu compliqué. Photo doc. N.-M.

Depuis le 1er février, les habitants de la Principauté ont vu leurs conditions d’entrée sur le territoire français quelque peu revisitées à la suite des nouvelles dispositions prises par la France pour lutter contre la Covid.

Ils sont soumis aux mêmes règles que celles qui s’appliquent aux habitants de tous les pays frontaliers. Désormais, s’ils s’éloignent de plus de 30 km de Monaco, ils doivent présenter lors de tout contrôle, le résultat négatif d’un test PCR de moins de 72 heures, sauf à disposer d’une attestation précisant le motif "impérieux" de leur déplacement.

Alors, question: les Monégasques se sont-ils rendus en moins grand nombre qu’à l’accoutumée dans les stations du département suite à la mise en place de cette mesure?

S’il est trop tôt pour placer des données chiffrées en face de cette interrogation, les professionnels de la montagne ont leur avis sur le sujet. Qui, à défaut de certitudes, permet de dégager une tendance…

À Auron

Dans cette station très prisée des Monégasques, Pascal Lequenne, directeur de l’office de tourisme, avoue que la présence ou pas des ressortissants de la Principauté "est difficile à évaluer, tout simplement parce qu’ils ne passent pas par nos bureaux et que nous n’avons pas d’indicateur puisque les remontées mécaniques sont fermées. Mais ce week-end je travaillais et j’ai plutôt vu moins de plaques monégasques. C’est en tout cas mon ressenti…".

Mais Yann, le patron du restaurant Le Refuge, qui a réinventé sa cuisine en proposant à sa clientèle des plateaux de fruits de mer à emporter, est beaucoup plus affirmatif.

"Voilà 20 ans que je suis à Auron et Monaco a toujours été très présent ici. Je pense qu’il y a un réel impact par rapport à cette décision et, pour en avoir discuté avec mes collègues, ils partagent ce sentiment.

Ce que l’on espère, c’est que le problème sera réglé pour les vacances de février et que les Monégasques pourront à nouveau venir. Cela vient se rajouter au reste, c’est-à-dire à des conditions pour nous commerçants déjà pas faciles. Franchement, je ne vois pas pourquoi ils peuvent aller en Italie, à Nice et pas à la montagne. C’est ridicule."

À Isola 2000

Jean-Christophe Desens, directeur d’exploitation de la station, n’a pour sa part rien constaté de particulier au niveau de la fréquentation monégasque. "Je ne peux pas vous fournir d’indications parce que je n’en ai pas. Ce qui est mesurable, c’est au niveau des remontées. Donc, je ne sais pas ce qu’il en est."

Et pas plus d’informations du côté du président de l’association des commerçants d’Isola. "Vous savez, nous dit Philippe Jeannot, en ce moment nos chiffres d’affaires sont dérisoires, de l’ordre de 10% de ce que l’on fait habituellement. Alors que les Monégasques soient là ou pas, ça n’a pas une grosse incidence.

D’ordinaire, ils représentent une très bonne clientèle, fidèle, avec laquelle nous entretenons d’excellentes relations. Mais ce week-end, il a fait un temps pourri et la station a enregistré globalement une grosse baisse de fréquentation. Une situation qui ne peut donc pas servir de jauge."

À Valberg

"C’est une tendance qui est difficilement calculable, explique Eva, à l’office de tourisme. En termes de fréquentation, on a du monde mais il est compliqué de savoir s’il s’agit de Monégasques ou pas." Un petit indice tout de même. L’ASVP (agent de surveillance de la voie publique) qui a arpenté les rues du village ce week-end a jeté un œil aux plaques d’immatriculation. "Vingt-cinq seulement étaient de Monaco, soit la moitié de ce que l’on observe d’ordinaire. Ce n’est pas très précis, mais c’est un indicateur."

À La Colmiane

A l’ESF, c’est plutôt un coup de gueule que pousse Yannick Garin… "Les Monégasques sont nos amis, ils ont des résidences secondaires, ils font vivre le département. Nous, nous sommes bien contents d’aller nous faire soigner à Monaco. Alors où est la cohérence de cette mesure ? Que fait-on de ce lien d’amitié qui existe entre Monaco et les Alpes-Maritimes? Qu’on leur dise qu’ils ne peuvent pas sortir du département, ce serait compréhensible. Mais là, il n’y a aucune logique." Et lorsqu’on lui demande si les sujets du Prince tout de même, sont restés fidèles à la Colmiane, il se veut laconique… "Certains ont été intelligents." Sous entendu, ils sont bien là mais chut, il ne faut pas le répéter…

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