C’est vrai, tous les articles sur cette grève commencent un peu pareil. Foreplast est issue de Mecaplast. Et Mecaplast était un peu le fer de lance de l’industrie de Monaco. Une success story, si ce n’est hollywoodienne, toute monégasque. Une histoire qui va disparaître dans un nuage de fumée.
Depuis une semaine, la soixantaine de salariés de Foreplast, filiale du groupe Novares, était en grève.
Pour redonner du contexte, ces travailleurs ont tous, au minimum, vingt ans d’activité. Vingt, vingt-cinq, trente, presque quarante années de vie professionnelle. Alors, quand lundi ils apprennent le licenciement, au moyen de l’article 6, du chargé d’affaires, ils sentent bien se profiler une histoire qui ne leur plaît pas.
L’amertume
Ce chargé d’affaires, c’est lui qui était chargé de faire rentrer les contrats, fournissant ainsi à l’usine de quoi faire tourner les presses à injecter. S’il part, c’est la fin.
Depuis mardi dernier, ils étaient en grève. La direction a bien tenté de leur proposer 150 000 euros d’investissement. Une paille pour le groupe Novares (nouveau nom de Mecaplast), qui affiche un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros en 2017.
Hier, plusieurs personnes de la direction du groupe Novares sont descendues de Clamart, en région parisienne, où se situe le siège de l’entreprise. Au terme d’une réunion qui n’aura même pas duré deux heures, les salariés de Foreplast se sont vus proposer une cessation progressive d’activité. En phase terminale.
"Au moins, nous savons à quoi nous en tenir", déclare Jean-François Vestri, délégué syndical, dépité.
Foreplast était née en 2014 du précédent plan social de Mecaplast, avec l’objectif de diversifier l’activité. L’usine avait bien réussi à produire un sèche-cheveux, mais est bien vite revenue à l’injection de pièces plastiques pour l’industrie automobile. "On ne nous a jamais donné les moyens de réaliser cette diversification. On n’a jamais eu le soutien nécessaire" poursuit le délégué syndical.
"La Direction du travail doit être ferme"
Le secrétaire adjoint de l’Union des syndicats de Monaco, Olivier Cardo, qui a travaillé plusieurs années chez Mecaplast, est lui aussi amer : "C’est toujours déplorable de voir fermer des usines à Monaco. Encore une fois, des gens qui ont travaillé dur vont se retrouver au tapis. Des gens qui ont beaucoup d’ancienneté, et qui auront de la difficulté à retrouver un emploi à Monaco, puisque l’industrie se délite. Ce qui est absolument inacceptable, c’est d’avoir laissé les salariés une semaine sur le trottoir avant de dévoiler le véritable projet. La Direction du travail doit être ferme avec la direction de l’entreprise pour que les salariés partent avec des indemnités supra légales qui leur permettront de vivre décemment."
Les salariés ont rendez-vous cet après-midi avec Didier Gamerdinger, conseiller de gouvernement-ministre des Affaires sociales et de la Santé.
Fidèle à sa ligne, la direction de Foreplast s’est refusée à faire tout commentaire.
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