L'option télétravail dans le secteur privé est-elle déjà un succès à Monaco?

Deux ans après son adoption, employeurs et salariés du privé témoignent, avec le recul, sur ce nouveau dispositif de travail. Lequel, à terme, pourrait s’étendre à la fonction publique

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Thibaut Parat Publié le 03/10/2018 à 08:00, mis à jour le 03/10/2018 à 10:00
Selon les entreprises sondées, le télétravail réduit le stress et les salariés retrouvent un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Photo Jean-François Ottonello

Des années d’efforts, d’échanges, de négociations entre la France et Monaco. Le dossier du télétravail tire sa genèse d’un vœu du Conseil économique et social. C’était le 7 novembre 2007.

Puis, Stéphane Valeri, alors conseiller de gouvernement - Ministre des Affaires sociales et de la santé en avait fait l’un de ses chevaux de bataille.

"C’est l’une des réponses appropriées à l’exiguïté du territoire. Le télétravail permettra aussi de moderniser le travail dans les entreprises, tout en satisfaisant l’aspiration des salariés à mieux concilier vies professionnelle et personnelle", justifiait-il à l’époque.

Toutefois, il a fallu attendre neuf longues années pour que le projet de loi soit définitivement adopté dans les travées du Conseil national. Le 30 juin 2016.

Plus de deux ans après, où en est-on réellement? Les quelques craintes, fantasmes ou rares oppositions ont-ils été dissipés? Combien d’entreprises ont sauté le pas, rompant net avec des habitudes de travail solidement ancrées ?

53 sociétés concernées

À l’heure actuelle, 53 sociétés – bientôt 55 – ont mis en œuvre le télétravail pour 587 salariés.

"Une progression continue et constante, confie Pascale Pallanca, directeur du Travail. Principalement de grosses structures dans l’industrie pétrolière, la téléphonie, les activités bancaires et financières mais aussi maritimes, les assurances… Il s’agit de fonctions support, d’administratif"

Avec deux locomotives que sont la SBM Offshore et Monaco Telecom, déjà rodées au fait de travailler à distance lors de missions à l’étranger. "C’est plus ponctuel pour les petites structures où seulement une personne télétravaille."

Plus de 98% des postes de télétravail sont une transformation de poste via un avenant et, donc, la modification du permis de travail. Très peu d’embauches, donc.

"C’est un dispositif récent qui nécessite de la confiance. Les employeurs veulent voir si cela fonctionne avec leurs équipes, avec le management en place et être certains que cela ne bouleverse pas trop le fonctionnement et la vie de l’entreprise", justifie Pascale Pallanca, qui note que la plupart des entreprises, prudentes, ont opté pour une journée de télétravail par semaine.

Quel retour d’expérience?

Quant au retour d’expérience, il semble positif. "On n’a pas constaté de contentieux et peu de retour en arrière. Les employés et salariés sont contents. Les plus gros utilisateurs sondés nous disent que cela ne complique pas les relations de travail, en termes de management. Cela réduit le stress et les salariés retrouvent un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle", souligne Yohann Jaffrelot, administrateur à la Direction du Travail.

Sans parler du gain de temps sur les transports (embouteillages, grèves). L’une des éternelles problématiques de la Principauté qui pourraient décider bon nombre de salariés éligibles à opter pour le télétravail.


Ce que dit la loi du 4 juillet 2016

Durée du télétravail
"Le télétravail ne peut occuper plus des deux tiers du temps de travail du salarié. Celui-ci exécute sur le territoire monégasque la partie de son activité qui n’est pas sous forme de télétravail."
Volontariat
"Le refus du salarié d’accepter d’exécuter une partie de son activité sous forme de télétravail ne saurait constituer un motif valable de rupture de son contrat de travail."
Même droits
"Les télétravailleurs ont les mêmes droits collectifs, les mêmes possibilités de carrière et le même accès à l’information et à la formation que les autres salariés de l’employeur."
Obligations de l’employeur
"Outre ses obligations de droit commun vis-à-vis de ses salariés, l’employeur est tenu à l’égard du télétravailleur de :
- prendre en charge les coûts directement engendrés par l’activité de télétravail,
- de lui donner priorité pour occuper ou reprendre un poste sans télétravail correspondant à ses qualifications et compétences professionnelles,
- d’organiser chaque année un entretien qui porte notamment sur ses conditions d’activité sous forme de télétravail,
- de respecter sa vie privée et de fixer en concertation avec lui les plages horaires durant lesquelles il peut le contacter."


Le télétravail bientôt pour la fonction publique?

L’objectif de la réunion : dessiner un cadre adapté pour une mise en œuvre rapide dans la fonction publique. Photo Michaël Alési/Dir. Com..

Pour l’heure, le télétravail ne concerne que le secteur privé. Mais pourrait bientôt s’étendre à la fonction publique. C’est, en tout cas, l’objet d’une récente réunion au gouvernement, lequel souhaite développer cette modalité d’organisation du travail au sein de l’administration avec un double impératif.

"La continuité du service public et celui de la sécurité de l’usage des informations", explique Robert Colle, secrétaire général du gouvernement.

Lors de cette première réunion interministérielle ont été abordées les problématiques d’ordres juridique, sécuritaire et organisationnelle. Et ce, afin de dessiner un cadre adapté pour une mise en œuvre rapide.

"Ce dispositif devra s’accompagner d’un changement de la culture managériale, ce qui nécessitera des formations. De plus, grâce à la démarche de transition numérique engagée au sein de l’administration, des outils sécurisés et adaptés pourront être installés afin de faciliter le travail à distance", poursuit-il.

"Maintenir la qualité de service"

Autre enjeu des discussions: l’identification des domaines pouvant être traités par télétravail.

"Car la priorité est de maintenir la qualité de service offert à l’usager qui impose fréquemment une présence ou un contact humain. Par ailleurs, nous avons identifié un sujet sur l’utilisation de locaux que pourrait permettre cette modalité au travers notamment de bureaux partagés et le gain apporté en termes de temps de trajet et son impact sur l’environnement."

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