Les Etats-Unis attribuent 1 million de dollars à un laboratoire de Monaco qui utilise le nucléaire pour protéger l'environnement
Le laboratoire monégasque de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dédié à l’environnement, a reçu une allocation d’un millions de dollars du gouvernement américain.
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Ludovic MercierPublié le 26/11/2020 à 18:52, mis à jour le 27/11/2020 à 17:25
Les chercheurs des laboratoires de l’environnement de l’AIEA étudient les effets, sur les organismes marins, de l’acidification des océans et d’autres sources des stress environnementaux, à l’aide de traceurs radiomarqués. Photo D. Calmea/IAEA
Le saviez-vous ? Le long du quai Albert-1er, dans la plus grande discrétion, est installé un laboratoire de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Pas de panique, il ne s’agit pas ici de préparer la prochaine arme de destruction massive. De la même façon qu’il existe des services de médecines nucléaires, qui utilisent les propriétés de l’atome, il existe une utilisation pacifique du nucléaire. Ici le sujet, c’est de protéger les océans. Entre autres. Car les laboratoires de l’IAEA de Monaco sont dédiés à l’environnement.
Une mission qui leur a valu la semaine dernière d’être l’objet d’une attention particulière du gouvernement américain.
"L’ambassadeur américain Jackie Wolcott a annoncé l’allocation d’un peu plus de 1.013.000 dollars américains aux laboratoires environnementaux des sciences et applications nucléaires de l’AIEA à Monaco pour étudier l’acidification des océans et la dégradation des écosystèmes marins. Ce financement est fourni par le Bureau des sciences du ministère américain de l’énergie dans le cadre de l’Initiative des utilisations pacifiques de l’AIEA" a-t-on appris par voie de communiqué.
Le nucléaire à la rescousse
Des scientifiques des laboratoires de l’environnement de l’AIEA, à Monaco, préparent un filtre in situ pour prélever des échantillons des eaux de la mer Méditerranée pour l’analyse des micro-plastiques marins.Photo K. Laffan/IAEA.
La plus grosse partie de cette somme (665.000 dollars), ira au Centre international de coordination sur l’acidification des océans, qui fait partie des laboratoires environnementaux de l’AIEA, et qui constitue une sorte de plateforme destinée à faciliter les échanges, les études, et la mise en contact de différentes entités qui travaillent à la défense de l’environnement de par le monde.
La partie la moins évidente, à première vue, c’est de comprendre ce que vient faire l’énergie atomique là-dedans. Interrogé, l’AIEA nous explique : « Nos laboratoires ont développé une expertise à l’échelle de l’atome, en développant des techniques nucléaires et isotopiques, dans le but d’améliorer la connaissance scientifique nécessaire, proposer des stratégies et des outils d’atténuation des impacts des activités humaines sur l’environnement et former les scientifiques des pays à l’usage de ces méthodes. »
En clair, avec des techniques ultra-pointues, on arrive à comprendre l’impact de toute sorte de contamination sur l’environnement, sur les animaux, la chaîne alimentaire, et sur l’acidification des océans, et donc le réchauffement climatique.
Par exemple, le laboratoire de Monaco utilise des techniques nucléaires et isotopiques pour étudier avec précision le mouvement, le devenir et l’impact dans la vie aquatique des particules de plastique et des contaminants qui leur sont associés.
Cette allocation n’a aucun lien avec l’élection du nouveau président Joe Biden, dont le programme a une importante composante environnementale.
Des solutions innovantes
Ce n’est pas la première contribution américaine aux recherches de l’AIEA : depuis 2010 les États-Unis ont contribué à hauteur de 357 millions de dollars aux différentes activités nucléaires pacifiques dans le monde, ce qui en fait le premier partenaire.
Si les États-Unis financent autant ces activités, c’est qu’ils poursuivent trois buts, d’après Justen Thomas, porte-parole de la mission diplomatique américaine auprès de l’AIEA à Vienne.
"Les États-Unis soutiennent la collaboration entre les gouvernements, les entreprises et d’autres partenaires pour créer des solutions innovantes aux défis auxquels l’océan est confronté et pour développer une économie bleue durable afin que les avantages économiques, sécuritaires et environnementaux que l’océan procure puissent se poursuivre à l’avenir. Ils croient au vaste potentiel de la science et de la technologie nucléaires, la “science de l’atome”, pour aider les pays en développement, ils restent pleinement engagés à soutenir les travaux de l’AIEA en matière de recherche, de développement et de déploiement de l’énergie, de la science et de la technologie nucléaires à des fins pacifiques, conformément à l’article IV du Traité de non-prolifération nucléaire, ou TNP." Des atomes pour le bien de l’humanité, en clair.
Dernier projet en date financé par le gouvernement américain : la recherche sur les causes des zones côtières d’eaux mortes. Il s’agit de territoires où l’eau perd peu à peu son oxygène, ce qui conduit toutes formes de vie à disparaître.
Ici en 2018, le laboratoire de l’IAEA fêtait ses 20 ans dans les locaux du quai Antoine 1er, en présence de nombreux ambassadeurs.Photo archives Monaco-Matin.
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