"L’entreprise est l’unique force vive de la France"

De passage à Cannes, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal ETHIC, est revenue sur le rapport au travail et sa conception de l’entreprise.

K.Wenger Publié le 26/05/2023 à 16:08, mis à jour le 26/05/2023 à 16:31
Sophie de Menthon, entrepreneure et présidente du mouvement ETHIC. (Photo D.R.)

Sophie de Menthon, la présidente du mouvement ETHIC [Entreprises de Taille Humaine, Indépendantes et de Croissance, ndlr], était à Cannes à l’invitation de David Lisnard. "Il était le parrain, en tant que président de l’association des Maires de France, de l’édition 2022 de J’aime ma boîte, la journée dédiée aux entreprises organisée par ETHIC. Je le trouve très libéral, s’intéressant de près aux entreprises. Je lui ai apporté plusieurs dossiers dont un concernant l’Université de la Main que je veux monter et qui proposerait par exemple des licences de plomberie." Bien connue pour son franc-parler et ses positions tranchées, l’entrepreneure a évoqué le nouveau rapport au travail voulu par l’Etat, l’élection du prochain président du Medef, la fraude fiscale...

Non à l’interventionnisme de l’Etat

"L’État a décidé d’avoir un nouveau rapport au travail, et cela m’irrite énormément car je ne veux pas de leçon de sa part, qu’il me dise comment manager nos entreprises... Quand on change le rapport au travail, on commence par soi-même. L’État pourrait avoir un DRH et s’occuper de la fonction publique qui dysfonctionne. Ou qu’il demande aux patrons de réfléchir à un nouveau rapport. Aujourd’hui, tout passe par le prisme de l’entreprise mais rien ne dépend des patrons. Pourtant, qui, durant la Covid, a acheté du gel hydroalcoolique pour ses salariés ? Des masques ? On est 4 millions de patrons à l’avoir fait. Le pays ne peut être repris en main que par l’intermédiaire des entreprises mais il faut des remontées des patrons en qui 70 % des salariés font confiance, selon un sondage Opinionway. Il ne sont que 10% à faire confiance aux politiques. A titre d’exemple, le statut des autoentrepreneurs que j’ai contribué à mettre en place et qui a été détourné: il faut le redéfinir.

Quand il s’agit d’efficacité, l’État doit prendre les méthodes des entreprises. Pourquoi les cliniques qui sont privées marchent du feu de dieu et les hôpitaux non ? L’irritation que provoque le gouvernement est due au fait qu’ aucun ministre n’a mis un pied dans une boîte, il faudrait leur faire faire des stages dans une PME. Il faut aussi mettre en place un dialogue social élargi."

Election au Medef

"A ETHIC, nous avons reçu tous les candidats à la présidence du Medef à l’exception de Patrick Martin [actuel président délégué de l’organisation patronale, ndlr]. Personnellement, je suis séduite par le discours de Dominique Carlac’h, actuelle vice-présidente et porte-parole du Medef, parce que c’est une sportive et entrepreneure de haut niveau et qu’elle innove en voulant notamment mettre en place une interpatronale qui consulte les différentes associations patronales comme Croissance Plus, le CJD, France Digitale et ETHIC...

Ce que j’attends du futur président de l’organisation patronale? Que les entrepreneurs soient écoutés par l’Etat parce que l’entreprise est l’unique force vive de la France. Et qu’il inverse le rapport de force que l’on connaît et qui s’est installé avec trois organes dits représentatifs : le Medef, la CPME et l’U2P qui étaient reçus en début de semaine à Matignon par la Première ministre. De l’autre côté, on a les mêmes syndicats, avec les mêmes personnes depuis vingt-cinq ans. On ne peut pas faire du neuf avec du vieux. De la même façon qu’il y a une intersyndicale, il faut une interpatronale.

Il est aussi nécessaire de changer les fondamentaux sur lesquels le pays fonctionne de plus en plus mal. Pas en faisant des révolutions mais en simplifiant, en expliquant aux gens la pédagogie de base. Je ne suis pas contre l’Etat régalien qui incarne la République mais contre l’Administration.3

Fraude fiscale

"Le gouvernement, en la personne de Gabriel Attal, ministre délégué aux Comptes publics, s’est engagé à intensifier sa lutte contre la fraude fiscale. Pourtant, la première fraude fiscale en France qui pourrait rétablir les finances de l’État, c’est la TVA et l’État ne s’y attaque pas. Oui, il y a de la fraude en France mais quel est le pays qui n’en a pas? Ensuite, si les entreprises du CAC40 fraudent, elles ne risquent rien car elles ont les meilleurs conseillers fiscaux, avocats et des filiales dans des pays étrangers où la fiscalité est meilleure. De même, pourquoi ennuyer les patrons de PME qui font de l’optimisation fiscale. Personnellement, j’optimise tout pour mon entreprise; c’est ce qui s’appelle être un bon patron."

 

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