Le gouvernement dévoile les chiffres de la crise économique à Monaco

Le volume des échanges avec l’extérieur, le chiffre d’affaires global, le nombre d’emplois et les créations d’entreprises sont en recul au premier trimestre. Seuls le BTP et les finances s’en sortent bien.

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Arnault Cohen Publié le 19/06/2020 à 18:56, mis à jour le 19/06/2020 à 18:57
Le nombre d’emplois a baissé de 3 % au cours du premier trimestre 2020 mais aucun licenciement lié au Covid n’a été déploré. Photo Michael Alesi / Dir. Com

Quatre fois par an, l’Institut monégasque de la statistique et des études économiques (Imsee) publie les principaux indicateurs socio-économiques du pays pour le trimestre. Pour la fiabilité des données, les chiffres sont toujours publiés avec un décalage de trois mois.

Ce vendredi, Sophie Vincent, la directrice de l’Imsee, a donc dévoilé les résultats très attendus d’un premier trimestre « extraordinairement atypique », selon les mots de Jean Castellini, le conseiller-ministre des Finances et de l’Économie, en raison de la crise du Covid.

Le premier trimestre 2020, en effet, est celui qui marque l’entrée de plain-pied dans la crise sanitaire et son corollaire, la crise économique mondiale. C’est dire combien ces premières tendances étaient attendues avec anxiété par les autorités monégasques.

Voici ce qu’il faut en retenir.

Le contexte

Le premier trimestre 2020 subit les premiers signes de la crise, dès février, et est marqué par un coup d’arrêt de l’activité le 16 mars. Il intervient de surcroît après deux années florissantes pour l’économie monégasque. Deux éléments à prendre en compte quand on sait que le premier trimestre 2020 est comparé ici au premier trimestre 2019. Ceci étant, il apparaît que tous les indicateurs ne sont pas au rouge.

Le commerce extérieur

Ce chapitre s’analyse hors les relations commerciales avec la France. Les indicateurs ne sont pas bons. Le volume des importations s’établit à 149,6 Me (-50,8 %) et celui des exportations à 173,1 Me (-40,9 %). Indéniablement, la Principauté n’a pas été épargnée par les répercussions de la crise mondiale sur les échanges de biens.

Le chiffre d’affaires

La baisse du chiffre d’affaires, de 2,6 %, est moins importante que ce que l’on pouvait craindre. Cela dit, le plus dur sera probablement à venir avec les données du trimestre suivant qui couvre la majeure partie de la période de confinement. Ce chiffre d’affaires en « légère baisse », comme l’estime Sophie Vincent, s’établit à 3 173,8 Me, comparable à 2016. Il masque toutefois de fortes disparités. Un euphémisme : les plus lourdes pertes s’affichent dans l’hébergement et la restauration (-28,5 %), le transport (-18,7 %) et l’industrie (-16,3 %). À l’inverse, les secteurs de l’immobilier (+25 %) et de la construction (+7 %) sont en pleine croissance au premier trimestre 2020.

Ce qui réjouit Jean Castellini : « Cent transactions de plus, +3,5 % en valeur, la bonne santé de l’immobilier signifie pour l’État une rentrée de TVA plus importante que prévu. » Une sacrée bonne nouvelle, si la tendance se confirme au cours du trimestre de tous les dangers, celui d’avril à juin, le cœur de la crise du Covid et du confinement.

Les finances

Le secteur bancaire traverse également la crise sans encombre. Il fait même mieux : malgré une évolution des actifs légèrement en baisse sur les douze derniers mois (-1,3 %), les dépôts sont en hausse (+5,4 %), tout comme le montant des crédits (+8,2 %). Le conseiller-ministre des Finances et de l’Économie se félicite ainsi de constater que « la place bancaire et financière monégasque est solide ». L’immobilier et la finance sont deux secteurs qui pourraient donc faire un bien fou au prochain budget de l’État, qui devra essuyer un déficit abyssal de 477 Me.

L’emploi

Au 31 mars 2020, l’Imsee totalisait 53 454 emplois privés en Principauté, tous types de contrats confondus, soit une baisse de 3 % par rapport à la même date, un an plus tôt. Le secteur le plus touché est celui de l’hôtellerie-restauration (-10 %). Le nombre d’heures travaillées chute également (-5%). Le nombre de salariés en Chômage total temporaire renforcé (CTTR) et les heures effectuées en télétravail ne sont évidemment pas inclus dans ce calcul.

Ce recul, Didier Garmerdinger, conseiller-ministre des Affaires sociales et de la Santé, l’explique principalement par le non-renouvellement des CDD et le non-recrutement des extras dès l’entrée dans la période de confinement. Toutefois, celui-ci annonce qu’il y a eu, à ce jour, « zéro licenciement lié au Covid ». Et ce, grâce à une loi votée le 11 mai pour interdire les licenciements abusifs pendant la crise (licenciement sans motif). En outre, sur les vingt demandes de licenciement introduites à l’Inspection du travail, « seule une dizaine ont obtenu un accord. Il s’agissait de procédures pour faute avérée ou déjà engagées pour motif économique mais indépendantes du Covid », assure Didier Gamerdinger.

Lequel en profite pour indiquer, à propos du télétravail qui a fait ses preuves au plus fort de la crise, que « le gouvernement entend le prôner jusqu’à la rentrée, là où c’est possible ». Des discussions sont d’ailleurs en cours avec l’Italie afin de modifier la convention italo-monégasque et donner ainsi un cadre juridique au télétravail avec le voisin transalpin. À l’instar de la France.

Les créations d’entreprises

Le nombre de créations d’établissements est en forte baisse par rapport à 2019 (-31,3 %). L’Imsee dénombre 123 radiations définitives ce trimestre contre 148 en 2019. Le solde reste toutefois positif (+37), même s’il est en recul par rapport au premier trimestre 2019 (+85).

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