Le bruit s'estompe. Plus la rue de La Turbie s'éloigne de la rue Grimaldi, plus l'artère se fait calme. Il y a moins de bruit. Moins de passage. Un peu moins d'animation, aussi.
Mais il ne faut pas s'y laisser tromper. Le calme relatif est illusoire. La rue vit. Des commerces et autres artisans occupent les rez-de-chaussée des immeubles qui bordent la rue.
D'accord, tous ne dépendent pas du passage. Dans beaucoup de ces commerces, les clients viennent avec une demande spécifique en tête.
La Table d'Emeraude, par exemple. Ici, dans son atelier niché tout au bout de la rue en direction de la gare, Nancy Carrère encadre ou restaure des tableaux. Elle est aussi l'une des doyennes de la rue. Vingt-trois ans qu'elle est là, dans son local où flottent les odeurs de bois.
"C'est un bon endroit pour travailler, juge-t-elle avec le recul. La rue est idéale pour les artisans. Parce que c'est calme, et qu'il y a un accès. C'est pratique."
Tant pis si des passants, il y en a moins qu'ailleurs.
"Moi, mon activité ne dépend pas du passage", poursuit-elle. Ambiance diamétralement opposée de l'autre côté de l'artère. Des gens pressés passent devant la rue, le bruit des voitures surnage.
La boutique Kiwi, qui propose vêtements et autres articles de plage, est installée là. Un endroit nettement plus propice à la clientèle de passage.
"C'est une rue qui vit, avec le marché", explique Elisabeth en se tournant vers la halle, derrière son épaule. Elle évoque encore la "dynamique" créée par la succession de commerces.
À quelques mètres de là, derrière le comptoir d'une autre boutique de vêtements, celle-ci plutôt pour enfants, Maria Pinto, la responsable de DPAM, évoque aussi cette dynamique.
Tant mieux: "Des gens nous découvrent tous les jours", lance-t-elle. Il y a "quand même du passage", même si souvent, "les gens ne viennent pas par hasard".
Dans les commerces de la rue, "les gens savent où ils vont", résume Valérie Colombani, du salon de coiffure Le Reflet de l'Art. Chez elle aussi, il y a tout de même du passage, surtout avec la sortie de la gare. "Les hommes s'arrêtent plus facilement, décrypte-t-elle. Et en vingt minutes, une demi-heure, c'est fait. Les femmes ont plutôt tendance à prendre rendez-vous." Elle est là depuis 2002. Et, en treize ans, elle a eu le temps de voir la rue évoluer. Surtout après la succession de travaux de ces dernières années - la chaussée a, notamment, été entièrement rénovée.
"On a beaucoup souffert à cause des travaux, restitue-t-elle. C'était affreux." Reste qu'aujourd'hui, la rue a changé de visage. "La rue repart, beaucoup de commerces ont ouvert", dit encore Valérie Colombani.
Notamment une petite boutique toute en longueur. Gold Time a ouvert ses portes il y a un peu moins de deux ans. Et depuis, répare les montres et autres bijoux ici. Le premier bilan est assez satisfaisant.
"Ce n'est pas comme la rue Grimaldi, mais on commence à avoir une clientèle, des habitués", avance Lisa Bertero, qui travaille dans cette affaire familiale.
"Des gens rentrent pour nous voir travailler, pour regarder les outils" ,sourit-elle avec un geste de la main.La preuve que l'artère est quand même passante. Même si plus la rue Grimaldi s'éloigne, plus le bruit s'estompe.
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