"Un engin plus fragile, plus difficile à entretenir seul": la réparation de trottinettes électriques, tout un business à Nice
La trottinette électrique est de plus en plus courante dans nos rues. Une progression qui crée de nouveaux emplois: les réparateurs. Mais l’offre ne croît pas aussi vite que la demande.
Article réservé aux abonnés
B.GPublié le 18/09/2023 à 07:30, mis à jour le 17/09/2023 à 15:53
Aslan Magamadov dans son magasin Azur Trottinettes, vendredi 15 septembre. En dix-huit mois, le jeune homme a multiplié son activité "par trois ou quatre".Photo Frantz Bouton
C’est une échoppe sans prétention, tout au bout de la rue Dante à Nice. Un petit espace pour recevoir la clientèle et exposer les modèles de trottinettes électriques à la vente, et une arrière-boutique à peine plus spacieuse pour les réparations.
Jusqu’à 10.000 euros de chiffre d’affaires
"J’ai ouvert en mars 2022. Au départ, j’étais seul, je faisais une centaine de réparations par mois pour un chiffre d’affaires de 2.500 euros environ", raconte le gérant d’Azur Trottinettes, Aslan Magamadov.
Un an et demi plus tard, ils sont deux à temps plein, le nombre d’interventions a été multiplié "par trois ou quatre" et, "les bons mois, le chiffre d’affaires peut atteindre 10.000 euros". Une croissance à grande vitesse que le patron des lieux explique par "une campagne de pub, la fidélisation des clients" mais surtout "par une demande de plus en plus importante".
Le nombre de trottinettes électriques explose littéralement en France depuis quelques années: près de 2,5 millions d’exemplaires ont été vendus ces trois dernières années, selon les chiffres de la Fédération des professionnels de la micro-mobilité. Trois fois plus que lors des trois années précédentes.
"Croissance permanente"
Fatalement, le besoin en termes de maintenance, d’entretien et de dépannage suit la même courbe ascendante. "La réparation de trottinettes a explosé", confirme Jérôme Vantard, qui a ouvert la boutique BiciclettaShop il y a dix ans, rue Defly. Et s’il a préféré arrêter d’en vendre ("la grande distribution a pris le marché"), son activité de réparation ne cesse de se développer. "On a augmenté l’amplitude horaire et renforcé les effectifs".
Le constat est exactement le même chez Nissalentours, un loueur et réparateur de vélos et trottinettes électriques installé boulevard Gambetta. "Quand on a ouvert, en mai 2022, on ne s’attendait pas à avoir plus de trottinettes que de vélos; or on n’a presque que ça", étaie la fondatrice Tiffany Hubert.
"C’est un engin plus fragile, plus difficile à entretenir seul", décrypte Guillaume Ferraro, directeur de la boutique Vélocity, rue de la Buffa, où la trottinette a rapidement damé le pion au vélo, le cœur de métier d’origine: "Notre atelier connaît une croissance permanente. Aujourd’hui, on doit réparer cinq trottinettes pour un vélo."
Pas de formation officielle
Si la demande croît rapidement, ce n’est pas forcément le cas de l’offre.
Les réparateurs de vélos s’y sont mis, et des spécialistes de la trottinette électrique ont vu le jour. C’est le cas de Mécatronice, rue de Rivoli, lancé en 2022 par Mendi Aittahar et son associé. "On est peu nombreux mais on est tous pas mal occupés. Avec l’explosion de la trottinette, de nouveaux usagers de micro-mobilité sont apparus. Il y a une vraie demande, qui grandit vite, mais l’offre ne suit pas toujours."
"C’est plus difficile, il n’existe pas de formation officielle. On apprend sur le tas", éclaire le directeur de Vélocity.
C’est d’ailleurs ce qui motive le fondateur d’Azur Trottinettes à envisager de proposer des formations, lui qui accueille déjà régulièrement des stagiaires venus se former chez lui avant d’entamer leur activité.
Il vise la reconnaissance de l’État via le Répertoire national des certifications professionnelles et la certification Qualiopi. "On aimerait former des chômeurs pour créer de nouveaux emplois."
Le magasin "Bicicletta shop" est l’un des premiers à s’être mis à la réparation de trottinettes électriques à Nice.
Photo Dylan Meiffret.
Bientôt plus de trottinettes que de vélos ?
Selon les chiffres de la Fédération des professionnels de la micro-mobilité, il se vend davantage de trottinettes électriques que de vélos électriques en France depuis 2019. Sont-elles désormais plus nombreuses? "C’est difficile à dire car ces engins ne sont pas immatriculés, décrypte Guillaume Blanchard, président de l’Association nationale des utilisateurs de micro-mobilité électrique. On sait quand ils entrent dans le parc, pas quand ils en sortent."
Sur les pistes cyclables de Nice, quelques dizaines de minutes d’observation suffisent à se faire une idée précise: les vélos sont encore (très) largement majoritaires. En centre-ville, sur les axes des trames vertes, comme sur la Prom’.
Malgré ses avantages (plus pratique, plus compacte, moins volée, moins chère…), la trottinette pâtit de son aspect accidentogène et souffre d’une "mauvaise image", constate Tiffany Hubert, de Nissalentours, qui loue d’ailleurs davantage de vélos que de trottinettes. Et la communauté des cyclistes partage un "état d’esprit" (dixit Guillaume Ferraro, de Vélocity) que n’ont pas vraiment les usagers des trottinettes.
commentaires
ads check
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! :)
Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.
Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.
Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.
Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.
Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.
commentaires