C'est une théorie qui a été développée par Émile Boirac en 1876. On appelle cela le déjà-vu. Une première séance d'étude du budget rectificatif avec une charge d'une partie des élus de la majorité contre le gouvernement menaçant de voter contre.
Un pas en avant du ministre d'État, dans la recherche du consensus. Et le "non" se change en "oui". En douze « oui », pour adopter le budget rectificatif, ce mercredi soir au Conseil national.
Un vote marqué par dix abstentions, d'élus de tous les courants. Et par le "non" maintenu de Jacques Rit, resté fidèle au rapport de la Commission des finances.
Le spectacle a été le même qu'en 2013 et 2014. Et ce mercredi soir, un public étonnamment nourri pour la Haute assemblée était venu assister à l'épilogue de cette session budgétaire lourde politiquement.
Aujourd'hui, Laurent Nouvion veut croire à "de nouveaux équilibres" entre l'assemblée et le gouvernement.
"Le budget en interne a reflété un fort mécontentement quant à la façon dont la Haute assemblée avait été traitée et considérée jusqu'à présent par le gouvernement. C'est à ce moment d'ultimes tensions, relayées par les élus, qu'il a fallu en quelque sorte rouvrir la porte."
Un président qui assure que "seule l'action conjointe du gouvernement et du Conseil national permettra de faire oublier ces semaines et ces mois de tension".
Mais un président qui a essuyé les critiques de l'opposition.
Et les désillusions d'une partie de sa majorité. À commencer par celle du rapporteur du projet de loi, Marc Burini, qui s'abstient, "ignorant si, à l'avenir, les déclarations d'intentions du gouvernement seront suivies de faits".
Thierry Poyet, lui, évoque "une rentrée politique pas à la hauteur".
Et lance des regrets, "du côté du Conseil national, j'attendais une communication thématique permettant d'aborder les séances publiques en position de force, que le gouvernement comprenne que son partenaire institutionnel attendait beaucoup plus de sa part (...). Il est hors de question de se retrouver une nouvelle fois dans le prisme que nous avons vécu au sein de la majorité ces dernières semaines, avec un cap bien trop changeant à mon goût".
Fissures
Jean-Charles Allavena ajoute: "Critiquer le gouvernement ne doit pas nous empêcher de balayer devant notre porte. Je ne suis pas seul, loin de là, à observer ces errements internes. Mon problème, c'est que, après deux ans et demi, je ne vois pas l'espoir d'une amélioration future."
Des fissures au sein de la majorité, observées par la minorité qui en fait son festin. Bernard Pasquier (UDM) ironisant "sur une compétition de course à plat ventre".
Et Jean-François Robillon (UDM) taclant: "Comme MM. Burini, Steiner et Rit doivent se sentir seuls! Eux que la présidence a désignés pour défendre la ligne dure initiale, doivent avoir la sensation d'avoir été lâchés, floués, abandonnés en rase campagne. Car, petit à petit, M. Nouvion s'est rangé bien sagement derrière le ministre d'État dans son attitude et dans ses paroles."
Ambiance…
Prochaine session, le 26 novembre pour une séance législative.
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