Cédric Herrou: "On arrose plusieurs fois par jour, en petite quantité"
"Je ne suis pas du genre angoissé, mais la situation est assez flippante", avoue Cédric Herrou. L’agriculteur installé à Breil-sur-Roya manque d’eau. La source principale qui alimente son terrain, située en amont du village, est "tarie depuis un mois et demi". Il est obligé de pomper dans sa "source de sécurité » pour arroser son exploitation d’oliviers et abreuver ses poules qui souffrent de la chaleur.
Et la situation n’est pas franchement mieux du côté du chemin de Veïl, où le quadragénaire cultive ses fruits et légumes. "Le vallon de Caïné coule normalement le long du terrain. Là, on a tiré plus de 400 mètres de tuyaux pour avoir de l’eau. C’est inquiétant."
Une situation imputée à la sécheresse et la canicule, mais aussi à la tempête Alex. "Les cailloux ont cassé la couche de calcaire imperméable du ruisseau, pointe l’agriculteur. L’eau s’infiltre plus facilement dans le sol."
Restrictions: "On fractionne l’arrosage"
Bilan: l’eau potable manque et sa consommation est fortement limitée. La Roya étant placée au stade de crise sécheresse par la préfecture, l’arrosage est purement interdit pour les usages particuliers et agricoles. Seules les cultures maraîchères et spécialisées peuvent être arrosées de 19h à 9h, à condition de réduire d’au moins 40% les prélèvements.
Sur ses 5 hectares d’exploitation, Cédric Herrou utilise un système de goutte à goutte qui n’est - comme la micro-aspersion - pas concerné par ces mesures. "On fait gaffe à l’eau: on a sept programmateurs qui nous permettent de fractionner et d’arroser plusieurs fois par jour, en petite quantité", détaille le fondateur d’Emmaüs Roya qui emploie trois salariés et fait travailler neuf adultes en insertion.
"Pour l’instant, on gère. On court un peu, dès qu’il faut réamorcer un tuyau pour remplir notre bassin. Mais ça reste facile pour nous, parce qu’on est jeunes et à plusieurs. Je n’imagine pas ce que c’est pour les petits vieux."
Inquiétudes sur l’avenir
Il n’imagine pas non plus ce que ce sera à l’avenir. "Personne n’a jamais vu de sécheresse aussi forte et j’ai l’impression que ce n’est pas pris au sérieux. Le préfet sort des arrêtés, mais personne ne nous demande si ça va. Il n’y a pas de réunion publique, pas de réflexion commune sur le devenir de l’agriculture alors que notre métier c’est de donner à manger aux gens."
"Le réchauffement climatique est là, conclut-il. Il y a toutes les conditions pour se reprendre une tempête dans la gueule. Si on ne le comprend pas maintenant, on ne le comprendra jamais."
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