Il y a 2 ans presque jour pour jour, la Principauté et ses entreprises entraient en confinement. Un arrêt brutal mais indispensable pour protéger la population de la crise sanitaire et qui a pesé lourdement sur l’économie du pays et fait chuter la plupart des indicateurs.
Toutefois, 2021 montre des signes incontestables de reprise. Et les chiffres du bulletin trimestriel de l’IMSEE (Institut monégasque de la statistique et des études économiques, ndlr)pour le 4e trimestre 2021, "l’attestent à plus d’un titre", assure Jean Castellini, conseiller de gouvernement-ministre des Finances et de l’Économie.
16 milliards d’euros de chiffre d’affaires
"Pour la première fois, le chiffre d’affaires de la Principauté, hors les activités financières et assurances, dépasse les 16 milliards d’euros et les créations d’établissements continuent d’être en hausse."
En effet, le chiffre d’affaires du pays est en hausse de 1,9 milliard d’euros par rapport à 2020 et de 1 milliard par rapport à 2019. "Hormis l’immobilier, tous les secteurs sont en progression par rapport à 2020, expliquent le directeur de l’IMSEE, Alexandre Bubbio. Le plus gros de la hausse, s’explique par les résultats du commerce de gros et de détail avec respectivement, +20,9% et +25,4%. Sur le commerce de détail, c’est en particulier l’automobile, l’habillement, les bijouteries qui ont fait la différence. Des commerces qui étaient fermés en 2020. C’est ce qui explique aussi cet écart."
Une reprise encore à consolider
Néanmoins, ces résultats très positifs sont à nuancer par rapport à 2019. Les résultats de quelques grands secteurs clés de l’économie monégasques sont à consolider. C’est le cas de l’hôtellerie-restauration ou de l’immobilier. Si les indicateurs sont orientés à la hausse par rapport à 2020, ils restent en deçà de leurs niveaux d’avant la pandémie.
Et Jean Castellini de conclure: "Cette reprise doit être consolidée dans un environnement qui réserve encore une forte part d’incertitudes. Liées d’une part à la circulation du virus mais aussi du conflit en Ukraine."
Situation encourageante pour l’hôtellerie-restauration
C’est certainement le secteur qui a le plus souffert de la crise. Si bon nombre de secteurs retrouvent leur niveau économique d’avant crise, il faudra un peu plus de temps à l’hôtellerie-restauration pour absorber complètement les conséquences de l’année 2020 sur son activité.
Plus de touristes en 2021
Toutefois, les indicateurs de l’hôtellerie sont quand même tous orientés à la hausse en 2021. Les arrivées de personnes ont augmenté, passant de 172.000 en 2020 à 220.000 en 2021. "Ces personnes sont restées plus longtemps, en moyenne 2,6 jours. Cela entraîne une forte progression du nombre de chambres occupées: +44% par rapport à l’an dernier", explique Alexandre Bubbio. Mécaniquement, le taux d’occupation augmente pour s’établir à 41,6%. "C’est une très bonne nouvelle." Mais il reste encore du chemin à faire pour atteindre les 65,9% d’occupation constatés en 2019.
Dans le détail mensuel du taux d’occupation, les chiffres laissent à penser qu’on est sur la bonne voie. "Le secteur bien performé depuis l’été, avec des résultats de septembre à décembre qui sont quasiment équivalents à ceux de 2019. Mais ce n’était pas le cas au début de l’année où l’écart était plus marqué mensuellement."
Les restaurants optimistes
Du côté des restaurants, la tendance semble aussi à l’optimisme. Les représentants du secteur ont été reçus par le ministre d’État, Pierre Dartout, et le conseiller de gouvernement - ministre des Affaires Sociales et de la Santé, Didier Gamerdinger cette semaine. "Les opérateurs économiques ont joué le jeu en 2021. Nous n’avons pas connu de deuxième confinement ou de fermetures totales de restaurants, contrairement à certains voisins. Évidemment le soir il a fallu affecter l’activité des restaurateurs. Lorsque le ministre les a reçus [mercredi], ils ont témoigné du fait que c’était une année qu’ils avaient plutôt bien traversée et que leur activité était en train de redémarrer", rapporte Didier Gamerdinger.
Notons par ailleurs que les croisières n’avaient toujours pas repris en 2021. "Il était prévu qu’elles reviennent au deuxième trimestre 2022", estime Jean Castellini.
2.000 emplois supplémentaires dans le secteur privé
Avec 2.000 emplois supplémentaires par rapport à 2020, la Principauté totalisait 56.999 emplois dans le secteur privé à la fin de l’année 2021. "Ce nombre dépasse pour la première fois le niveau d’avant crise, avec 128 emplois de plus par rapport à la même période en 2019", détaille Alexandre Bubbio.
"Nous avons effacé la crise, du point de vue de l’emploi", poursuit Didier Gamerdinger, conseiller de gouvernement - ministre des Affaires Sociales et de la Santé.
Tous les secteurs économiques ont progressé. Celui de la construction enregistre la plus grosse augmentation de main-d’œuvre: +483 emplois par rapport à la période d’avant crise. L’hébergement-restauration, en revanche, "reste très pénalisé par la situation actuelle" et compte une centaine d’emplois en moins qu’au dernier trimestre 2020, estime d’IMSEE.
Moins de demandeurs d’emploi
Ce retour à l’emploi, pour la plupart des secteurs, se traduit par une baisse des demandeurs d’emploi. "Nous sommes sur des niveaux historiquement bas, commente Didier Gamerdinger. Fin décembre 2021, nous enregistrions 720 demandeurs d’emploi au total. En décembre 2019, avant la crise, ils étaient 756. En décembre 2018, 825. On voit que la Principauté continue à créer de l’emploi et est en capacité de proposer de l’embauche, des postes pérennes."
Le prix au m2 dépasse les 50.000€
Le marché de l’immobilier progresse par rapport à 2020 sans toutefois retrouver son niveau de 2019. Le nombre total de transactions augmente (+7,1%) de même que les montants (+7,3%).
Dans le détail. Il y a eu 23 transactions pour 236 millions d’euros sur le marché du neuf, avec un bien sûr trois vendu sur plan. Le marché des reventes dépasse à nouveau les 400 transactions pour plus de 2 milliards d’euros.
"Bien qu’on n’ait pas retrouvé les niveaux de 2018 et 2019, qui ont été des années assez exceptionnelles, le prix au mètre carré dépasse la barre symbolique des 50.000 euros puisqu’on est quasiment à 52.000 € le mètre carré en Principauté", indique Alexandre Bubbio, qui précise que ce prix a augmenté de "près de 75% en 10 ans".
Héliport: deux tiers de passagers en moins
Le transport aérien est toujours à la peine. L’héliport a enregistré 15 627 mouvements en 2021. C’est nettement mieux qu’en 2020 (11.392) mais on est bien loin des 32 222 rotations effectuées en 2019.
"Par rapport à 2019, le nombre de rotations a baissé de moitié et le nombre de passagers est inférieur aux deux tiers. Ce sont des résultats moins bons que sur les autres secteurs. On est très loin d’avoir récupéré le niveau d’avant crise", constate Alexandre Bubbio.
Le chiffre
825. C’est le nombre d’entreprises créées en Principauté en 2021 (763 en 2020 et 882 en 2019). "Les radiations sont assez stables, ce qui nous fait 356 créations nettes sur une année. C’est quasiment un agent économique par jour qui a été créé en Principauté en 2021. Il y a évidemment des secteurs qui performent plus que d’autres, notamment les activités scientifiques et techniques et de services administratifs, qui sont quasiment toutes des activités de soutien aux entreprises. Avec à elles seules 300 créations d’activités sur l’année", détaille Alexandre Bubbio.
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