Heures de travail décalées: patrons et salariés divisés

Pour éviter les bouchons quand les pendulaires convergent vers Monaco, le décalage des horaires est une piste qui intéresse les employeurs. Les syndicats ont d'autres pistes de réflexion

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Joëlle deviras Publié le 16/03/2016 à 05:13, mis à jour le 16/03/2016 à 05:13
Tous les matins et soirs, du lundi au vendredi, des kilomètres de bouchons bloquent les accès qui convergent vers la Principauté. Photo archive N.-M.

Des salariés qui commencent et finissent à la même heure et roulent au pas dans leur voiture. C'est le tableau quotidien du réseau routier autour de Monaco tous les matins. Et un casse-tête pour les décideurs qui tentent de conjuguer développement économique et qualité de vie.

Le nouveau ministre d'État Serge Telle, puis Laurent Nouvion, se sont dit favorables à une mesure qui décalerait les horaires de travail, le matin et le soir, pour lisser la circulation. Une position que partage également la Fédération des Entreprises monégasques (FEDEM).

La réouverture de la sortie de Beausoleil

Son président Philippe Ortelli souligne : « Pour lutter contre ce fléau des temps modernes, il n'y a malheureusement pas de remède miracle unique. Il faut en revanche accélérer la mise en place d'un dispositif multiple avec des mesures opérationnelles immédiates et des investissements pour l'avenir. Aucune piste ne doit être écartée. »

Philippe Ortelli attend également une solution avec une voie supplémentaire : la sortie de Beausoleil. « En mesure immédiate, il me semble que nous attendons des nouvelles pour ce qui concerne la réhabilitation et la réouverture de cette sortie sur l'autoroute car cela permettra de répartir le flux spatialement comme le décalage le permettra temporellement. (...) Il y a des stratégies importantes à déterminer : l'amplitude des décalages - parfois des tranches décalées de 20 minutes peuvent avoir un impact fort en cas de cadence intense des transports en commun, le ciblage des organisations et entreprises concernées,... Et bien sûr il faut l'adhésion des salariés pour une mission collective. »

Des horaires déjà décalés

L'adhésion des salariés, ce n'est pas tout à fait gagné. Pour l'Union des Syndicats de Monaco (USM), l'étalement des horaires des pendulaires « ne va pas changer grand-chose », souligne Olivier Cardot. Et pour accréditer sa thèse, le secrétaire général adjoint de l'USM note que la mesure s'applique déjà de fait. « Les horaires sont déjà décalés. L'industrie démarre à 6 heures, les commerces entre 5 et 9 heures, les banques entre 9 et 10 heures. S'ajoute une autre salve pour déposer les enfants à l'école à 8 h 30… » Les syndicats imaginent bien d'autres mesures pour éviter les bouchons : « Les salariés devraient avoir un domicile à Monaco ou dans les communes limitrophes. » Une idée à laquelle tout le monde rêverait, bien sûr.

Des horaires décalés pour les véhicules de chantier

Amplitude des décalages d'horaires de travail, ciblage des organisations et entreprises concernées, adhésion des salariés. C'est selon ces trois axes qui s'inscrivent dans « une mission collective » que la Fédération des entreprises monégasques va ouvrir les discussions. « Elle proposera un débat interne aux différentes branches qui la composent, explique Philippe Ortelli, président de la FEDEM. Les horaires décalés peuvent aussi concerner d'autres activités hors salariés et entreprises. Je pense, par exemple, aux véhicules liés aux différents et importants chantiers de la Principauté. La problématique est simple, si on les autorise à arriver avant le flux massif de l'hyper-pointe sur les chantiers, et qu'ils peuvent donc repartir en décalé par rapport au flux sortant, alors nous aurons encore réalisé une avancée. »

Une chose semble certaine pour tous : il n'y a pas de solution miracle, mais de multiples mesures à mettre en place qui demandent l'adhésion de tous. « La lutte contre les problèmes d'accès à Monaco doit voir la mobilisation de tous, politiques, autorités administratives, groupes de transport, entreprises, et bien sûr salariés. »

Les syndicats veulent un « droit au logement » pour les salariés

L'Union des Syndicats est claire : « Nous avons des revendications sur le logement des salariés soit à Monaco, soit dans sa périphérie », note Olivier Cardot. Le secrétaire général adjoint explique : « Nous voulons un financement de la politique de logement social. Il faudrait un droit au logement après cinq ans d'activité salariale. Seraient impliqués l'État, les employeurs et les propriétaires du secteur libre par une taxe appropriée. »

Pour les syndicats, cette solution dépasse largement le bénéfice de la circulation fluidifiée.

« À proximité de son emploi, le salarié va pouvoir aménager sa vie différemment. De plus, vivant " sur place ", il crée de la richesse puisqu'il achète et consomme à Monaco. Cela permettrait de surcroît de ne pas avoir une ville morte le week-end. »

Si le logement est une priorité pour l'USM, des propositions sont également faites concernant les transports et la circulation. « Il doit y avoir un véritable service public pour les communes limitrophes avec des transports qui seraient payés par l'employeur, la gratuité dans l'agglomération et des réductions famille nombreuse. »

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