Fleuristes, carrossiers, gérants d'un club de fitness..., la génération Y se lance dans l'entrepreneuriat à Menton

Nous sommes partis à la rencontre de ces jeunes entrepreneurs qui s'implantent à Menton. Fleuristes, carrossiers, gérants de club de fitness ou d'une auto-école... Ils dynamisent le secteur et permettent aux commerces de proximité et à l’artisanat de perdurer. Zoom!

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Alice ROUSSELOT et Stéphanie WIELE Publié le 24/09/2018 à 11:00, mis à jour le 30/01/2020 à 15:16
Âgée de 31 ans, Jennifer Rizzo travaille au marché du Careï. Photo JFO

Devenir son propre patron… Ils l’ont rêvé et ils l’ont fait! Sur Menton et sa région, de plus en plus de jeunes entrepreneurs se lancent dans l’aventure, encadrés et accompagnés par la plateforme "Initiative Menton Riviera".

Reprise ou création d’entreprise, en famille, entre amis ou seul… il y a autant de profils de dirigeants que de métiers d’avenir! Mais pour tous, il faudra s’investir à 100%. Car il ne suffit pas d’avoir son business et une imagination fertile pour mettre au monde une success story.

Il faut aussi savoir se différencier des autres. Prendre des décisions. Innover. Se tromper. Se relever. Et peu à peu – avec l’expérience des années – endosser le costume-cravate très respecté du chef d’entreprise. Fleuriste, tailleur de pierre, carrossier, responsable d’une auto-école ou d’un centre de beauté…

Rencontre avec des jeunes talentueux qui – par leurs idées et leur volonté sans faille – dynamisent le secteur et permettent aux commerces de proximité et à l’artisanat de perdurer.


En 2017, sur 53 nouveaux entrepreneurs accompagnés et financés par la plateforme économique "Initiative Menton Riviera", 24 % avaient moins de 30 ans. Ce qui laisse à supposer que la quasi-totalité des jeunes entrepreneurs du secteur de la Carf* est passée par les bureaux de la rue Gréville. Sandra Paire, présidente de l’association et Cédrick Hérisson, directeur nous dressent un portrait de ces jeunes hommes et femmes qui choisissent de se créer un emploi sur mesure.

Remarquez-vous une augmentation de jeunes chefs d’entreprise sur le secteur?
S.P et C.H: Par rapport aux premières années, beaucoup plus de jeunes franchissent le pas. Petit à petit, la notion d’entreprendre devient une éventualité dans le parcours des jeunes. Quand ils sont au chômage, ils savent qu’ils ont la possibilité de créer leur emploi. Cela s’est démocratisé. Le fait qu’une structure comme la nôtre les accompagne – du début à la fin – les aide à faire le premier pas.

Ne faut-il pas un caractère particulier pour devenir son propre patron?
C.H: Oui, je pense mais ça ne veut pas dire qu’il ne s’acquiert pas. L’aspect financier n’est pas la première motivation. Pour certains, l’autorité ne passe pas et ils préfèrent être leur propre patron.
S.P: Non, je pense surtout qu’il faut y croire, ne rien lâcher. Il faut savoir tenir quand l’agenda est vide. Il faut savoir s’entourer des bonnes personnes. Certains ont le sens des réalités, notamment, grâce à l’expérience de leurs parents.Cependant, la moitié n’en a pas et pense qu’elle va tout de suite gagner de l’argent.

Quels avantages et quels inconvénients?
C.H: le législateur a apporté beaucoup ces dernières années pour faciliter la création d’entreprise. L’accès aux informations est simplifié et la synergie entre les acteurs de l’aide à l’entrepreunariat est meilleure. Mais en parallèle, la concurrence est accrue. Il faut aujourd’hui s’accrocher dans une société de consommation. Un peu d’amateurisme pouvait passer avant, mais plus maintenant.

Quid de la reprise d’entreprise ?
S.P: Cela intéresse les jeunes car il y a déjà une réalité. On voit surtout ça dans l’artisanat et le commerce. Selon le secteur, la franchise peut être un bon tremplin. Car, dans ce cas, on vous fournit des documents qui préparent et consolident les études de marché.

Qu’attendent-ils tous de vous?
C.H: Un triptyque, c’est-à-dire le conseil, le financement et le réseau. De notre côté, on adapte nos outils aux évolutions actuelles. Par exemple, fin novembre, une dizaine de jeunes créateurs de Menton sera reçue à l’hôtel de région pour travailler sur la croissance de leur entreprise avec des «master class», coaching, ateliers.

Ces jeunes patrons sont-ils différents des précédentes générations?
C.H: Non ce sont les outils qui le sont. Disons plutôt que leur approche est différente. Aujourd’hui, les critères se sont durcis pour les jeunes qui se lancent. Il ne faut plus seulement un prix correct et un bon accueil, il faut également avoir un concept, une particularité. Ici, on est éloigné des grandes villes, où sont généralement inventées les nouveautés. Du coup, il y a un décalage qui permet – quand on a le nez fin – d’être les premiers sur le secteur de la Carf. On voit de plus en plus émerger cette idée dans les domaines du bien-être ou du bio. Mais, pour ces jeunes plein d’idées, il faut aller encore plus loin. Notamment être présent sur le numérique.

Les réseaux sociaux peuvent-ils être un atout?
S.P: Dans une région qui fonctionne avec le bouche-à-oreille, oui.C.H: Beaucoup nous disent que le numérique les aide. Ils intègrent leur présence sur les réseaux sociaux dans leur business plan. Si on n’est pas dans cette dynamique, cela devient compliqué, même pour les commerces de proximité. Pour les aider, nous organisons justement des formations numériques.

*Communauté d’agglomération de la Riviera française.


fleuriste: une reprise et une création d’entreprise

Jennifer a changé radicalement de vie pour reprendre l’entreprise de sa tante

Âgée de 31 ans, Jennifer Rizzo travaille au marché du Careï. Photo JFO.

"Je gérais une trentaine de personnes et j’avais un bon salaire. Mais, avec le temps, j’ai eu envie de privilégier la qualité de vie", témoigne Jennifer Rizzo.

Âgée de 31 ans, la jeune femme – originaire de l’Ain – a plaqué son travail dans le domaine de la logistique pour reprendre l’entreprise mentonnaise de fleurs "Les jardins d’Hélène".

Une boîte créée par sa tante. "Devenir fleuriste, c’était mon rêve d’enfant. Puis ma tante a décidé de prendre sa retraite. Je me suis dit que c’était le bon moment.J’ai passé mon CAP puis je me suis lancée à Menton."

Aujourd’hui, Jennifer Rizzo travaille quotidiennement (sauf le lundi) au marché du Careï. Un lieu qu’elle connaît très bien. "Ma tante a toujours travaillé sur ce marché. Je venais l’aider lorsque j’étais enfant. Du coup, j’y ai tous mes repères." Une reprise de flambeau qui fait la fierté de la retraitée mentonnaise.

"Je suis heureuse que l’entreprise reste en famille. Du coup, je continue à venir aider", confie Hélène Plain. "C’est une transition tout en douceur", ajoute Jennifer.

Après la perte de son emploi, Clélia a rebondi en créant sa propre boutique

Fleuriste, Clélia Serra a ouvert sa propre boutique dans le Careï. Photo JFO.

Après la perte de son emploi, la motivation de Clélia Serra aurait pu se faner… Mais bien au contraire, la fleuriste mentonnaise a décidé d’être son propre patron.

"La décision n’a as été facile à prendre car c’est un changement total de vie. Mais je voulais retrouver une liberté, notamment, dans la création des bouquets et je n’ai aucun regret!", précise la jeune femme.

Âgée de 27 ans, Clélia vient d’ouvrir sa boutique de fleurs dans le Careï, il y a tout juste un mois.

"C’était rassurant pour moi de créer un commerce à cet endroit car ma grand-mère vit juste à côté et je connais très bien le quartier et ses habitants."

Déterminée et motivée, la jeune fleuriste bourgeonne d’idées! Elle compte très bientôt proposer des "boîtes à chapeaux" de fleurs personnalisés.

une affaire de famille

Carrossier: un savoir-faire de père… en fils!

L’entreprise « Polycarconcept » a été créée en février dernier par Christophe et Raphaël Briand. Photo archives Monaco-Matin.

Basée à Fontan, l’entreprise "Polycarconcept" est une affaire familiale, lancée en février dernier par Raphaël Briand, âgé de 19 ans et son père Christophe.

"J’étais moi-même carrossier et mon fils venait juste d’avoir son diplôme spécialisé dans les matériaux composites et plastiques. Comme nous étions complémentaires, nous avons décidé de racheter un garage et de nous lancer. Aujourd’hui, nous avons toujours plus de clients", précise le patriarche.

Car l’entreprise ne connaît pas la crise… Elle est l’une des seules du secteur à refabriquer des pièces de voitures de collections comme les Renault 5 Turbo. Les deux artisans confectionnent également des objets design et viennent juste d’embaucher un mécanicien.

Géraldine, la mère de Raphaël devrait rejoindre la boîte familiale pour s’occuper de la partie administrative. En voilà une société qui carbure!

Body VIP: un concept sculpté par une fratrie

Laetitia, Bryan et Leslie La Sala ont ouvert leur centre de beauté et d’amincissement l’an dernier. Photo JFO.

"Pour nous, créer une entreprise représentait un vrai saut dans le vide", résument Laetitia, Bryan et Leslie La Sala, âgés respectivement de 34, 26 et 30 ans.

En juillet 2017, la fratrie – originaire de Saint-Laurent-du-Var – a ouvert le centre de beauté et d’amincissement "Body VIP". Située en plein cœur de ville à Menton, la franchise – également implantée à l’ouest du département – propose un concept unique.

"Menton n’avait pas ce genre de centre de beauté. Chez nous, les clients peuvent faire de l’aquabiking seul ou à deux. Le programme minceur est personnalisé." La franchise propose également un bar à ongles, un solarium mais aussi des séances de "body Sculptor", procédé novateur d’amincissement.

Milieu de l’esthétisme pour Lætitia, monde de la restauration pour Bryan et agent d’escale à l’aéroport de Nice pour Leslie… Aucun des trois n’avait de l’expérience dans la création d’entreprise.

"Ça nous a rassurés de franchir le pas en famille. Nous savions que chacun de nous serait très investi et que l’on pourrait se dire les choses avec franchise", détaille Bryan.

"Body VIP", entreprise façonnée par la confiance mutuelle.

Un oncle tailleur de pierre, ça ne laisse pas de marbre

Âgé de 24 ans, Loïs Bonsignore marche sur les traces de son oncle, graveur de pierre.

"À l’origine, j’étais titulaire d’un BTS dans le management des unités commerciales. Mais, je me suis rendu compte que cette formation ne me convenait pas. J’ai commencé à travailler avec mon oncle à Nice, dans son atelier. Il m’a transmis sa passion pour son métier."

Au point que Loïs est parti suivre une formation de graveur de pierre d’un mois dans les Vosges. "Il n’y avait pas de formation plus proche car c’est un métier rare et qui se perd…"

En janvier dernier, le Mentonnais a monté un dossier pour devenir auto entrepreneur. "Mon oncle était débordé et il m’a envoyé une partie de sa clientèle. Ça m’a aidé à me lancer."

Aujourd’hui, Loïs travaille principalement avec les marbreries et pompes funèbres. "Je réalise aussi des plaques commémoratives ou des plaques de maison pour des particuliers. Ma particularité, c’est que je n’ai pas de machine, je fais tout à la main."

Car l’achat d’un tel matériel coûte de l’argent. Du coup, le jeune entrepreneur doit trouver des systèmes D en attendant de voir plus grand. "Pour l’instant, je travaille dans l’atelier d’un ami car je n’ai pas la place chez moi."

Une nouvelle vie que Loïs va se bâtir pierre par pierre.

Un saut dans l’inconnu

Une auto-école, pour passer  à la vitesse supérieure

Âgée de 26 ans, Laetitia Tarantola a créé l’auto-école « Azur Drive » dans le Borrigo avec Jimmy Sevestre. Photo JFO.

Après plusieurs années comme employés dans une auto-école de Menton, Lætitia Tarantola et Jimmy Sevestre, âgés respectivement de 26 et 30 ans, ont décidé de mettre un coup d’accélérateur à leur carrière.

"Nous avions besoin de renouveau dans nos vies professionnelles. De plus, il n’existait pas d’auto-école dans cette zone du Borrigo. Aucun de nous deux n’avait d’expérience dans la création d’entreprise mais, il y avait une occasion à saisir et c’était le bon moment", explique la Mentonnaise.

"Azur Drive" a vu le jour sur l’avenue des Alliés en janvier 2017 et compte une centaine d’apprentis conducteurs. "Pour nous démarquer, nous essayons de créer une proximité et d’être un maximum à l’écoute de nos élèves."

Récemment, l’entreprise a reçu le label reconnu par l’État de "qualité des formations au sein des écoles de conduite". Un démarrage réussi"!

Connectés à la Riviera

Lucie et Adrien. Photo JFO.

Adrien Lavrat et Lucie Besnard – 25 et 24 ans – ont monté "Connect Riviera" au cours de l’été 2017, proposant des solutions de communication sur mesure. Pour les "secteurs phares de la Riviera": hôtels, immobilier, restaurants et sport. En un an, ils ont réussi à fidéliser près de cent clients – des plus petites structures aux mastodontes. Gestion des réseaux sociaux personnalisée, visite virtuelle des établissements, photos aériennes et terrestres…

Tout est mis en œuvre pour offrir la meilleure visibilité possible. Détenteur d’un master en communication internationale, Adrien gère les relations clients. Diplômée d’un Bachelor en tourisme de luxe, Lucie se charge du back-office.

Et si Adrien admet avoir des "racines entrepreneuriales", le couple de Castillon s’est surtout lancé dans l’aventure parce qu’il "n’aime pas avoir de limites".

La jeunesse? "C’est une force: on est nés avec internet. Nos clients savent qu’on a une maîtrise totale, ils sont en confiance."

Le secret de la réussite? "Nous ne ménageons pas nos efforts. Et nous avons su nous entourer de bons prestataires", assurent-ils. Conscients qu’il faut "avoir les épaules solides en attendant que tout se déclenche".

Amis d’enfance... et associés

Laurent Viale et Nicolas Antoine ont créé «Roya plaquistes» à Saint-Dalmas-de-Tende. Photo DR.

Âgés respectivement de 28 et 27 ans, Nicolas Antoine et Laurent Viale ont créé ensemble une entreprise dans le domaine de la décoration et du bâtiment à Saint-Dalmas-de-Tende.

"Nous sommes amis d’enfance et on a grandi ensemble. Puis, un peu par hasard, nous avons travaillé ensemble comme plaquistes dans une même entreprise. Un jour, le patron a pris sa retraite et nous avons décidé de créer notre propre société tous les deux", relate Nicolas Antoine.

Il y a deux ans, "Roya plaquistes" voit le jour. "Nous avons quelques entreprises mais surtout des particuliers qui font appel à nous, pour la pose de faux plafond, de cloisons ou d’isolation", rajoute le chef d’entreprise.

Un changement de vie plutôt bien vécu pour les jeunes amis.

"Car nous sommes sur la même longueur d’onde et nous avons la même façon de travailler." Avec quelques petits ajustements de début de carrière tout de même.

"La première année, nous avons eu beaucoup de paperasse à gérer. Cette année, nous avons trouvé le bon rythme de croisière et nous essayons de nous consolider avant d’envisager de s’agrandir."

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