"Être écoresponsable ça ne suffit plus aujourd’hui": le décryptage de Faustine Gambarini, directrice marketing du salon Luxe Pack à Monaco

Jusqu’à ce mercredi, 450 fabricants d’emballages font montre de leur savoir-faire au Grimaldi Forum de Monaco pour séduire les grandes marques de luxe. Décryptage par la directrice marketing de Luxe Pack.

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Julie BAUDIN Publié le 04/10/2022 à 15:00, mis à jour le 04/10/2022 à 11:13
La directrice marketing de Luxe Pack, Faustine Gambarini. Photo Jean-François Ottonello

À Monaco, un salon chasse l’autre. Après le Monaco Yacht Show sur le port Hercule, le salon professionnel Luxe Pack a investi le Grimaldi Forum jusqu’à ce mercredi. C’est, après le Monaco Yacht Show, le 2e salon de la Principauté en nombre d’exposants.

Durant trois jours, c’est là que va se jouer la grand-messe du packaging avec 450 exposants et 9.000 visiteurs représentant de très grandes marques de luxe. On fait le point sur cet événement avec la directrice marketing Faustine Gambarini.

Expliquez-nous ce qu’est Luxe Pack?
Il existe cinq salons Luxe Pack dans le monde [lire ci-dessous], et Monaco est le premier, créé il y a 35 ans. L’idée au départ c’est de faire un salon sur l’emballage créatif. Celui qui va jouer un rôle dans la décision d’achat. Qui va créer une émotion et apporter quelque chose au consommateur. Ce qui n’est pas pareil qu’un emballage logistique qui a pour seule fonction d’être utile en protégeant le contenu. Sur le Luxe Pack nous allons au-delà de cette fonction. C’est pour cette raison que nous sommes sur du haut de gamme; mais complètement multisecteurs.

Quels secteurs sont représentés?
Le parfum-cosmétique en majorité. Mais nous avons aussi sur le salon les vins et spiritueux qui est un marché hyper dynamique et très créatif. Et puis on a de l’épicerie fine, de la bijouterie, de la parapharmacie… Et puis on trouve toutes sortes d’emballages: des bouteilles, des bouchons, des tubes, des pots, des sacs…

C’est un salon prisé par les professionnels. Faites-vous une sélection des exposants?
Nous voulons regrouper ici les meilleurs savoir-faire du monde et nous sommes le seul salon dans la profession à sélectionner nos exposants. Aujourd’hui nous avons 450 exposants sur le salon, la moitié est internationale. Et ce qui est important, c’est que tous doivent répondre aux attentes, en termes de packaging, de nos visiteurs qui sont toutes les marques de tous les secteurs haut de gamme. Cette année, 52% de nos visiteurs sont internationaux. Nous allons chercher très très large car nous sommes les seuls au monde à proposer cette expertise-là.

"Nous étions des précurseurs"

Comment les sociétés se renouvellent dans le domaine du packaging?
Déjà, elles sont obligées de se renouveler sans cesse. Toutes les marques qui visitent le salon cherchent un packaging différenciant. Différenciant par son design, par ses performances, par son caractère écoresponsable. Et donc pour être différenciant il faut toujours se renouveler. Pour le coup, le luxe est un secteur qui est hyperprescripteur en termes de packaging car après, ça se développe sur d’autres produits.

Le luxe est un laboratoire pour tout ce qui concerne le packaging?
Dans tout ce qui est écoresponsabilité notamment, s’il n’y avait pas les grandes maisons de luxe pour accompagner les fournisseurs sur les innovations, pour les pousser, on n’arriverait pas à ce niveau d’innovation sur l’écoresponsabilité. C’est parce que derrière il y a des grandes maisons de luxe, comme Dior, Chanel… qui sont hyper ambitieuses sur leurs objectifs d’empreinte carbone que, du coup, les fournisseurs sont obligés de passer le pas. S’il n’y avait que la grande consommation derrière, il n’y aurait pas un tel levier d’excellence.

Qu’un emballage soit écoresponsable, c’est essentiel aujourd’hui?
Sur le Luxe Pack, nous avons lancé il y a déjà 14 ans notre compétition Luxe Pack in green qui permet d’élire l’innovation la plus écoresponsable de nos exposants. À l’origine nous étions des précurseurs. C’est une tendance qui s’est accélérée de manière exponentielle. On en arrive aujourd’hui à un bouleversement total au niveau des matériaux, ce qui n’était pas forcément le cas il y a quatorze ans en arrière.

Les fabricants face à des problèmes d'approvisionnement

Faire un packaging facile à recycler, ce n’est plus suffisant?
Aujourd’hui, l’exposant ne va pas seulement se contenter de faire un emballage qui se recycle. On va plus loin que le recyclage, on va aller vers la circularité.
Par exemple, faire un emballage en papier qui est aussi compostable, faire un packaging qui est un remplissable - le refeel - dont on parle beaucoup.
Ensuite, il faut aussi s’assurer que les utilisateurs vont faire cette démarche. Or on se rend compte pour l’instant qu’il n’y a toujours pas de taux d’adoption, notamment sur le refeel. Les marques travaillent là-dessus, pour rendre le packaging plus intuitif grâce au design. Il faut donc non seulement faire de la circulaire, mais aussi s’assurer jusqu’au bout de la chaîne que le consommateur le fait. On n’innove pas à un seul endroit de la chaîne, mais sur toute la chaîne.

Vous mettez cette année en avant le verre. C’est un matériau qui a la cote dans le packaging?
Notre position à Luxe Pack c’est de dire qu’il n’y a pas une matière mieux qu’une autre. Cette année c’est l’année internationale du verre donc on promeut le verre. C’est un matériau qui a des caractéristiques incroyables et qui se recycle à 100%. Mais c’est aussi dans la production un matériau qui a une empreinte carbone monstrueuse. Sans parler des problèmes d’approvisionnement en ce moment.

Les fabricants sont-ils confrontés à des problèmes d’approvisionnement?
Oui, sur le verre notamment, c’est extrêmement tendu. Il y a une usine de verre en Ukraine qui a été bombardée, à cause des prix du gaz deux verriers ont déjà fermé en France, Duralex et Arc. Les marques de vins et spiritueux aujourd’hui n’arrivent pas à se sourcer en verre. C’est très problématique. Sur le papier aussi c’est tendu. Ça l’est sur tous les matériaux, mais vu l’importance de ces deux-là dans le packaging, c’est particulièrement criant.

Le Lux Pack Monaco existe depuis 35 ans

Le Luxe Pack c’est un salon historique de la Principauté. Il existe depuis 35 ans à Monaco. "Au départ il avait lieu sous le chapiteau de Fontvieille et il a été un des premiers salons à s’installer dans le Grimaldi Forum à sa construction, explique la directrice marketing, Faustine Gambarini. Depuis, il a fait des petits à travers le monde: New York, Shanghai, Los Angeles et Paris. Mais celui de Monaco reste le plus important."

"Notre challenge c’est la rapidité d’accès pour nos visiteurs"

Elle poursuit: "Organiser ce salon à Monaco c’est un vrai challenge chaque année. On doit vendre de plus en plus la destination à nos visiteurs. Aujourd’hui notre plus gros concurrent c’est un salon parisien, et nos visiteurs nous disent que Paris, c’est beaucoup plus facile, plus rapide, moins cher.

Donc à nous d’avoir une proposition qui se démarque. Le cadre de Monaco, à part en ce moment le chantier de l’extension en mer, est un vrai atout pour attirer le visiteur. Notre énorme challenge aujourd’hui sur le Luxe Pack, c’est de travailler sur la rapidité d’accessibilité. Là aujourd’hui c’est compliqué, mais le gouvernement nous aide beaucoup à attaquer ce challenge."

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