Initiées par le prince Albert II en 2002, les relations diplomatiques entre Monaco et la Slovaquie ne datent pas d'hier. Mais elles ont certainement pris un virage sur le plan économique cette semaine. Fort des retours enthousiastes d'un Ambassador's lunch dédié à la Slovaquie en 2013, le président du Monaco Economic Board, Michel Dotta, a profité de la visite officielle du souverain à Bratislava pour emmener dix-huit représentants de sociétés monégasques. Le but : tisser des liens étroits avec un membre de l'Union européenne affichant une croissance régulière supérieure à 3 points. Et, à terme, établir des partenariats avec une nation à la pointe en terme de sécurité, d'informatique ou encore d'environnement.
« L'Europe centrale et l'Europe de l'Est utilisent la Slovaquie comme un tremplin pour leur économie. Nous avons l'ambition commune de renforcer nos échanges. Et ceci n'est pas un début, c'est le lancement officiel de relations permanentes », a avancé Michel Dotta lors du lancement de ce Forum économique de deux jours.
Mecaplast, l'éclaireur
Deux jours d'échanges au cœur d'un éco-quartier bâti au début des années 2000 à l'ouest de la capitale slovaque, à tout juste 60 kilomètres de Vienne. Là où architecture et œuvres d'art contemporaines épousent les courbes d'un aussi paisible que remuant Danube. Un pays vert (45 % de forêt) qui assume un virage écologique tout en entretenant l'exquis paradoxe de faire reposer son économie florissante sur l'industrie automobile. L'auto, une locomotive pour ce pays encore dépendant des ressources naturelles russes, au point qu'aujourd'hui, l'équivalent de 191 voitures par habitant sont fabriquées chaque année ! Soit le ratio le plus important de toute l'Union européenne. D'où ce surnom de « grand gagnant de l'Europe » attribué par nombre d'économistes à la Slovaquie.
Fief de cette production frénétique, la ville de Trnava accueille ainsi les plus grands (Porsche, Volkswagen, Peugeot…) et, depuis 2015, un équipementier automobile bien connu des Monégasques : Mecaplast. Une référence qui ambitionne, à horizon 2019, de doubler ses effectifs et atteindre les 44 millions d'euros de chiffre d'affaires (contre 6 en 2016). Reste que cette industrie masque quelques inégalités avec l'Est du pays (infrastructures et formation), un retard en terme de recherche et de développement, voire une dépendance avec des partenaires historiques tels que l'Allemagne.
Le président de la République, Andrej Kiska, a mis en avant les points positifs lors de sa rencontre avec le prince Albert II. « Nous avons un déficit budgétaire maîtrisé, un taux de chômage en baisse, et beaucoup d'entreprises propriétés d'étrangers… » Et de citer un président de société allemande ayant vanté « la qualité de la production locale » ainsi que la « motivation des employés slovaques » [salaire moyen de 600 euros par mois, NDLR]. Le tout dans un contexte d'instabilité chronique du pouvoir abordé par Andrek Kiska. « Certains Slovaques se plaignent que le pays ne grandit pas plus vite. Ce n'est pas vrai et c'est à tout le monde de faire des efforts pour avancer. » En filigrane, une main tendue à Monaco en terme de partenariat et d'investissement dans un pays qui ne saurait être une terre de spéculation à court terme.
« Nous sommes un pays très pauvre et peu connu dans le monde entier. Nous pouvons tirer des leçons de Monaco comme sur la promotion du tourisme [environ 15 % du PIB monégasque, NDLR]. »
"Vous devriez être dans le Top 20!"
D'où l'écoute attentive de la délégation slovaque lors de la présentation de Guillaume Rose, directeur du Tourisme et des Congrès. « Le tourisme est toujours le premier employeur d'un pays et permet de développer l'économie, les infrastructures, voire diffuser la pratique de l'anglais. Ils ont un potentiel très fort au Nord-Est avec les Tatras. Le tourisme vert y est très développé et, d'une manière générale, leur diversité verte les place sur le même segment que l'Autriche. J'ai soumis l'idée de partenariat avec Monaco sur de grands salons, surtout l'automobile. »
« Vous êtes le 22e partenaire de Monaco en terme d'exports et le 21e en terme d'imports. Après ces deux jours, vous devriez être dans le Top 20 ! », a avancé Michel Dotta. Un appel non dissimulé à la signature de contrats lancé par le prince Albert II, quelques minutes auparavant, au Palais présidentiel : « Je sais le souci d'excellence dans nos relations et je suis convaincu que les liens tissés permettront de saisir de nombreuses opportunités. »
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