Comment les diffuseurs de rencontres sportives luttent contre les retransmissions piratées

Diffuser une vidéo d’un match sur les réseaux sociaux peut être considéré comme du piratage. Au Sportel Monaco, les professionnels du domaine s’organisent pour trouver des solutions et harmoniser la lutte

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Ludovic Mercier Publié le 24/10/2018 à 08:38, mis à jour le 24/10/2018 à 08:39
La Liga espagnole s’attaque aux pirates grâce à un logiciel interne appelé le Marauder. Photo C.D.

Confortablement installé dans les tribunes d’un stade, alors que le match bat enfin son plein, vous sortez votre téléphone et vous lancez un Facebook live. "Si vous diffusez en privé, auprès de quelques amis, ce n’est pas vraiment un problème car il n’a pas d’impact fort sur le business model. Par contre, si vous diffusez cela publiquement, là, ça va poser problème, et nous avons des accords avec Facebook, qui nous permettra de faire fermer votre compte", explique Bastien Casalta, fondateur de TMG, une entreprise spécialisée dans la lutte contre le piratage. Et tout ça en quelques minutes.

Des milliards de droits

Parce que le vrai problème, c’est que les droits de diffusion des matches de foot ou de basket, ça coûte un sacré paquet d’argent aux chaînes et groupes audiovisuels, et ça représente une importante source de revenus pour les ligues: 2 milliards d’euros pour la prochaine saison de La Liga espagnole (international et national confondus), 1.15 milliard pour la Ligue 1 Conforama.

La NBA ne dévoile pas ses chiffres, mais confie quand même que cela constitue la majeure partie de ses revenus. Il faut donc agir.  TMG, qui est le partenaire technologique de la Ligue 1, explique: "Nous avons un réseau déployé dans tous les pays du monde, ce qui est très important car le piratage est global. Les serveurs qui hébergent le flux de diffusion peuvent être aux Pays-Bas, ou en Amérique latine ou ailleurs." 

Alors, grâce à ces partenariats, ils peuvent agir sur le plan technique, ou sur le plan juridique, pour les cas de gros piratage. Ils ont ainsi contribué à la condamnation de la Rojadirecta, un site qui diffusait gratuitement de nombreux contenus, condamné en 2015 à 100.000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral, assorti de 5.000 euros d’astreinte par jour de retard. Une efficacité qui leur permet de compter parmi leurs clients de nombreuses entités du sport, qui souhaitent rester anonymes, mais aussi des diffuseurs comme beIN sports.

Protéger ses clubs
et ses diffuseurs

De l’autre côté des Pyrénées, la Liga a choisi de gérer ça en interne. "Nous avons créé un programme qui s’appelle le Marauder, dédié à la lutte contre le piratage. Il trouve les vidéos qui sont diffusées illégalement, et il contacte Facebook, Google, Youtube, ou n’importe quel autre diffuseur. C’est automatique, et après vérification par la plateforme, la diffusion est bloquée. Cela prend un peu de temps, ce n’est pas instantané, mais cela reste très rapide", explique Javier Morente Garcia, agent exécutif au cabinet de la présidence de La Liga.

"C’est un outil que nous avons développé et que nous partageons avec des institutions en Espagne, comme le ministère de la Culture, pour chercher des livres ou des films qui auraient été piratés. Les droits TV constituent notre principale source de revenus. Si on ne les protège pas, leur valeur va baisser, nous aurons moins de revenus, et donc la valeur de nos clubs va baisser. Et nous le faisons aussi pour soutenir nos diffuseurs qui paient pour avoir ces droits exclusifs."

S’attaquer
aux re-diffuseurs

Aux États-Unis, la NBA est partagée. D’un côté, le spectateur lambda, sur son siège en tribune ne représente pas vraiment une menace pour Matt Brabants, Senior Vice Président de la distribution média: "Nous prenons la question du piratage très au sérieux. Mais nous n’avons pas encore vraiment de problèmes avec les vidéos des spectateurs parce que la qualité de diffusion est souvent mauvaise, et insuffisante pour profiter pleinement des matches. Alors un spectateur isolé dans la tribune qui diffuse son match... à quel point est-ce vraiment un problème?"

En revanche, concernant la rediffusion des images officielles, captées sur les chaînes cryptées et rediffusées en streaming, Matt Brabant sort le sifflet: "C’est un problème très sérieux pour lequel nous travaillons en étroite collaboration avec l’association américaine de propriété intellectuelle, et d’autres organisations à travers le monde, pour y mettre un terme. Nous avons une équipe dédiée à cela en interne. Car plus la qualité de diffusion augmente, et plus cela devient une menace."

Facebook, le réseau social au pouce bleu et principal acteur de diffusion sauvage d’événements sportifs, est présent sur le salon. Interrogé sur ce sujet, ses représentants ont tout simplement refusé de répondre.

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