"L’urgence climatique est là, insiste Olivier Choulet, le président fondateur d’Ecoat (prononcez "icotte") basée à Grasse et à Roussillon dans l’Isère. Il est de notre responsabilité en tant que citoyen et industriel d’engager la transition écologique."
C’est ce qu’il fait depuis 2011 avec sa scale-up qui verdit l’industrie de la peinture et des vernis en développant des solutions réduisant l’utilisation de solvants et la dépendance aux ressources fossiles. Ecoat conçoit, produit, fabrique et distribue des polymères biosourcés issus de ressources renouvelables à faible empreinte carbone qui entrent à 30% dans la composition des peintures. Surtout, ces polymères constituent une alternative performante, plus écologique et plus saine dans un secteur en pleine croissance.
Société à mission
Depuis dix-huit mois, Ecoat a formalisé son engagement à accompagner ses clients – fabricants de peintures et autres vernis… – dans leur transition écologique en devenant société à mission. Grâce à ses technologies "Mais aussi, grâce à notre service Switcher d’aide à la formulation des analyses de cycle de vie pour leur permettre d’accélérer la mise sur le marché de produits bas carbone", précise le dirigeant qui vient de boucler une levée de fonds de 10M€.
Deux fonds d’investissement – Smalt Capital et 123 IM – sont entrés au capital en equity – auxquels s’ajoutent plusieurs banques: Bpifrance, la Banque Populaire Méditerranée, BNP Paribas, les Caisses d’Épargne Cecaz et Cepac, le Crédit Coopératif et Région Sud Investissement. Une partie de la levée vient également de Lendosphere, la plateforme de financement participatif: "1M€ a été levé en six jours auprès de 718 investisseurs privés et nous avons également bénéficié d’un financement de 800k€ du plan France Relance 2030."
Tripler la production
L’objectif affiché de ce tour de table: augmenter la capacité de production de l’usine installée sur la plateforme chimique Osiris près de Roussillon dans l’Isère. "Nous la triplerons pour passer à 15.000tonnes par an, détaille-t-il. Nous allons créer une nouvelle ligne de production, en moderniser trois existantes et intégrer des technologies réduisant l’empreinte carbone grâce notamment au recyclage thermique."
Les 30% restants de la levée de fonds serviront au financement de la croissance. Des recrutements en ressources commerciales et marketing sont ainsi prévus.
La scale-up qui emploie une trentaine de collaborateurs a profité de cette opération pour renforcer sa gouvernance avec l’arrivée de Florence Schlegel, membre du comex chez Onet, et des sociétés de gestion Smalt Capital et 123 IM. "Nous aurons à notre conseil d’administration différentes compétences qui nous challengeront sur notre stratégie financière et métier."
Ecoat vend ses produits sur les cinq continents: "Le marché de la peinture biosourcée qui représente 10Mds€ est ultra-globalisé. La France représente 25% de nos ventes, l’Europe 25 % et nous prévoyons une forte croissance aux États-Unis ainsi qu’en Chine" malgré une année blanche en 2022 en raison de la Covid. "Mais nous ne nous y installerons pas industriellement." Et de préférer nouer des partenariats.
La Grassoise, pionnière dans son secteur, entend aussi poursuivre ses efforts de R&D afin de réduire le prix de ses produits. "Nous sommes une solution, probablement la meilleure, pour décarboner l'industrie de la peinture, sourit l’ingénieur chimiste, mais heureusement pas la seule car ce problème est grave et nous dépasse. Plus il y a d’acteurs, mieux c’est."
Olivier Choulet prévoit également d’ouvrir d’ici deux ans une seconde usine "Certainement en Europe, cela nous permettra de répondre à des problématiques de fiabilité d’approvisionnement". Mais ça, ce sera pour la prochaine levée. Encore plus importante, promet-il…
> www.ecoat.fr/fr/
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