Changer de monnaie? Des experts en parlent à Monaco

Le Centre d’études prospectives pour Monaco organisait, ce jeudi, une conférence internationale sur le thème de la monnaie, pour y voir plus clair et envisager des alternatives pour l’avenir.

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Ludovic Mercier (lmercier@nicematin.fr) Publié le 07/12/2018 à 11:15, mis à jour le 07/12/2018 à 11:17
Une vue de Monaco. Photo Cyril Dodergny

"En étudiant l’histoire de la monnaie, on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi, depuis plus de 2000 ans, les gens confient à leurs gouvernements une autorité monétaire qui, en retour, leur permet de trahir et de piller leurs subordonnés.

Bien que l’idée d’un choix monétaire ait une tradition relativement longue et que les monopoles monétaires semblent n’avoir guère généré de résultats favorables, sauf pour les dirigeants, cette prérogative monétaire est apparemment devenue une légende profondément ancrée mais peu contestée", écrit Kurt R. Leube, professeur d’économie à Stanford, dans le livret d’accueil distribué, ce jeudi, à l’ouverture de la conférence internationale du Centre d’études prospectives pour Monaco (Ceprom).

L’événement, organisé en coopération avec l’Ecaef (European center of Austrian economics foundation), se tenait ce jeudi au Musée océanographique de Monaco.

"Nous espérons inspirer les gens"

Dans le décor opulent de la grande salle, cadre prestigieux et institutionnel par excellence, il flottait comme un parfum de “révolution” pour qui écoutait attentivement. Car il s’agissait ici de parler argent. De parler devises sonnantes et trébuchantes, mais aussi digitales. Et surtout, de comment on peut bousculer un peu le système établi.

Au menu, des conférences avec des titres aussi variés qu’"Un point sur le monopole des banques centrales", ou "Laisser les peuples décider librement quelle monnaie ils veulent utiliser", ou encore "Les cryptomonnaies sont-elles une route vers la dénationalisation des devises?".

Un coup de pied dans l’ordre monétaire établi, donné devant un public essentiellement jeune, constitué, entre autres, des étudiants de l’Université de Monaco, accueillis par le prince Albert II, qui s’est réjoui de leur présence.

"L’intérêt principal, c’est d’entamer un dialogue, d’échanger des idées, de faire connaître ces idées. Nous espérons inspirer les gens, en particulier les jeunes, et leur montrer ce qu’ils peuvent faire en tant que citoyen, en tant qu’entrepreneur, pour résoudre les problèmes de notre temps, a confié le prince Michael de Liechtenstein, président de l’Ecaef. En ce qui concerne la monnaie par exemple, il faut leur montrer qu’il y a des alternatives, des possibilités."

"Les cryptomonnaies sont hors les griffes des taxes"

Et s’il est nécessaire d’avoir ces réflexions prospectives, c’est parce que, selon le professeur Pedro Schwarz, économiste espagnol: "Le futur paraît bien sombre, et on aimerait bien savoir ce qui va arriver."

Lui, qui regrette que l’Europe n’ait pas signé le traité de libre-échange transatlantique avec les États-Unis, envoyant ainsi "un signal très préoccupant", est aussi en rogne contre les banques centrales, pour lesquelles il a pourtant travaillé: "Les banques centrales sont un oligopole. Elles restent très fermées, mais elles devront changer avec l’émergence des cryptomonnaies."

Pourquoi? Parce que la monnaie a trois rôles: payer un bien ou un service, évaluer la valeur d’une richesse, et constituer une épargne. Pour cette dernière fonction, les cryptomonnaies vont devenir un refuge: "Elles sont hors les griffes des taxes, et donc plus intéressantes pour placer les économies de toute une vie."

"L’idée d’une monnaie privée est réaliste"

Évidemment, cela ne sera pas possible tout de suite. Selon le professeur Emanuele Canegrati, économiste italien, analyste senior chez BPPrime à Londres, enseignant à l’université La Sapienza de Rome: "Il est impossible de dire que les cryptomonnaies vont remplacer nos monnaies aujourd’hui. Mais l’idée d’une monnaie privée est réaliste, à long terme."

Particulièrement quand le bitcoin et ses acolytes seront sortis de leur crise d’adolescence et trouveront une stabilité de leurs cours, c’est-à-dire "d’ici quelques années" d’après lui.
Autant dire qu’il va y avoir du changement, et que ça ne fait pas de mal d’en parler.

Photo DR.

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