François Tajan est un Monégasque d'adoption. Ici, en Principauté, son nom rime irrémédiablement avec enchères. Les adjudications brillantes de son paternel, Jacques, sous la bannière familiale. Et désormais celle du fiston, François, sous les couleurs d'Artcurial.
Un président délégué chaque année au marteau pour la vente caritative de Fight Aids et tout aussi fan que fin connaisseur de l'AS Monaco. Une relation fusionnelle avec le Rocher qui justifiait sa sensation de bien-être, hier au Yacht-club.
"On sent un ancrage de plus en plus fort qui nous conforte dans notre stratégie. Je ne sais pas si un jour on fera 3 ou 4 ventes par an, en tout cas les gens ont bien compris qu'il y a maintenant une deuxième vente, en janvier au Yacht-club [en plus de celle d'été à l'Hôtel Hermitage, ndlr]."
Un enracinement d'Artcurial qui pourrait conduire à l'émergence d'un rendez-vous régulier avec l'automobile de collection, en attendant de "montrer de l'art moderne et contemporain, l'art du XXe siècle qui est aussi l'un des pôles assez fort d'activité de notre maison et qu'on aimerait bien faire connaître davantage à Monaco."
À tout cela un fil conducteur : l'audace. Et un leitmotiv: "Le tout est que chaque chose soit qualitative et dans une certaine diversité."
L’an dernier, vous veniez d’ouvrir un bureau en Principauté. Cette année, avec le recul, mesurez-vous les premiers retours en terme de fidélisation?
Les retours sont très forts. Je le voyais hier (mardi) avec la fréquentation à notre cocktail – 350 personnes –. Bien qu’ayant des attaches à Monaco, notamment avec les ventes organisées par mon père, je connaissais traditionnellement les trois-quarts des gens et il y en avait pas mal que je ne connaissais pas cette fois. Donc Louise Grether, notre directrice de la SAM Artcurial Monaco, fait un bon boulot.
Et draine une clientèle cosmopolite? Rajeunie?
Exactement.Je n’ai pas passé mon enfance, ni fais mes études ici – même si j’y étais souvent, il y a donc toute une génération de gens que je n’ai pas connue, contrairement à ceux de la génération de mon père. Et on voit véritablement le boulot de Louise et de son bureau, avec des gens qui ont aujourd’hui, 30,35 ou 40 ans et qui sont un peu les nouvelles forces vives de Monaco. Cet apport est très important et se traduit aussi par des objets dénichés à Monaco et qui vont figurer dans les ventes de Paris dans d’autres domaines que ces ventes de janvier (horlogerie, joaillerie, Hermès vintage). Donc le bilan est très favorable.
Votre implantation fin 2015 est venue asseoir une stratégie: occuper des créneaux différents de la concurrence? Qu’en est-il?
La stratégie était de se dire que tout ce qui correspondait aux objets de luxe, que ce soit la marque Hermès, les bijoux ou l’horlogerie de collection, ça a un vrai sens ici et peut-être moins à Paris. On sent qu’ici, c’est très captif, là où à Paris c’est un peu plus délité.Il y a moins de motivation.ça confirme que luxe égal Monaco et Monaco égal le luxe.
Au-delà de vos deux sessions annuelles (janvier et juillet), avez-vous d’autres projets?
on a toujours à l’esprit l’activité automobile de collection, qui est très forte chez Artcurial et très liée à l’histoire de Monaco.On a fait à deux reprises des ventes qui avaient un caractère ponctuel mais qui nous ont donné l’envie de faire des choses un peu plus structurées, un peu plus régulières.Le département automobile y réfléchit actuellement.Il n’est pas impossible que dans les prochaines semaines on annonce quelque chose en Principauté sur ce thème-là.
Pourquoi changer de lieu entre hiver et été? Pour mieux coller à l’identité locale?
J’aimais bien cette idée d’être dans le Monaco de demain, avec ce bâtiment qui est vraiment le contemporain dans ce que l’architecture peut livrer de plus beau depuis 20 ans.Et, en même temps, de rester dans la tradition avec le palace de l’Hermitage.
Monaco représente aussi une opportunité de casser des codes?
On n’est pas contre l’idée d’être à la fois nomade et sédentaire, comme au Yacht-club ou à l’Hermitage.Si on a la possibilité de faire un événement, qui n’est pas d’ailleurs forcément une vente mais peut-être uniquement une présentation, dans un lieu annexe – comme ça a été le cas pour Fedoroff [collection exposée en novembre à la galerie Marlborough], on le ferait aussi bien volontiers.D’ailleurs, Louise est assez demandeur de ça.
Pour autant, Monaco n’est pas un laboratoire d’Artcurial mais s’inscrit dans un projet global?
Exactement, c’est complètement dans le projet Artcurial et j’espère que ça le sera encore davantage avec les années.
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