Survol virtuel de la vallée, remake de Mario Kart: on a testé deux activités inédites dans cette petite station de montagne des Alpes-Maritimes

Ah, Si j’étais un oiseau! Je ne sais pas vous mais si on me prouvait par A+B que la réincarnation existait, je signerais tout de suite pour le corps d’un volatile. Mésange, gypaète, hirondelle...

En vrai, même un vieux pigeon ferait l’affaire pour planer. Récemment, figurez-vous que j’ai réalisé mon souhait, sans avoir besoin de trépasser! Pour cela, direction Roubion-Les Buisses.

Nichée à 1.400m d’altitude, la petite station de montagne, après une saison hivernale difficile, accentue sa diversification en proposant, depuis le week-end dernier, deux nouvelles activités 4 saisons, inédites dans les Alpes-Maritimes. La plus originale ne paye pas de mine, de prime abord.

À l’ombre du préau du nouvel Office du tourisme, en contrebas du télésiège des Buisses, deux sellettes de parapente – ces sièges souples retenus par de solides lanières – sont suspendues à des cadres en bois.

Face à eux, des ventilateurs. "Ici, on propose désormais des balades aériennes les pieds sur terre", dixit Philip Bruno, le maire de Roubion, pas peu fier d’avoir glané l’activité en avril au salon professionnel Alpipro.

Un survol capté par un robot parapentiste...

À la manœuvre, la société alsacienne Aube expérience, co-fondée par Catherine, éducatrice de formation, et Julien Lerch, ex-concepteur de robot pour des chaînes de production industrielle.

"Après un accident de moto qui m’a paralysé un moment, j’ai repensé à une balade dans les Calanques de Marseille où j’avais eu l’impression de survoler le paysage comme un oiseau. L’idée m’est alors venue: pourquoi ne pas faire voler les gens? J’ai abandonné mon boulot et développé un robot avec des bras et une tête, truffée de caméras, accroché à une voile de parapente pour capter des survols de lieux et les faire vivre grâce à un casque de réalité virtuelle", détaille Julien Lerch, qui propose aussi son activité à des publics en situation de handicap, dans des cliniques...

Dans les Alpes-Maritimes, la station de Roubion-Les Buisses accueille en pionnière l’expérience.

Casque sur les yeux et boule au ventre – j’ai un sérieux vertige malgré mes rêves volatiles – me voilà assise dans la sellette, prête à me lancer, pour commencer, dans le survol de la station de sport d’hiver du Semnos, près d’Annecy, moins haut que Roubion.

Sur mes oreilles, un autre casque diffuse une musique planante. Le ventilo se charge de donner l’impression de vent.

À pleurer de beauté (d’ailleurs, j’ai pleuré...)

Dès le début, je suis saisie: au-dessus d’un paysage immaculé, mon cerveau plane, vraiment. Je m’agrippe fort aux lanières (sait-on jamais...).

D’abord figée, je prends mon courage à deux mains, tourne la tête: au-dessus de moi, la voile du parapente. à gauche, une falaise à pic donnant sur une impressionnante mer de nuages.

À droite, le domaine skiable sans âme qui vive à l’horizon, comme si je survolais un monde vierge, en libre évolution... Les minutes filent sans s’en rendre compte.

Et là, sans la voir venir, BAM: l’émotion me saisit. Je sens les larmes monter. Je ne savais pas que les oiseaux pouvaient pleurer... "Les réactions peuvent être fortes, c’est avant tout une expérience émotionnelle. C’est pour ça qu’on prend le temps après chaque film avec la personne. Elle peut s’asseoir, redescendre doucement sur terre", détaille Julien Lech.

Me voilà prête à vivre désormais le survol de Roubion. Pas question de faire l’impasse sur le film local, d’une durée de 8 minutes, capté ce printemps, à 5h30 du matin, par le robot parapentiste d’Aube expérience.

Mon envol se fait depuis le col de la Couillole, près de l’auberge Quintessence. Une plongée dans le vert éclatant d’une forêt de mélèzes aux premières lueurs du jour.

Direction, d’abord, la station: piste, retenue collinaire, télésiège... Je la prends clairement de haut, je regarde ce monde miniature que je connais depuis le plancher des vaches: dingue!

Dans le fond, la route de la vallée ressemble au long corps d’un serpent. Au loin se dessine déjà le village, dont je reconnais la mairie...

Vision panoramique à couper le souffle sur le bourg et la vallée de la Tinée, percée par les rayons du soleil. Ce n’est pas juste beau, c’est franchement magique.

Jouez-la comme dans Mario Kart!

Comme une ado accrochée à la manette de sa Game Cube, prête à lâcher une peau de banane au 1er Luigi qui tenterait de me doubler salement par la droite.

Pour qui a toujours rêvé de se téléporter dans le jeu vidéo Mario Kart, l’autre nouveauté de l’été proposée par la petite station devrait faire mouche. Son nom: le mountain kart, un tricycle à ras du sol équipé de 3 grosses roues tout terrain, d’une solide paire de freins et basta!

Aucun moteur sur ce bolide, au guidon duquel les amateurs de sensations (d’une taille minimum de 1,40m) dévalent 2km de piste depuis l’arrivée du télésiège des Buisses.

Des rires... et des insultes!

Débarquée de ma balade aérienne à 1.780m d’altitude, casque sur la tête, me voilà posée dans mon engin, guidé par Sylvain Mondello, chef d’exploitation de la station.

Nettement plus casse-cou que moi (euphémisme), le bonhomme m’ouvre la voie sur une piste d’abord très large, plantée de pics de slalom.

"Au départ, il s’agit de prendre en main le kart, apprendre à tourner, manier les freins... Avant de s’engouffrer dans la forêt où nous avons dessiné une piste plus étroite", explique-t-il. Au beau milieu des mélèzes, la fraîcheur de la montagne est encore plus délicieuse... mais les choses se corsent.

Me voilà face à une petite pente terreuse bien raide. Les deux pieds dans le sol, kart à l’arrêt, j’ai une trouille bleue de me lancer. Pas le choix: j’y vais, mains sur les freins.

Un gros éclat de rire et quelques insultes lancées à la faune locale plus tard, me voilà plus bas et fière d’être sortie de ma zone de confort.

La confiance vient ensuite en dévalant le parcours d’une bonne dizaine de minutes. Et une fois de retour sur le front de neige, soyons clairs: on a déjà envie de le refaire!

Réalité virtuelle: du mercredi au dimanche, 9h-12h et 14h-18h, au nouvel office du tourisme (près du front de neige). 12 euros le survol.

Mountain kart: week-ends et jours fériés, de 9h30à 17h, départ du télésiège des Buisses. 12 euros la descente (10,50 en vente en ligne), 45 euros les 5 (40 euros en ligne).

Sans réservation sauf pour les groupes: 04.93.02.10.30. Possibilité d’acheter les billets en ligne sur Roubion.com, en cliquant sur "J’achète mon Pass".