Dans Zéphyr, le chorégraphe Mourad Merzouki va danser avec le vent à Cannes
Après Pixel et ses images numériques, bientôt à Fréjus, le chorégraphe Mourad Merzouki sera à Cannes avec des ventilateurs pour reproduire l’effet du vent sur ses danseurs pour Zéphyr. Magique.
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Alexandre Carini acarini@nicematin.frPublié le 22/10/2022 à 15:00, mis à jour le 22/10/2022 à 13:57
Représentation de Zéphyr, début octobre, au Carré Sainte-Maxime. Photo Jean-Marc Rebour
Faire corps avec le souffle, comme la voile se gonfle pour voguer vers un nouvel horizon. Ou bien faire corps à corps avec ces éléments, tel Ulysse bravant la tempête. Avec Zéphyr, la compagnie Kafig de Mourad Merzouki danse avec le vent.
Au départ, le chorégraphe s’est lancé dans cette nouvelle odyssée en hommage aux navigateurs du Vendée Globe Challenge, ce tour du monde nautique en solitaire. Mais voilà longtemps que ce défricheur s’affranchit de tous les courants (d’air), pour que le hip-hop, le cirque et autres prouesses acrobatiques se mêlent à la danse.
Avec Mourad Merzouki, danseurs comme navigateurs sont compagnons de galère, pour larguer les amarres, avec cap sur un nouvel et bel horizon.
Au départ, Zéphyr a été créé pour le départ du Vendée Globe. Sur scène, une odyssée?
Bonne question. C’est un spectacle comme ceux que j’ai déjà montés, chacun y voit ce qu’il veut. Il s’inspire d’images en lien avec le monde marin, la voile, le souffle, alors c’est peut-être une odyssée où chacun doit se laisser porter.
Une mythologie nautique qui a pu nourrir votre inspiration?
Au départ, je suis tellement loin de cet univers! Je ne viens pas d’une famille de marins et je ne passais pas de vacances au bord de la mer, à faire du bateau. Mais inconsciemment, j’ai pu me nourrir d’images, de dessins animés et récits qui m’ont imprégné enfant.
Entre danseur et navigateur, un pas de danse en commun?
Oui, effectivement, il y a beaucoup de similitudes entre les deux. Le sport de haut niveau, une exigence avec soi-même, un rapport à soi. Le danseur se confronte au public, le skipper part dans l’inconnu en mer, lutte contre les forces de la nature. L’un et l’autre doivent être endurants et faire preuve d’une grande force mentale.
Vous utilisez de gros ventilateurs pour donner corps au souffle et faire corps à corps avec le vent?
Dans mes spectacles, j’aime confronter le corps de danseurs avec un corps étranger. Là, il se matérialise par un souffle, impalpable, mais qui fait réagir les corps, les costumes, et le défi est de créer une harmonie.
Dans Pixel, qui continue de tourner, vous mettez en scène des images numériques. Avec Zéphyr, c’est un retour originel aux éléments naturels?
Quelque part, ça nous ramène dans le monde dans lequel on est. On a parfois l’impression que demain se suffira avec les nouvelles technologies, et on a tendance à en oublier les forces de la nature. Mais le réchauffement climatique et les questions écologiques nous ramènent à l’essentiel: il y a la technologie, mais elle ne doit pas occulter le respect de notre planète.
Avec vos danseurs dans le vent, parfois naufragés, on peut aussi songer à une allégorie sur les migrants?
Quand j’ai commencé à travailler sur Zéphyr, je n’y ai pas pensé tout de suite, mais je me suis appuyé sur un ressenti et des émotions qui s’inscrivent dans notre quotidien et ces questions, liées à l’actualité malheureuse, sont apparues. Ces migrants sont aussi des voyageurs qui luttent pour un monde meilleur. Sur scène, les danseurs s’entraident pour avancer, chutent, frôlent la mort… c’est un hommage à tous ceux, hommes et femmes, qui luttent contre l’adversité.
Votre parcours personnel peut aussi s’apparenter aux difficultés traversées par un navigateur au long cours?
Je suis un artiste qui a toujours eu du mal à parler de choses plus personnelles, mais dans le défi de ces skippers, il y a un peu de mon histoire. J’ai commencé à danser seul avec mes copains dans la rue, je n’ai pas suivi de cours au Conservatoire, et j’ai dû construire mon parcours dans une société où ce n’était pas gagné.
À la fois avec le hip-hop, dont beaucoup pensaient que ce n’était qu’une danse de rue éphémère, qu’il a fallu imposer sur d’autres scènes, mais aussi de par mes origines. Je suis né à Lyon, de parents issus de la petite Kabylie, ce qui m’a valu quelques problèmes durant mon adolescence. Ce fut un combat sociétal pour devenir un citoyen à part entière qui a des choses à partager, et toutes les portes ne se sont pas ouvertes si facilement. Quand on regarde Zéphyr, on peut voir ça aussi.
> . Dimanche 23 octobre, à 18h.
Palais des Festivals de Cannes. Tarifs: de 14 à 34 euros. Tél. 04.92.98.62.77.
billetterie@palaisdesfestivals.com
> Mardi 14 février, à 20h30. Le Forum à Fréjus. Complet.
www.theatreleforum.fr
Mourad Merzouki.Photo Julie Cherki.
Le cinéma, pourquoi pas ?
Mourad Merzouki n’a jamais foulé le tapis rouge, mais avec ses spectacles (, ), il a déjà eu plusieurs fois les honneurs du Palais des festivals de Cannes. De quoi rêver d’associer les mouvements des corps et de la caméra? "L’idée de la danse au cinéma, j’y suis très sensible car on connaît la puissance du grand écran, même si ça ne remplace pas le spectacle vivant. Et puis la danse est très bien filmée aujourd’hui."
Et Mourad de révéler qu’il se penche déjà sur la... fiction, "avec un travail sur une série, où la danse sera très présente...".
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