Le scénario était quasiment écrit à l’avance. Maxime Bouet devait faire exploser le groupe des favoris dès le pied du col des 4 Chemins, avant que son leader, Nairo Quintana, finisse le travail en solitaire jusqu’à La Turbie. Un remake de dimanche dernier lorsque les deux hommes d’Arkéa-Samsic avaient fait valser tous les prétendants au Tour de La Provence.
Dès les premières pentes terribles, à plus de 15%, de ce versant inédit en course, à 12,8 kilomètres de l’arrivée, Bouet imposait un tempo dingue, rédhibitoire pour la concurrence. "C’était le plan, dès le km 0 de la montée, il fallait que je monte au sprint avec Nairo derrière, réagissait le Provençal d’adoption. Quand je le lâche, il n’y a plus personne dans ma roue." Le Colombien passait alors la deuxième couche et regardait les dégâts. Seul Guillaume Martin parvenait un temps à s’accrocher, avant de plier les ailes à son tour, 500mètres plus loin.
"Pas sûr de revenir"
Tout se déroulait à merveille pour les hommes d’Yvon Ledanois sauf que, derrière, Tim Wellens s’accrochait. Le Belge ne capitulait pas, bien au contraire, et revenait même sur Quintana à 3 kilomètres de l’arrivée, alors que le final de l’étape en faux plat descendant après le sommet au col d’Eze l’avantageait.
"Pour être honnête, je n’étais pas sûr de revenir. Quand je l’ai vu partir, je me suis dit que je jouerais sûrement la deuxième place. Il a peut-être un peu coincé, réagissait le leader de la Lotto-Soudal, qui réalise un sans-faute pour le moment, après la victoire de Caleb Ewan vendredi. Je n’arrivais pas à le suivre, mais j’ai bien géré ma montée et au sommet, sur le plateau, c’était un contre-la-montre."
Le bras de fer a tourné en faveur de Wellens, bien meilleur sprinteur que le vainqueur du Giro (2014) et de la Vuelta (2016). "La montée finale était très dure, explosive. J’ai essayé d’attaquer mais finalement Tim Wellens est revenu et on savait qu’il est très puissant au sprint", reconnaissait Quintana. Classé dans le même temps que Wellens, le Colombien n’a pas rendu les armes: "J’espère être fort aussi demain (aujourd’hui) pour m’imposer à nouveau."
Arkéa-Samsic en position de force?
Les Arkéa-Samsic ont laissé passer une belle occasion hier, sur l’étape considérée comme reine de cette 54e édition du Tour 06-83, mais ils ont encore largement les moyens de repartir avec le scalp de Wellens. "Il est très fort, mais j’ai fait beaucoup de courses dans ma carrière et parfois c’est mieux d’être dans cette position, pouvoir attaquer plutôt que contrôler, prévoyait déjà Maxime Bouet. La montée la plus dure, c’était aujourd’hui (hier) sur le col d’Eze, mais ce n’est pas fini. On va voir comment on va courir pour gagner ce Tour."
Avec 113 kilomètres et plus de 2.500mètres de dénivelé au menu, dont l’ascension du col Saint-Roch, le terrain est propice aux chausses-trappes. "Je m’attends à ce que ça roule très vite dans le Saint-Roch, une montée très dure et très longue, pense Wellens, qui connaît parfaitement le terrain, lui qui réside à Monaco. Mais l’étape pour faire les écarts, c’était plus aujourd’hui (hier). Demain ça va sûrement plus se regarder pour sa place au général…"
Même si le collectif de la Lotto-Soudal a fortement montré les muscles hier, pas évident que tous ses rivaux soient résignés.