Lundi, alors que la Côte d’Azur n’avait plus connu de jour de pluie depuis de longues semaines, Mikael Cherel n’a pas hésité à enfourcher son vélo pour grimper jusqu’au sommet du col de l’Ecre.
Cela prouve la motivation du Roquefortois, qui fêtera ses 36 ans dans un mois. "J’avais des intensités à faire et c’est toujours mieux de les réaliser sur la route plutôt que sur le home-trainer".
Vendredi, il s’élancera pour la onzième fois sur une épreuve qu’il apprécie et dont il a pris la 6e place à deux reprises (2014 et 2016).
Comment abordez-vous la course?
Je me suis vraiment entraîné dur pendant l’hiver et j’ai redoublé d’intensité depuis la fin de l’Etoile de Bessèges (67e). C’était ma reprise et je sortais d’une période où j’avais été un peu chamboulé par la Covid. ça m’a permis de reprendre les réflexes du peloton et le rythme, mais j’ai aussi vu ce qu’il me manquait. Sur le Tour des Alpes-Maritimes et du Var, je n’ai pas un objectif défini, mais c’est une épreuve, comme Paris-Nice, qui est surlignée depuis longtemps.
Parce qu’elle se déroule dans votre région?
Déjà, parce que le profil me convient bien, mais aussi parce que je roule sur mes routes d’entraînement. C’est toujours un moment sympa de se retrouver à la maison, nous qui sommes souvent ailleurs en France ou en Europe. J’aurai la famille qui me suivra pendant ces trois jours.
L’objectif de l’équipe, c’est le général pour Clément Champoussin?
Clément a montré une très belle forme sur Bessèges. Il a un potentiel physique exceptionnel. C’est un grimpeur de très haut niveau et c’est à nous de l’encadrer du mieux possible pour ne pas qu’il soit piégé. De le placer dans les meilleures conditions dans les moments décisifs. Je n’ai pas vu beaucoup de coureurs avec de telles valeurs physiologiques, c’est de la trempe de Romain Bardet. Mais le vélo, ce n’est pas uniquement des valeurs, il faut comprendre la science de la course, être placé au bon endroit, au bon moment, savoir prendre les bonnes décisions. J’espère pouvoir le guider du mieux possible.
Vous trouvez beaucoup de similitudes avec Romain Bardet?
Physiologiquement, oui. Il est dans la même lignée, mais Romain est un très grand professionnel, expérimenté. Clément doit comprendre les rouages du circuit pro. Aujourd’hui, il souffre encore de son positionnement. Il faut qu’il parvienne à amorcer le pied des bosses bien placé, qu’il fasse confiance à ses équipiers. Il vient du VTT, une discipline plus individuelle, où il n’y a pas les codes du peloton à déchiffrer. Mais c’est un jeune que j’apprécie beaucoup, j’espère l’aider pour qu’il y parvienne.
Selon vous, où la course devrait se jouer?
Dans le col des 4 Chemins, c’est vraiment le moment décisif. Je connaissais déjà cette ascension (inédite en course). Il faudra être bien placé car c’est une petite route, sinueuse, qui ne rend pas bien. Celui qui arrive au sommet à la rupture va vite décrocher car, ensuite, il reste 5-6 minutes d’efforts dans le col d’Eze. Après, il y a encore 6-7 kilomètres de faux plat descendant avant d’arriver sur La Turbie, ça peut encore rentrer...
Quintana partira avec l’étiquette de grand favori?
Dans la montagne de Lure (lors de sa victoire sur le Tour de La Provence), il n’est pas monté aussi fort que dans le Ventoux il y a deux ans, juste avant sa victoire au col d’Eze sur le Tour des Alpes-Maritimes et du Var, mais il affiche une très belle forme et ce sera le grand favori. Il aura plusieurs rivaux, à commencer par Thibaut Pinot... Et on verra jeudi soir la liste définitive des engagés.
Au-delà de cette course, qu’attendez-vous de votre saison?
Je suis à un stade de ma carrière où je souhaite avant tout prendre du plaisir. Il me reste deux ou trois ans maximum, je veux savourer chaque moment. Actuellement, je donne le maximum pour pouvoir prendre du plaisir en course et faire un bon début de saison. Je suis en fin de contrat et je veux aussi démontrer à mon équipe que je ne suis pas foutu. Que je suis investi et professionnel. Je ne serai pas sur le Tour mais j’ai un super programme jusqu’au Giro [Tour 06-83, Drôme Classic, Paris-Nice, Tour de Catalogne, Amstel, Flèche brabançonne, Flèche Wallonne, Liège, NDLR] . Je ne pourrai pas avoir un pic de forme, il va falloir que je sois régulier, à 95-97%, jusqu’à la fin du Giro.