À Monaco, un tandem invité pour un hommage aux Ballets Russes

Les chorégraphes Goyo Montero et Jeroen Verbruggen sont les invités de la compagnie des Ballets de Monte-Carlo pour quatre soirées célébrant la danse sur l’œuvre musicale de Stravinsky.

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C. V. Publié le 13/06/2023 à 11:00, mis à jour le 13/06/2023 à 13:50
Jeroen Verbruggen et Goyo Montero répètent avec les danseurs, à l’Atelier de la compagnie. Photo Jean-François Ottonello

La Fête de la danse, trois représentations de Cendrillon à l’Opéra, des dates de tournée à Barcelone, le mois de juillet sera chargé pour la compagnie des Ballets de Monte-Carlo. Juste avant ce marathon, la troupe investira le Grimaldi Forum pour quatre soirées du 28 juin au 1er juillet où ils danseront - une fois n’est pas coutume - sur des créations qui ne sont pas signées par leur chorégraphe-directeur, Jean-Christophe Maillot.

C’est lui tout de même qui supervise ces soirées hommage à Igor Stravinsky, et qui a convié deux chorégraphes: le Madrilène Goyo Montero et le Belge Jeroen Verbruggen à venir donner leur vision de deux créations phares sorties du répertoire des Ballets Russes créées sur des partitions originales de Stravinsky: Pulcinella et L’Oiseau de feu. Une chacun et les dieux de la danse pour tous.

Goyo Montero à l’œuvre dans le studio des Ballets pour partager sa chorégraphie avec les danseurs. Photo Jean-François Ottonello.

Métaphore environnementale

"J’essaye de ne pas penser à toute cette histoire de la danse qui nous entoure à Monaco: Nijinski, Diaghilev, Stravinsky, sinon ça m’effraye et me bloque dans ma création", sourit Goyo Montero, qui collabore pour la deuxième fois avec la compagnie monégasque.

En s’attaquant à un Everest du répertoire des Ballets Russes: L’Oiseau de feu. Une pièce pour laquelle il convoque l’ensemble des danseurs pour une version forte de sens. "J’ai pensé au contexte de la création de ce ballet, mais aussi à la version qu’en avait faite Maurice Béjart qui m’a fortement inspirée. Béjart en avait fait un manifeste politique autour de l’espoir qu’a pu susciter le communisme jusqu’à ce qu’on comprenne qu’il n’était pas ce qu’il promettait", détaille le chorégraphe.

Qui a choisi de lui donner un nouvel écho. "Nous restons dans l’univers du conte, le conte d’une civilisation qui en conquiert une autre, prend leurs ressources, annihile sa culture, détruit ses terres et s’en va. Comme tant de sociétés colonialistes l’ont fait. Et c’est un peu ce que fait aujourd’hui l’humanité avec la nature. Nous épuisons toutes nos ressources et détruisons notre planète. C’est la métaphore vers laquelle j’ai souhaité aller. Avec l’idée que la nature reviendra toujours, et la vie reviendra comme une renaissance."

Les costumes de Pulcinella en préparation dans les ateliers de la compagnie. Photo Jean-François Ottonello.

"L’image parfaite n’existe pas"

Après avoir dansé dix ans à Monte-Carlo, Jeroen Verbruggen, devenu chorégraphe, retrouve le studio de la compagnie pour travailler le ballet Pulcinella. Un projet qu’il a au départ redouté. "Pulcinella ne m’inspirait pas du tout au départ, la musique de Stravinsky dans ce ballet est la plus néo-classique de son répertoire, ce qui même à quelque chose de trop léger. Et puis le côté hétérogène d’un homme et d’une femme qui se tournent autour me gênait un peu. J’ai donc dû tordre tout ça pour l’amener dans mon monde."

Le conte de Polichinelle, à la sauce Verbruggen, va prendre un coup de jeune tant dans les costumes boursoufflés en préparation dans les ateliers des Ballets, que dans la trame narrative. "Le côté commedia dell’arte me permet une liberté et de twister les genres comme on le veut. Pulcinella avec sa voix haute perchée, ses formes, pourrait ne pas être celui que l’on pense. Et j’ai voulu accentuer le premier degré, le côté grotesque de la pièce."

Ce travail, le chorégraphe l’a totalement imaginé, pas à pas, avant de le transmettre aux danseurs. "Ensuite, c’est un dialogue qui se met en place, il y a même mouvement, je prends ce qu’ils proposent dans l’atelier et je sculpte leur proposition sur leurs corps dans la forme voulue. Des mes premiers pas dans la chorégraphie, j’ai bien compris que l’image parfaite n’existe pas. Quand on chorégraphie, on cherche un moment magique. Puis ce moment s’en va, il est éphémère. Et on tente ensuite de la répéter sur scène."

Savoir +
Soirée Créations autour de Stravinsky, du 28 juin au 1er juillet au Grimaldi Forum.
Tarifs: de 21 à 36 euros.
Renseignements et réservations: balletsdemontecarlo.com

Respecter le passé, un oeil vers le futur

Chacun dans leur style, les chorégraphes invités par la compagnie monégasque tâchent de réécrire des pièces du répertoire des Ballets Russes, dansées il y a un siècle pour la première fois. Une distance qui n’effraye pas Jeroen Verbruggen. "Les Ballets Russes ont tellement marqué leur époque que beaucoup de chorégraphes plongent encore dedans. C’est très actuel et on y trouve plus de liberté à revisiter qu’un gros ballet classique comme le Lac des Cygnes".

Avis partagé par Goyo Montero qui loue la « chance » de se plonger dans cet Oiseau de feu et "respecter le passé et avec un œil vers le futur, en voyant ce que je peux apporter à cette tradition de réinventer les classiques de la danse, avec honnêteté. Diaghilev a été le premier producteur de spectacles, à réunir autant de talents, d’artistes divers comme Cocteau, Picasso, Nijinski ou Stravinsky pour des spectacles. Ça ne s’est jamais refait et cette lumière continuer de briller sur le monde de la danse".

L’Espagnol ne boude pas non plus son plaisir d’être accueilli au sein de la compagnie monégasque, "l’une des meilleurs au monde" glisse-t-il. "Ce qu’a construit Jean-Christophe Maillot ici pendant trente ans est unique. C’est une compagnie de solistes, très diverse et qui sait travailler ensemble. Et les moyens sont formidables, on voit que les danseurs sont traités comme de vrais ambassadeurs de la culture".

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