Il y a cinq ans, Paul Cucuron et Alexandre Chiere étaient arrivés sans crier gare sur les ondes, avec un tube sous le bras. Avec Djon Maya Maï leur reprise d’un titre de Victor Demé datant de 2008, ils avaient mis ce chanteur burkinabé en lumière. Pour eux, c’était le véritable départ d’une carrière jusqu’alors assez discrète.
La fusée Synapson allait ensuite prendre encore plus de vitesse avec Convergence, certifié disque d’or. Un album embarquant notamment Fireball avec Broken Back, Blade Down avec Tessa B, ou encore All In You avec Anna Kova, qui atterrissait en général dans le bac "électro".
"On a décidé de s’éloigner de plus en plus du format album"
Pour Alexandre, volubile au bout du fil malgré ses quintes de toux, l’étiquette n’a pas trop de sens.
"Il faut toujours un terme pour définir les projets. Sauf qu’électro, ça veut tout et rien dire aujourd’hui. Dans le rock, le rap ou la pop, on retrouve de l’électronique partout. Et puis moi, en ce moment, j’écoute Nina Simone, Billie Holliday, Calypso Rose ou Lana Del Rey. Quelque part, c’est notre force de pouvoir nous balader entre les genres.
L’éclectisme est un peu notre marque de fabrique", poursuit Alexandre, qui avait auparavant monté un groupe électro-swing avec le Niçois Feder.
Le dernier album de Synapson, Super 8, en est la parfaite illustration.
Les petites perles pop (Hide Away, So Long, The Meetup) et le hip-hop bondissant (Night Time) y cohabitent avec la voix rauque rock de Casey Abrams (Sex You Up) et les envolées reggae de Lass (Souba). On croirait presque plonger dans une compilation.
Surprenant? Pas tant que ça...
"On a décidé de s’éloigner de plus en plus du format album. Les délais sont très longs avant la sortie. Le temps qu’un disque arrive aux oreilles du public, il est possible qu’on ait déjà d’autres aspirations musicales. Maintenant, on préfère présenter les titres dès qu’ils sont prêts. On propose aussi des remix, pour pouvoir les jouer en live par la suite."
Partir en live, le plus possible
En dix ans de carrière, le duo s’est d’ailleurs taillé une belle réputation sur scène.
Beaucoup se contentent de laisser tourner les platines en gigotant vaguement la tête. Paul et Alexandre préfèrent débouler avec tous leurs instruments, des musiciens et des vocalistes.
"Pour cet été, on tourne avec un saxophoniste (Pierre Mirabeau), un guitariste-chanteur (Sirius Trema) et deux autres voix (le Sénégalais Lass et Christelle). Moi, j’ai six ou sept claviers, une percu électronique. Et Paul gère toute la programmation. On défend notre musique en l’interprétant réellement. Pour moi, ça n’a pas de prix."
Façon de parler, évidemment.
Quand on se déplace avec une armée de talents, le gâteau est forcément moins gros. Alors, parfois, les DJ sets, à deux, permettent quelques bons coups financiers.
"C’est vrai, mais c’est aussi une sorte de récréation pour nous. Avec Paul, on essaye de se faire découvrir beaucoup de morceaux dans ces moments." Prendre la route pendant de longues périodes ne fait en tout cas pas peur au tandem, capable de se produire deux cents fois par an.
A une telle cadence, d’autres artistes ont fini par saturer, au point de ne plus pouvoir voir leurs camarades de jeu en peinture. Les deux piliers de Synapson n’en sont pas là.
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