Monaco : l'art à vif au musée océanographique

Dans le cadre d'une exposition intitulée « Borderline », les œuvres monumentales du Grassois Philippe Pasqua invitent les visiteurs à s'interroger sur leur rapport à l'environnement

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Ludovic Mercier Publié le 10/05/2017 à 05:18, mis à jour le 10/05/2017 à 05:18
Avec l'artiste Philippe Pasqua (à gauche), Robert Calcagno, directeur du Musée, se jette dans la gueule de l'art.
Avec l'artiste Philippe Pasqua (à gauche), Robert Calcagno, directeur du Musée, se jette dans la gueule de l'art. Cyril Dodergny

Depuis son origine, le Musée est dédié à la connaissance et à la protection des océans, mais il a aussi toujours eu les portes grandes ouvertes sur l'art. En étudiant par la science, on parle au cerveau des visiteurs, à leur raison. Ça ne suffit pas. L'art est un outil beaucoup plus puissant pour toucher la conscience », estime Robert Calcagno, le directeur du Musée océanographique.

Touché, on l'est face à ces œuvres monumentales, de plusieurs mètres, comme cette énorme mâchoire chromée de mégalodon, l'ancêtre du requin. Exposée grande ouverte sur fond de miroir, dès l'entrée de l'exposition, elle invite le visiteur à plonger dans la gueule de la science, en toute conscience.

« Des œuvres qui peuvent choquer »

C'est la première fois que l'artiste grassois Philippe Pasqua - neveu de Charles Pasqua - met son travail à contribution d'une politique de sensibilisation : « C'est bien de pouvoir participer en faisant des œuvres qui peuvent surprendre et même choquer. Il y a tellement de choses à dire et à faire sur ce sujet que les idées sont venues de façon très fluide. »

Car sur les douze œuvres présentées ici, sept ont été réalisées spécifiquement pour cette exposition. En effet, lors de la rencontre du directeur du musée et de l'artiste, si le coup de cœur est réciproque, le travail de Philippe Pasqua ne se prête pas forcément à la thématique du lieu. Alors Robert Calcagno lui propose de « se joindre à la mission » du musée. Un partenariat qui coule de source pour l'artiste, déjà amoureux du temple monégasque de la mer.

« Ma plus grande satisfaction, c'est de voir presque trois ans de travail aboutir aujourd'hui. C'est un peu comme une naissance », avoue Philippe Pasqua.

Et c'est tout son talent qu'il a mis au service de cette mission, en sublimant l'horreur de la réalité de la faune marine dans cette exposition sur le fil du rasoir. Un contraste saisissant entre la richesse et le lustre des matériaux, et la mise en scène de la mort. Ou quand la flamboyante irresponsabilité de l'Homme anéantit les splendeurs de la nature.

Comme sur Santa-Muerte, où un rutilant squelette de tortue préhistorique en bronze doré (quatre fois plus grand que la plus grande espèce de tortue encore vivante) est empêtré dans des filets de pêche. « Ça me faisait penser à une sainte avec sa traîne. Pour moi, cette tortue est une déesse des mers », glisse l'artiste. Ou encore avec ce requin réalisé par un assemblage d'une multitude de plaques d'inox martelées, suspendu à une potence, gueule ouverte. L'œuvre, étincelante sur la terrasse du musée, s'intitule Who should be afraid ? (Qui devrait avoir peur ?). Une évocation non masquée du massacre aveugle perpétré sur cet animal que l'Homme envisage en croque-mitaine des mers.

Sculptures étincelantes

Un travail qui correspond tellement à la vocation du lieu que la direction de l'établissement a retrouvé un ensemble de citations du fondateur de l'établissement, le prince Albert Ier. Chacune en adéquation avec l'une des œuvres, et qui pourrait s'ajouter aux cartels de présentation, comme celle-ci : « La nature est dure, le cycle de la vie n'a rien de bienveillant et il engloutit l'homme comme tous les êtres. »

C'est véritablement une symbiose entre science, art et protection de la nature qui est à découvrir au Musée océanographique, et à laquelle l'artiste donnerait bien une suite : « J'aurais pu produire bien plus d'œuvres, mais le problème, c'était l'espace. Moi, je suis prêt à faire une deuxième exposition. »

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