Le Pen Club de Monaco, l’Alliance française et le Monaco Press Club ont travaillé de concert pour inviter Marc Brincourt, au Yacht-club. Le rédacteur en chef de Paris Match durant quarante ans, aujourd’hui conseiller pour les expositions, les livres et les hors-séries du célèbre hebdomadaire, vient de publier Paris-Match : 70 ans, aux Éditions Michel Lafon.
Avec le magazine, une photo est bien plus qu’une illustration. « A Match, un sujet, c’est d’abord une photo. Ce qui nous intéresse, ce sont les coulisses ; la petite histoire dans la grande. »
Fait incroyable, quand une seule image change le cours de l’histoire : « Au Vietnam, en 1972, ça a arrêté une guerre ! » Marc Brincourt fait référence à la photo de Nick Ut représentant une fillette courant nue après avoir été brûlée au napalm.
Une image peut bouleverser notre regard sur un événement comme, en 2015, la photo d’Aylan, un enfant syrien de 3 ans mort sur la plage, qui a fait le tour du monde en une heure, le soir du 2 septembre 2015. « J’ai vu des millions de photos. Mais j’ai compris immédiatement la portée de cette image. Ça vous prend aux tripes. »
« C’est de plus en plus difficile de faire une bonne image »
Paris-Match est lu à 70 % par des femmes et à 70 % en province. Des données qui sont essentielles pour choisir les Unes et déterminer les sujets. Le journal est loin d’être “people”. « C’est une quinzaine de pages sur 58. On met en lumière la vie au quotidien, dans un service de pédiatrie auprès de grands prématurés ou parmi les gilets jaunes. On va là où se passe l’événement. »
Le magazine, ce sont aussi les images de tous les chefs d’État de la Ve République, de De Gaulle à Macron. « Et pour rentrer dans l’intimité des présidents, il faut une confiance, une amitié avec le photographe. Aujourd’hui, c’est de plus en plus difficile de faire une bonne image. Avec le filtre des attachés de presse, des consultants en communication, tout devient plus lisse. On est souvent dans la pure promo. »
Rien n’était comme cela en 1955, pendant le Festival de Cannes, où Paris-Match est à l’origine de la première rencontre de Grace Kelly avec le prince Rainier III. « Le sujet est d’abord traité a minima jusqu’à ce que, trois semaines plus tard, la rumeur enfle d’une relation entre le couple. Les photos sont ressorties et le sujet fait la Une du magazine. On connaît la suite… » L’histoire entre Match et Monaco, « c’est un peu “Je t’aime moi non plus” ». Il y eut quelques maladresses chèrement payées. Mais aujourd’hui, la relation est « très bonne ». « Quand il y a une vraie histoire, la famille princière continue à faire vendre. Le mariage d’Albert II avec Charlène, c’est un million d’exemplaires vendus. »
Alors, même si Paris-Match n’a pas l’autorisation de faire tous les reportages qu’il souhaite à Monaco, il mesure aussi l’importance de conserver de bonnes relations avec la famille princière.
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