On vous parle souvent de l’agonie du spectacle vivant, qui n’en finit plus d’attendre qu’on veuille bien les laisser vivre. Mais il y a, à quelques kilomètres de chez nous, un territoire qui a laissé vivre la culture depuis le premier déconfinement. "La France a cherché beaucoup d’exemples à l’étranger, en Espagne, ou ailleurs, mais pas à Monaco. Nous, depuis juin dernier, nous avons repris une activité normale. On a pu maintenir l’activité fondamentale du danseur, c’est-à-dire travailler tous les jours", explique Jean-Christophe Maillot, le chorégraphe et directeur des Ballets de Monte-Carlo.
C’est donc tout naturellement que la compagnie donnera ce dimanche et jusqu’à mardi, un des spectacles de son répertoire, Le Songe. Nous avons eu la chance de pouvoir nous faufiler dans la salle pour assister à "la générale". Costumes, maquillage, mise en scène et décor: tout est exactement pareil que lors des représentations à venir. "Jean-Christophe exige de nous que l’on se donne toujours au maximum, même pendant les générales", confie Alessandra Tognoloni, qui danse le rôle de Helena dans ce spectacle adapté du Songe d’une nuit d’été, l’œuvre de Shakespeare
L’essence du vivant
Quand l’obscurité vient recouvrir les fauteuils de la grande salle du Grimaldi Forum et que la musique se met à résonner, c’est un sentiment troublant qui émerge. Celui de retrouver le bonheur du spectacle vivant. Dans la salle, on entend les pas des danseurs. Le bruit des étoffes. Parfois leur souffle. Ça respire. C’est vivant.
Et sur scène, la joie transpire. Le spectacle s’y prête. Dans Le Songe, trois univers coexistent. Chacun avec un style musical propre. Les Athéniens donnent à voir toute la beauté d’une danse plutôt académique, mais empreinte de rigueur. Alors que le monde des Fées laisse exulter les corps, grâce à l’incarnation de danseurs plus aguerris. Le tout est agrémenté d’interventions totalement déjantées des Artisans, qui donnent aux danseurs l’opportunité d’exprimer tout leur talent de comédien.
Un air de nouveauté
Nous sommes en pleine répétition, et les interventions de Jean-Christophe Maillot sont pourtant plutôt rares. Preuve que les danseurs se donnent à fond. Il faut dire que Le Songe n’en est pas à ses balbutiements. "Certaines personnes s’émerveillent des changements qu’ils perçoivent, alors que je n’ai rien changé," s’amuse le chorégraphe. La raison de cette impression de changement est dans la sensibilité des artistes: "Le temps passe, des nouvelles générations de danseurs arrivent, et ils sont vraiment en appétit. De cette façon, on a l’impression qu’ils réinventent le ballet. Et pour le public, c’est aussi une redécouverte. Il y a une jouissance à retrouver quelque chose qu’on connaît. On redécouvre toujours quelque chose."
Dimanche 2, lundi 3, et mardi 4 mai à 14 heures. Grimaldi Forum, à Monaco. Réservation sur www.balletsdemontecarlo.com/fr
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