Quarante-sept ans d'histoire monégasque dans un lieu méconnu. Un havre de paix niché à la pointe du Rocher d'où jaillit une effervescence culturelle et artistique. Son nom : le théâtre du Fort Antoine. Un point historique ne fait de mal à personne. Dès les années 1950, sous l'impulsion du Prince Rainier, le site renaît d'un épisode douloureux survenu au crépuscule de la Seconde Guerre mondiale.
Le Fort Antoine, réquisitionné pour constituer une réserve de munitions, est détruit à coups de dynamite par l'occupant allemand. Terminé « le mur d'enceinte qui faisait le tour du bastion », indique, passionné, l'actuel directeur des Affaires culturelles Jean-Charles Curau.
Place à un jardin « sans autre forme de procès » destiné pendant vingt ans aux enfants.
Conquis par le potentiel acoustique et le charme détenus par le Fort Antoine, Claude Matellini, l'un des prédécesseurs de Jean-Charles Curau, amorce au début des années 1970 le premier virage culturel avec la création d'un festival dédié à la musique et au chant.
Le théâtre du Fort Antoine est né.
La qualité avant tout
Le théâtre est devenu une dominante de ce rendez-vous estival depuis 2008, et l'arrivée aux affaires de l'actuelle équipe dirigeante.
Virage assumé : moins de musique, plus de théâtre.
« La recette du Fort Antoine se résume en une phrase : dès que la nuit tombe, on ne voit plus la mer, elle est là mais on ne la voit plus. Lorsque des spectacles qui parlent de mer, de lune, de soleil y sont joués vous devenez fous tellement c'est beau. On oublie ça un moment, on a une toile de fond magnifique, mais ça ne fait pas tout », s'emporte Jean-Charles Curau.
Et, Jo Bulitt, directeur artistique et programmateur depuis 2009, d'ajouter : « Nous défendons le présent. Faire une programmation exceptionnelle pour l'été comme au Fort Antoine, c'est culotté ! Peu font ce genre de choses dans la région ».
Les débuts de ce duo amoureux du théâtre ont été marqués par la diffusion d'Antigone jouée à la fois en français… et en vietnamien. « Quand Jo me l'a proposé, je me suis dit : on va droit dans le mur, on se ramassera dès le premier spectacle, ça simplifiera les choses ». Huit ans plus tard, le public a adhéré à cette prise de risque.
« Nous privilégions la gratuité », indique Jean-Charles Curau, qui plaçait les chaises au Fort à ses 20 ans. Ce havre de culture a au moins 47 ans de vie devant lui.
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