Soudain, le diable arriva. Et le concert s’emballa. Vira au fantastique. Et fantastique est un terme qui convient à une œuvre de Berlioz (auteur de la « Symphonie Fantastique ») ! Ah, on s’en souviendra, de sa « Damnation de Faust » donnée hier en l’Auditorium Rainier III !
Le diable, c’était le baryton uruguayen Erwin Schrott. Il est l’un des meilleurs interprètes actuels de Méphisto au monde. Dès son arrivée, au milieu du premier acte de l’œuvre, il mit le public et la musique en transes. La salle trembla. Ses éclats de voix nous donnèrent le frisson.
Du fond de la scène, le magnifique chœur de l’Opéra faisait entendre sa clameur. Parfois, Erwin Schrott se tournait vers lui, pour l’exhorter. D’un bout à l’autre de la scène, un dialogue de géant s’instaurait entre le chœur et le diable.
C’est la fin de l’« année Berlioz »
Entre les deux - le chœur et le diable - l’Orchestre Philharmonique se déchaînait en crescendos dantesques, en roulements de percussions, en coups de cymbales, en fanfares flamboyantes, en traits d’archets sataniques.
Le chef Kazuki Yamada avait l’œil à tout, maîtrisant à merveille les changements de tempo, ménageant des accalmies au milieu de l’orage. Le diable avait beau être à ses côtés, c’était quand même lui, le maître du temps !
En dehors de Méphisto, il y a, bien sûr, deux autres solistes principaux dans la « Damnation de Faust » : Marguerite et... Faust.
La première était interprétée par l’une de nos meilleures sopranos françaises, Sophie Koch. Cette ardente femme chanta admirablement l’air de l’« Ardente flamme ».
Faust était interprété par le ténor Jean-François Borras. Contrairement à ses partenaires, il chantait son rôle pour la première fois.
Cet enfant de Monaco, qui a grandi et étudié en Principauté avant d’être propulsé sur les plus grandes scènes du monde, nous a émus.
Ce ténor au beau timbre a lancé toutes ses forces dans ce rôle qu’il a encore à rôder et auquel il doit donner de l’ampleur. Il a tout pour convaincre.
Il était au cœur d’un concert qu’on n’oubliera pas de sitôt et qui marquait, à Monaco, la fin de l’« année Berlioz » (célébration du cent-cinquantenaire de la mort du compositeur).
Un concert du diable !
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