Avec François Cluzet dans le rôle du convoyeur de fonds, les scènes du film 11.6 tournées mardii rappelleront l’incroyable épisode de son arrestation en Principauté en 2009
Dans le champ des caméras, François Cluzet la joue sobre. Vêtu de noir, comme sur les photos inédites de la reddition du convoyeur de fonds que nous publions aujourd’hui, l’acteur d’Intouchables s’est glissé, hier en Principauté, dans la peau de l’auteur du casse du siècle. Des scènes tournées essentiellement à la Sûreté publique, le QG de la police monégasque. Le tournage du film 11.6 a débuté en mai. 11.6, comme les 11,6 millions d’euros détournés après un chargement à la Banque de France par Toni Musulin en novembre 2009.
Les pluies qui se sont abattues lundi sur la Côte ont retardé le tournage d’une journée. Ce n’est donc qu’hier que l’équipe a investi le cœur du quartier de la Condamine. Des dizaines de camions, des rues bouclées et des policiers monégasques en effervescence : la fièvre cinématographique s’est emparée des abords de la Sûreté publique.
« L’histoire d’un Monsieur Tout-le-monde »
Des scènes de son arrivée en moto, de son passage devant la concession Ferrari toute proche, puis François Cluzet, alias Musulin, garant son engin devant la Sûreté avant de gravir les quelques marches et de se présenter à l’accueil. Face caméra, un François Cluzet concentré, évitant soigneusement la presse mais pas les fans, avec lesquels il a même accepté de poser entre deux scènes pour des photos souvenirs.
Même si Toni Musulin s’est rendu de lui-même aux policiers monégasques, on sentait hier une fierté légitime des fonctionnaires de police face à cet intérêt du 7e art pour leur travail. Trois d’entre eux, Alexandre Marcozzi, Alexandre di Crescenzo et Regis Musso, devraient même apparaître à l’écran, dans une scène tournée dans le PC de videosurveillance de la Principauté.
Dans une interview récente, Philippe Godeau avouait avoir l’ambition avec ce film, de raconter l’histoire d’un « Monsieur Tout-le-monde, convoyeur depuis 10 ans, pas syndiqué, qui va réaliser le casse du siècle ». Christophe Haget, le patron de la PJ monégasque, qui a procédé au premier interrogatoire de Musulin à son arrivée dans les locaux vers 12h45 ce 16 novembre 2009, se souvient d’un homme bizarre.
« Je ne comprend toujours pas pourquoi il s’est rendu »
« Quand on m’a appelé, j’ai bien mis deux secondes avant de croire ce que j’entendais. L’homme le plus recherché du moment venait de se rendre chez nous. Quand je suis arrivé face à lui, il était habillé de noir, tee-shirt, jean, un gars bien charpenté, avec un sac de moto rempli d’affaires personnelles, sans son butin évidemment. Je l’ai fait monter dans mon bureau, nous avons vérifié son identité, ses empreintes. Il paraissait très fatigué. Cela rendait le dialogue avec lui difficile. Mais il savait où il était, et ce qu’il faisait. J’ai eu le sentiment que nous étions une étape dans son parcours. Il m’a dit qu’il connaissait Monaco. Nous lui avons offert une pomme, un sandwich, une bouteille d’eau. » Quand on lui demande ce qu’il retient de cette affaire et de l’homme, Christophe Haget n’hésite pas longtemps : « Décevant. Décevant car il l’était dans son attitude lors de sa reddition. Il y a une distorsion extraordinaire entre le coup réalisé, qui aurait pu être le casse du siècle, et son comportement. J’avoue que je ne comprends toujours pas pourquoi il s’est rendu à Monaco. »
Le tournage devait se poursuivre deux jours encore en principauté. La date de sortie de 11.6 n’est pas encore annoncée.
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