Les Grands Chais Monégasques, une tradition qui perdure depuis 1943 à Monaco

Fondés en Principauté au début du XXe siècle, les Grands Chais Monégasques ont su allier modernité et tradition pour conserver leur statut de référence dans le domaine du vin et des alcools rares.

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Yannis Dakik Publié le 21/08/2023 à 05:01, mis à jour le 21/08/2023 à 11:16
Cachée dans la discrète rue Baron de Sainte-Suzanne, la cave abrite des alcools rares et anciens. à droite, les anciens foudres ont été conservés puis mises en hauteur.

Il suffit de pousser les magnifiques portes en bois des Grands Chais Monégasques pour être transporté un siècle en arrière. Parmi les 3.000 références que compte l’enseigne, ornée d’étagères en bois au ton mielleux grâce à la lumière tamisée.

Des étagères remplies par des bouteilles toutes aussi prestigieuses les unes que les autres. Sans oublier les caves réfrigérées, elles aussi tapissées d’une architecture et de pierres d’époque.

Du vin importé d’Italie et d’Espagne

Bienvenue dans l’une des plus vieilles caves à vin de la Principauté. Fondés au début du XXe siècle, les Grands Chais Monégasques ont pour seul "concurrent" les caves de l’Hôtel de Paris.

"C’est Monsieur Ginocchio qui a créé un commerce de vin dans les années 1900, retrace Stéphane Ballester, directeur des Grands Chais Monégasques depuis une vingtaine d’années. Il a remporté la médaille d’or de l’Exposition universelle en 1909 à Paris."

Dylan Meiffret.

Quelques dizaines d’années plus tard, en 1943, la négoce de vin s’est transformée en société anonyme. "Petit à petit, le commerce s’est agrandi. Nous sommes devenus Les Grands Chais Monégasques."

Traitant avec une clientèle essentiellement de la Principauté mais s’étirant de Nice à Menton, "Au départ, nous étions plutôt des grossistes avec comme principaux clients des professionnels", poursuit l’ancien comptable reconverti depuis une trentaine d’années aux Grands Chais.

L’enseigne importait du vin d’Espagne et d’Italie avant d’être mis en bouteille sur place. "Ensuite on contactait les restaurants pour leur vendre du vin. On a arrêté parce que ce n’est plus possible de mettre en bouteille."

Puis, la modernisation est passée par là. "Dans les années 1990, tout cela s’est amélioré. On travaille désormais avec beaucoup de domaines privés, en France et dans le monde. On distribue leurs vins."

Il n’est d’ailleurs pas rare que l’enseigne monégasque se rende directement dans les domaines ou inversement. "On déguste et on retient ce qui nous plaît."

Des professionnels aux particuliers

Changement de cap autour de 2014. Dû à une baisse de la restauration et de plus en plus de difficultés à traiter avec le milieu professionnel. 

"Jusqu’aux années 2010, nous étions principalement un entrepôt. Puis, on a voulu travailler avec les particuliers, le privé, le yachting. Il a fallu qu’on se modernise et qu’on rende le lieu plus accueillant. Des travaux d’aménagement ont été réalisés pour essayer de fidéliser une clientèle." 

Terminées les écuries aux étages inférieurs, les livraisons à dos de cheval et d’ânes et les bouteilles consignées (aux alentours des années 1920).

Les grandes surfaces et l’arrivée des ventes en ligne ont poussé Les Grands Chais à se réinventer. "Vendre des petits vins, ce n’est plus rentable pour nous. On s’est spécialisés dans le haut de gamme."

 Désormais, la cave propose des services de livraison, notamment directement sur les bateaux. "On est authentiques, on est passionnés mais on se modernise parce qu’il faut vivre avec son temps. On essaie tout de même de garder la noblesse du vin."

 Si l’enseigne propose des produits haut de gamme, la clientèle est composée de Monégasques, d’étrangers, d’habitués, mais pas seulement. "On a des connaisseurs. De plus en plus jeunes. Mais aussi des personnes qui veulent découvrir et qui se laissent conseiller." Les prix, eux, démarrent à 20 euros.

Autre signe de sa modernisation, la cave propose désormais des dégustations privatives dans la salle des chais, le mercredi soir, à raison d’une fois par mois.

"On fait venir un domaine ou une maison de whisky ou de cognac. On limite le nombre de places à 35 personnes parce qu’on a rencontré un grand succès." Après une pause forcée liée à la crise sanitaire, le rendez-vous devrait reprendre prochainement.

Des bouteilles d’exception

En spécialistes, les Grands Chais Monégasques possèdent quelques bouteilles qui feraient saliver n’importe quel amateur de vin. Et notamment celles du domaine de la Romanée-Conti.

"C’est un domaine tout petit d’un hectare et demi et nous avons la chance d’être un locataire du domaine, se réjouit Stéphane Ballester. Ce sont des bouteilles qui s’arrachent. Nous en avons une de collection de 1935 et une de 1875 qui ne se vendent pas, elles n’ont pas de valeur. C’est comme une œuvre d’art."

Et les autres alcools ne sont pas en reste. "On a une très belle collection de rhums et de whiskies. Il se dit qu’on a une des plus belles collections de rhums de la Côte d’Azur." La plus chère de la collection? 50.000 euros!

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