L'Ukraine dit avoir contré l'attaque de drones "la plus importante" sur Kiev

Les autorités militaires ont affirmé avoir détruit 52 des 54 drones explosifs envoyés par Moscou sur le territoire ukrainien dont une quarantaine au-dessus de la capitale, visée pour la quatorzième fois en un mois, une série inédite.

La Russie a de son côté estimé que les Occidentaux "jouaient avec le feu" après le récent accord donné par les Etats-Unis à de futures livraisons d'avions de combat F-16 à l'Ukraine.

L'intensité des bruits sourds dans la nuit a marqué les habitants de Kiev.

"Les gens sont sous le choc. Les dégâts sont importants, les vitres sont brisées, le toit est abîmé", déplore auprès de l'AFP Serguiï Movtchane, 50 ans, qui vit dans le quartier de Petcherskiï, où les débris d'un drone mis hors combat par la défense antiaérienne ont endommagé son immeuble, sans néanmoins faire de victimes.

"Il s'agit de l'attaque de drones la plus importante contre la capitale depuis le début de l'invasion" russe, a dénoncé l'administration militaire régionale, précisant que celle-ci "s'est déroulée en plusieurs vagues" et que "l'alerte aérienne a duré plus de cinq heures !".

"Plus de 40 drones russes ont été détruits par la défense antiaérienne" au-dessus de Kiev, a-t-elle assuré.

Une efficacité saluée par Volodymyr Zelensky : "Chaque fois que vous abattez des drones et des missiles ennemis, des vies sont sauvées. (...) Vous êtes nos héros", a dit le président ukrainien sur Telegram à l'adresse des militaires de la défense antiaérienne.

"Inébranlable"

"Kiev, une ville de gens libres et courageux, est devenue un symbole de l'esprit inébranlable de l'Ukraine et des ambitions impériales ratées du Kremlin", a de son côté loué le ministre de la Défense, Oleksiï Reznikov.

Mykhaïlo Podoliak, un conseiller à la présidence ukrainienne, a quant à lui pointé du doigt la responsabilité de l'Iran, où les drones Shahed utilisés par Moscou sont fabriqués.

"L'Iran d'aujourd'hui est un régime terroriste qui constitue une menace pour l'Europe et le Moyen-Orient", a-t-il lâché sur Twitter, promettant des sanctions en représailles.

Les autorités ont recensé dimanche deux morts et trois blessés dans cette nouvelle attaque "massive" sur la capitale, pour reprendre le qualificatif employé par son maire Vitali Klitschko.

Les Russes veulent "nous intimider", a de son côté réagi Serguiï Movtchane. "Mais je pense que c'est l'agonie de leur régime".

C'est la quatorzième attaque russe de drones sur Kiev depuis début mai selon les autorités et elle est d'une ampleur jamais vue ces derniers mois.

Au total, en Ukraine, "un nombre record de drones explosifs lancés ont été enregistrés : 54 !", a souligné l'armée de l'air ukrainienne, se félicitant d'en avoir "détruit 52".

Selon elle, la Russie visait notamment "des installations militaires et des infrastructures essentielles dans les régions du centre du pays, en particulier dans la région de Kiev".

Guerre de drones

La guerre de drones continue ainsi de faire rage entre l'Ukraine et la Russie, l'usage de ces petits engins pilotés à distance en zone de conflit ayant augmenté de façon exponentielle sur le front ukrainien.

Le territoire russe a ainsi lui aussi été la cible ces dernières semaines d'une série d'attaques de ce genre en plus de sabotages, à l'heure même où Kiev dit finaliser ses préparatifs en vue d'un assaut destiné à reconquérir toutes les zones occupées.

L'attaque la plus spectaculaire en Russie remonte au 3 mai dernier en plein coeur de Moscou lorsque deux drones ont été abattus au-dessus du Kremlin, la résidence officielle et le lieu occasionnel de travail du président Vladimir Poutine.

Outre cet incident, ce sont généralement les régions limitrophes de l'Ukraine qui sont visées, là même où l'armée russe approvisionne en partie ses unités en amont du sol ukrainien.

Si la Russie accuse inlassablement Kiev - et ses soutiens occidentaux - d'être derrière ces attaques, l'Ukraine nie de manière générale toute implication.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a par ailleurs dénoncé dimanche "l'escalade inacceptable" que représente à ses yeux le récent acquiescement occidental à la fourniture à l'avenir de F-16 aux Ukrainiens.

"C'est jouer avec le feu. Cela ne fait aucun doute", a-t-il déclaré dans un entretien avec la télévision d'Etat russe dont un extrait a été diffusé sur les réseaux sociaux du journaliste l'ayant interrogé.