On a interviewé DJ Snake juste avant son show géant devant 20.000 personnes à Cannes
DJ Snake était la plus grosse tête d'affiche de l'édition 2023 des Plages électroniques. Samedi soir, le Parisien a été fidèle à son rang. En backstage, juste avant de s'emparer de ses platines, il a accordé une interview à Nice-Matin. Sur le fil.
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Jimmy BoursicotPublié le 06/08/2023 à 12:25, mis à jour le 06/08/2023 à 13:27
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DJ Snake sur la scène des Plages électroniques, samedi 5 août à Cannes.Photo Sébastien Botella
Cela aura été comme un jeu de piste, pendant des semaines. D'abord, des demandes d'entretien par les voies officielles. Un vague espoir de décrocher la timbale, parmi les nombreuses sollicitations adressées au DJ français. Un peu comme jeter une bouteille à la mer.
Mais, même quand on est une immense star internationale, qu'on a collaboré avec Lady Gaga, les Black Eyed Peas, J Balvin, Major Lazer et bien d'autres, on peut baisser (un peu) la garde.
William Grigahcine, alias DJ Snake, est un grand fan du Paris Saint-Germain. Comme notre collègue Mathieu Faure, qui tweete plus vite que son nombre au sujet du club de la capitale.
Par le biais de cette passion commune, une petite porte s'était entrouverte. Des numéros de managers avaient été transmis. Puis plus rien jusqu'au jour J. Le Serpent allait-il nous poser un lapin. Probable.
Sur le buzzer
A vrai dire, on aurait compris qu'en pleine tournée, l'homme aux 37 milliards (!) d'écoutes sur les plateformes de streaming, invité à mixer lors du dernier SuperBowl, zappe la case "interview avec la presse locale".
Mais DJ Snake est un homme de parole. Samedi soir, aux alentours de 22 heures, Charlotte Matarasso, l'énergique attachée de presse des Plages électro, finissait par nous donner le "go", après une ultime négociation.
Branle-bas de combat, accrochage de badges "super VIP" pour être certains de ne pas se faire recaler si près du but. Et direction l'arrière de l'immense scène cannoise, où une bonne partie des 20.000 festivaliers du soir patientaient en se lançant dans un karaoké géant.
L'heure tournait, le début du show approchait dangereusement. Le DJ finissait par arriver, escorté par une armée de vigiles. En backstage, un groupe de fidèles avait pris place, avec le DJ Cut Killer et l'humoriste Malik Bentalha (autre amoureux de Mbappé, Neymar et leur clique). On apercevait aussi les animateurs Alessandra Sublet et Jarry, venus faire un selfie avec Snake.
Dans cette ambiance un peu folle, debout, dans un vacarme d'enfer, on passait à l'interview et à la très brève séance photo. Le tout en sept minutes chrono. Fast life...
C'est ta troisième venue aux Plages électro, après 2016 et 2019. Par le passé, tu as aussi souvent joué dans des clubs locaux. Tu as un lien particulier avec Cannes?
Bien sûr, c'est une ville que j'aime beaucoup. Donc c'est toujours un plaisir de venir. Et le fait que le festival se fasse sur la Croisette, au bord de l'eau, c'est assez magique. Évidemment, je me rappelle de l'époque où je mixais ici en clubs. C'est une partie de l'histoire. On enchaîne, on continue, on évolue...
Tu parles souvent de la nécessité de ne pas perdre le lien avec la vie "normale". Est-ce qu'il y a une recette quand on mène une existence comme la tienne?
On essaie de ne pas trop se concentrer sur tout ça... Parce que sinon, ça fait tourner la tête. Mais on essaie de garder la même énergie et le même amour pour ce qu'on fait. Et surtout de partager tout ça. Sauf qu'aujourd'hui, je partage ça avec des milliards de personnes. Cet impact différent, je le kiffe.
Tu dis avoir des centaines de morceaux en stock. Comment t'y prends-tu pour y voir clair dans tout ça, en imaginant la suite?
En fait, le plus dur, c'est de s'enfermer et d'essayer de créer la prochaine vague, sans se faire influencer par ce qu'il se passe autour. Quand tu sais que tu vas sortir quelque chose plus tard, tu n'as pas envie d'avoir un son qui ressemble à celui de quelqu'un d'autre. Donc il faut faire attention à ne pas trop s'éparpiller et prendre son temps.
Pour ne pas se laisser influencer, il faut couper les plateformes et la radio?
Il faut trouver le juste milieu entre écouter ce qu'il se passe et ne pas trop se laisser influencer. Pour mes morceaux, je prends du recul, je laisse refroidir. Et parfois, ça me permet de faire des trucs "hors sol", comme Disco Maghreb ou Taki Taki. Ce sont des Ovnis qui viennent de temps en temps. En tant qu'artiste, on espère que ce genre d'accidents arrive plus souvent. C'est quelque chose qu'on ne peut pas contrôler. On est un peu comme des chercheurs d'or. Parfois, ça sonne et c'est gros...
Tu sembles assez réservé dans la vie. Comment bascules-tu dans un autre état d'esprit pour le live?
En fait, c'est un mode que tu actives quand tu montes sur scène. Et dès les premières minutes, tu vas savoir si ça va être un bon concert ou pas, selon les premières réactions. L'énergie que tu reçois crée de l'adrénaline, et ça t'envoie tout en haut.
Non, le plus dur, c'est cette redescente. Quand tu viens de mixer, parfois devant 50.000 ou 100.000 personnes et que tu rentres dans ta chambre, tout seul, dans le silence, c'est dur à gérer.
Quand on t'avait interrogé sur le suicide du Suédois Avicii, tu avais dit être étonné de ne pas voir plus d'artistes craquer à leur tour...
Oui, parce que c'est un grand huit émotionnel, presque personne n'est capable d'encaisser cette dose d'amour et de haine en même temps. Aujourd'hui, tu es à la mode. Mais dans deux ans, ça peut être fini, ça peut basculer très vite.
Tu as déjà eu envie de dire stop?
Oui, à cause de la pression, des enjeux, des deadlines. On est des humains, on a des hauts et des bas.
Est-ce qu'on peut quand même se dire qu'un troisième album arrivera bientôt?
Pour être honnête, quand je suis en tournée, je suis en pause de côté-là. J'essaie de prendre du recul sur toutes les chansons que j'ai faites pour le moment. En septembre, je vais me poser et tout réécouter, pour savoir ce qui est solide ou pas.
Il va falloir éviter de trop s'attarder sur les déboires du PSG pour se concentrer?
Le PSG, c'est comme le mariage : pour le meilleur et pour le pire!
Cut Killer : "Il a une ligne de conduite extraordinaire"
DJ Snake l'a déjà expliqué à plusieurs reprises. C'est en tombant sur la scène culte de La Haine dans laquelle Cut Killer mixait en haut d'un appartement de cité qu'il a eu envie de s'y mettre aussi.
Des années plus tard, les deux hommes sont devenus amis. Et samedi soir, Cut Killer était derrière la scène pour partager ce beau moment avec lui.
"J'étais déjà là la première fois qu'il a joué à Las Vegas et à Chicago, entre autres. William, il a une ligne de conduite extraordinaire. Il ne lâche rien. Plus de dix ans après ses premiers succès, le mec est toujours constant. Nous aussi, quand on était jeunes, on ne se posait pas de questions et on avançait tout droit. Je suis très fier de ce mec, c'est un petit qu'on a vu grandir et aujourd'hui, il est très haut", nous certifie le légendaire DJ hip-hop.
Quand on lui rappelle que c'est lui qui lui a transmis la flamme, Cut Killer modère presque, humblement.
"Chacun passe à son tour, c'est ça qui est beau. Moi et d'autres, on a voulu commencer la musique en découvrant des DJs comme Dee Nasty ou Cash Money. Et Snake, il a sûrement déjà donné envie à beaucoup de jeunes de s'y mettre."
DJ Snake avec Cut Killer.Photo Sébastien Botella.
Malik Bentalha : "Pourquoi pas un Stade de France?"
Également présent en coulisse, l'humoriste Malik Bentalha ne tarit pas d'éloges sur son grand ami.
"Au-delà de l'artiste, c'est un mec super et je lui souhaite encore de grandes choses. On aimerait bien le voir au Stade de France, pourquoi pas?"
On lui demande s'il sert parfois de "premier auditeur" pour les compositions estampillées Snake...
"Ça m'arrive, mais il n'a pas besoin de moi. Il a sa vision, c'est ce qui l'a amené jusqu'ici. Il est sûr de là où il veut aller et c'est une force. C'est ce qui m'inspire chez lui. Même si parfois, il devrait kiffer un peu plus. Mais là, il est déjà sur l'étape d'après."
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