MC Solaar, icône de la musique et du rap en France, à Monaco ce vendredi

Le rappeur poète, qui vient de ressortir ses trois premiers albums, en présente des morceaux choisis ce vendredi sur la scène du Grimaldi forum accompagné d’un big band jazz et de choristes. Inattendu.

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Aurore Harrouis aharrouis@nicematin.fr Publié le 23/06/2022 à 11:00, mis à jour le 23/06/2022 à 14:02
(Photo Alexandre Isard)

Un silence. On s’inquiète. Aurait-on perdu la liaison établie à 3.200km à vol d’oiseau de nous? Non, MC Solaar est toujours au bout du fil. À New York, où il vient de donner un concert à Central Park, "au milieu d’écureuils, de nombreux Français et quelques Américains", pour célébrer les 40 ans de la fête de la musique.

Lorsqu’il répond à nos questions, ce mercredi soir, Claude M’Barali, de son vrai nom, marque toujours un temps d’arrêt. L’artiste et poète français, né en 1969 à Dakar de parents tchadiens et devenu en trente ans une icône de la musique et du rap en France, réfléchit. Cherche le moyen le plus simple d’exprimer sa pensée. Ne pas dire de conneries.

Trois albums réédités trente ans après

Il cite, débusque la référence exacte dans sa dense culture générale. Juste. Comme dans ses textes. Le rappeur désormais quinquagénaire s’excuse: "c’est le matin, je débite beaucoup". Parle plus aisément des autres – "ah! l’énergie folle" des Niçois Hyphen Hyphen avec qui il partageait l’affiche new-yorkaise la veille... – que de lui.

À partir de la récente réédition de ses trois premiers albums Qui sème le vent récolte le tempo (1991), Prose combat (1994) et Paradisiaque (1997) – qui avaient été bloqués pendant trente ans suite à un problème juridique avec son ancienne maison de disques – et le nombre incroyable de morceaux mythiques qu’ils contiennent, MC Solaar a imaginé, avec le directeur musical Issam Krimi, de beaux arrangements pour cordes, cuivres, chœurs à destination de la scène. À découvrir ce vendredi, au Grimaldi Forum de Monaco.

"Tout est né de ma rencontre avec Issam Krimi qui organise le Hip-hop symphonique, une série de concerts par des orchestres sur des chansons de rap… Il avait envie de quelque chose avec un big band autour de mes morceaux. Il a trouvé la formation d’une trentaine de musiciens, écrit pour chacun des instruments." Là où le sampler faisait le boulot dans les années quatre-vingt-dix, les apports jazz-funk sont directs sur scène. "Le son est authentique comme les gens l’ont mixé à l’époque. L’aspect big band apporte des références supplémentaires, de la modernité également. On a nos cuivres majestueux et puissants, la section cordes qui apporte de la poésie. Et les quatre choristes qui interviennent, rappent par moments, dialoguent, c’est de la vraie chorégie."

Solaar chœur, plutôt que Solaar pleure. Il s’arrête. Pense. S’enthousiasme. "Il y a même une flûte! Oh la la la la! On avait samplé cet instrument et là le mec est avec sa flûte et joue aussi bien que l’original! C’est un peu comme un conte de fées où les rêves se font réels!", raconte, émerveillé, Claude MC.

Rien d’Obsolète

Il a fallu fouiller dans le répertoire garni des chansons. Sélectionner pour la scène, afin d’écrire une histoire, comme un spectacle. Et si Les temps changent, rien n’était Obsolète dans la production du rappeur lettré aux jeux de mots soignés. "Seul, j’aurais tout choisi! Quand j’ai réécouté ces morceaux, je les ai tous aimés... Sûrement par nostalgie. Je trouvais que les paroles restaient pertinentes et avaient un écho avec nos vies d’aujourd’hui, avec les thèmes dont on parle, les inégalités, l’écologie." Issam Krimi s’est chargé d’élaguer. "a commence avec Qui sème le vent récolte le tempo, La fin justifie les moyens, puis il a enchaîné des choses sur le constat du monde comme La Concubine de l’hémoglobine. On redescend dans le positif, finalement. Les jeunes qui m’ont connu en Géopoétique découvrent d’autres chansons."

Assurément. Les rééditions de ses trois premiers albums sont un succès, trente ans après. "Je pensais qu’on était une niche à avoir connu 91, 94, 97... Que ceux qui avaient cassé leurs CD seraient heureux qu’ils ressortent! Mais maintenant que ces titres sont sur les plateformes, ils existent pour l’éternité."

La clé d’une telle intemporalité? "J’écrivais à la française: thèse, antithèse, synthèse, paradoxe mais en apportant un peu de surréalisme, de couleurs. C’est un grand mot, mais c’était un peu littéraire pour du rap. Je suis un enfant de l’éducation nationale. Ce que j’ai appris, je l’ai mis dans le rap."

Des sons pour les pieds

Il y a encore une certaine mesure qui caractérise les textes de Claude. "J’étais jeune quand j’ai commencé. Je posais des questions, je relativisais, je racontais des histoires, je poussais à la réflexion. Chacun faisait ensuite son analyse... Autant dans Victime de la mode, que dans Caroline, il n’y avait pas d’attaque. Il ne faut pas oublier aussi que les sons étaient groovy, c’était de la musique pour les pieds. Même si je parlais des sujets graves, il y avait quand même un aspect dansant, positif"

Une tonalité que l’on devrait retrouver dans de prochaines productions. MC Solaar planche sur un "album post Covid, qui ne parlera pas de Covid car je n’aime pas trop l’actualité... Même s’il comprendra peut-être une référence quand mon stylo y arrivera."

Alors, Hasta la vista!

 

MC Solaar en concert avec le New Big Band Project. Vendredi 24 juin, à 20h30. À la Salle des Princes du Grimaldi forum. Monaco. Tarifs: 49-79 euros. Rens. grimaldiforum.com

Un trio avec Bigflo & Oli

En charge du refrain de nouvel extrait de l’album de Bigflo & Oli qui sort aussi ce vendredi, MC Solaar revient sur sa participation. Dans ce titre, ils se confient librement – et non sans ironie – sur les envers de la célébrité. admet Claude.

“Rhôooooooooo!”

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