Ils s'apprêtent à prendre la route. La tournée de Sinémilia a amené le groupe au Touquet. Et ils vont devoir traverser la France. Le groupe joue à Monaco, demain, pour la Fête de la Musique.
« Pas l'endroit le plus évident » pour la formation, dit Mike, l'un des chanteurs. Peu importe. Demain soir est « une date comme une autre » ; il ne voit « pas de raison de changer » quelque chose.
La formule sonne comme une devise. Et cette volonté de ne toucher à rien explique peut-être la longévité du groupe. Sinsémilia tourne de scène en scène depuis vingt-cinq ans. D'ailleurs, tout a démarré un soir de Fête de la musique, à Grenoble.
Alors, forcément, la date de demain sera aussi un anniversaire. En attendant, Mike revient sur un quart de siècle de musique, et la philosophie qui a accompagné Sinsémilia, toutes ces années.
Vous jouez à Monaco demain soir, pour la Fête de la Musique. Pas forcément l’endroit où on vous attendait le plus…
C’est la deuxième fois qu’on joue à Monaco. Et oui, ce n’est pas l’endroit le plus évident. Mais on a une politique, chez Sinsé. On joue partout où on nous le propose. A partir du moment où on nous propose Monaco, même si c’est un peu la rencontre de deux mondes, pourquoi pas. On vient. Il n’y a pas de raison de changer. On est fidèles à nous-mêmes, surtout que le public vient de partout. C’est une date comme une autre.
Cela veut dire qu’il y a un public pour le reggae partout ?
Clairement oui. Quand on joue dans des villages, ce qu’on adore, c’est qu’on rencontre un public qui vient par curiosité. C’est agréable, de faire découvrir à ces gens quelque chose qu’ils ne seraient pas forcément allés voir en concert.
Concert gratuit ou pas, lieu… avant le concert, vous ne prévoyez pas d’adaptation particulière…
Pas particulièrement. Le défi, c’est de plaire avec ce qu’on est. Pas de se changer pour plaire.
Vingt-cinq ans que vous tournez. En un quart de siècle, vous avez constaté des évolutions autour de vous ?
En France, il y a toujours un public important pour le reggae. Mais le reggae est toujours aussi peu médiatisé…Il y a toujours autant de gens qui en écoutent, même si on en parle ni à la télévision ni à la radio.
Personne n’en parle, tout le monde en écoute. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
On a jamais compris pourquoi les médias en parlaient aussi peu. Alors que parmi les groupes qui attirent le plus de monde, il y a énormément de groupes de reggae. Peut-être qu’il y a une image de fumeur de joints qui n’ont rien à dire…Les groupes de reggae sont très loin de ça.
D’ailleurs, vous illustrez bien cette dualité. Votre chanson « Tout le bonheur du monde » a été très médiatisée…
C’est notre chanson la moins reggae. Elle est plus proche de la chanson française que du reggae. Comme par hasard…
Pour un groupe, avoir un titre phare comme celui-là, c’est compliqué ?
Oui et non. On est contents parce qu’on ne voit pas nos têtes dans le clip, donc on peut continuer à se promener dans les rues. Le seul truc un peu compliqué, c’est que les gens pensent qu’une fois qu’on est médiatisés, on ne va plus être les mêmes. Alors qu’on a continué à faire ce qu’on a toujours fait. On monte dans le bus, on fait des concerts. Ce n’est pas compliqué, mais le regard de certains change.
Le public, justement. S’est-il renouvelé, ou a-t-il vieilli en même temps que vous ?
Quand on a commencé, le public était un peu plus jeune que nous. Certains ont vieilli et sont encore là. Des jeunes les ont rejoints. Aujourd’hui, on a trois générations devant nous. Ce qui est assez agréable…
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