Guéri de la Covid-19 et laissant les accusations de harcèlement derrière lui, Placido Domingo chantera à Monaco ce samedi

Le grand ténor chantait pour la première fois à l’Opéra de Monaco il y a quarante ans. Il sera sur la scène de la Salle Garnier, ce samedi, au cœur d’une tournée européenne triomphale et polémique.

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André Peyregne Publié le 02/12/2020 à 21:03, mis à jour le 02/12/2020 à 20:03
Placido Domingo ici dans les jardins de l'Opéra de Monte-Carlo en 2016. Photo archives Monaco-Matin

Quelques jours avant d’ouvrir, la semaine prochaine, la saison de la Scala de Milan, et au milieu d’une triomphale tournée européenne qui passe entre autres par l’opéra de Vienne et le Festival Donizetti de Bergame, le quasi légendaire ténor Placido Domingo passera ce week-end par Monaco. Il fera plus que passer.

Il interprétera le rôle du vieux Foscari dans l’opéra de Verdi I due Foscari donné au Grimaldi Forum en version de concert – c’est-à-dire sans décors ni costume ni mise en scène: la musique seule, comme au concert.

N’est-il pas vertigineux de penser que l’artiste qu’on entendra samedi éblouissait déjà, il y a un demi-siècle, les publics du monde?

Cette longévité est rarissime dans l’histoire de l’art lyrique. Il y a quarante ans, il chantait pour la première fois à Monaco: c’était dans Otello aux côtés de Marina Chiara sous la direction de Lawrence Foster.

Quatre mille représentations

Depuis, il a incarné plus de cent cinquante rôles, totalisé quatre mille représentations, réalisé plus de cent enregistrements – pour lesquels douze Grammy Awards lui ont été décernés aux États-Unis.

Il a joué dans cette historique Tosca, vue par un milliard de téléspectateurs, qui fut réalisée à Rome, sur les lieux mêmes où se déroule l’histoire de l’opéra.

Il a fait partie pendant dix ans de la fameuse tournée des "Trois ténors" aux côtés de Luciano Pavarotti et José Carreras. Samedi, à Monaco, il aura à ses côtés le ténor Francesco Meli, qu’on a applaudi au Metropolitan Opera, au festival de Salzburg ou à l’Opéra de Vienne, et la soprano Anna Pirozzi, elle aussi applaudie à Salzburg et aux Arènes de Vérone, qui a chanté les "Deux Foscari" à la Scala de Milan.

Bouleversant personnage L’histoire des "Due Foscari" est celle du fils d’un doge de Venise condamné à tort à l’exil, dont le père, garant de la justice, doit signer la condamnation.

Placido Domingo incarnera le personnage du doge aux cheveux blancs. Il chantera dans la tessiture de baryton – car sa voix, avec l’âge, a pris du grave. On l’entendra dans l’air "Saro Doge nel volto / e padre in cor" ("Je serai doge en apparence/ et père dans mon cœur").

Bouleversant personnage qui aurait seul le pouvoir de sauver son fils, condamné pour un crime dont on apprendra qu’il est innocent, mais qui refuse d’aller contre les juges qui le contraignent à signer sa condamnation avant qu’il ne meure lui-même!

Une histoire à méditer sur les erreurs judiciaires et sur les emballements populaires qui, même sans faits avérés, peuvent briser l’honneur et la vie des hommes…

Guéri de la Covid, Placido Domingo nie de nouveau tout harcèlement

"Je n’ai jamais abusé de personne": mis en cause en 2019 aux États-Unis pour harcèlement sexuel, contaminé à la Covid-19 mais rétabli, le célébrissime chanteur d’opéra espagnol Placido Domingo a "retrouvé sa voix", tant pour démentir de nouveau ses accusatrices que pour reprendre ses récitals.

"J’ai changé. Je n’ai plus peur. Quand j’ai appris que j’avais le Covid, je me suis promis que si je m’en sortais vivant, je me battrais pour laver mon nom. Je n’ai jamais abusé de personne, je le répéterai tant que je vivrai", a affirmé la superstar dans une interview exclusive publiée jeudi 6 août par le quotidien italien La Repubblica.

Placido Domingo, 79 ans, avait annoncé en mars depuis son refuge d’Acapulco (Mexique) avoir été testé positif au coronavirus, puis avait été hospitalisé. "Retrouver ma voix a été un miracle (...). Il y a deux ou trois mois, je n’étais pas sûr de pouvoir à nouveau chanter", explique-t-il. "La seule chose qui m’inquiète maintenant est de quitter mon refuge à Acapulco, d’où je n’ai pas bougé depuis des mois", raconte le chanteur, qui estime qu’"il est maintenant temps de revenir à la normale (...). Et comme vous le savez, c’est encore plus difficile pour moi en raison des accusations contre moi".

Ces accusations "ont déstabilisé ma famille et moi-même" et "m’ont fait plus de mal que le virus. Il ne me reste plus qu’à prendre note du fait que, pour l’instant, je ne pourrai pas chanter dans certaines parties du monde, comme les États-Unis et l’Espagne, mon pays. Et certainement pas à cause d’un choix fait par le public, qui m’envoie constamment des messages de solidarité (...). Mais que faire ? C’est la vie !".

Placido Domingo a été accusé courant 2019 dans la presse américaine d’avoir harcelé sexuellement une vingtaine de femmes aux États-Unis.

Ce qui l’a contraint à abandonner son poste de directeur de l’Opéra de Los Angeles et à annuler toutes ses représentations outre-Atlantique, mettant fin de facto à sa carrière en Amérique du Nord.

Rattrapé par le mouvement #MeToo, il avait d’abord rejeté ces accusations, puis "demandé pardon" pour les "souffrances causées", avant finalement de revenir sur ses excuses.

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